Environnement Lançonnais

Notre ennemi numéro 1, ce sont les pesticides

vendredi 9 décembre 2011 par Alain KALT (retranscription)

Le 08 décembre 2011 par Stéphanie Senet

Les eaux du Rhône et de la Méditerranée comptent 6 pesticides interdits Alain Guillemaud

Pour la première fois, l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse publie un rapport sur la qualité des eaux régionales. Avec 51% des cours d’eau en bon état écologique, le bilan est légèrement au-dessus de la moyenne française (45%). Mais les concentrations élevées de pesticides et la présence de digues et de barrages s’avèrent problématiques, comme l’explique Martin Guespereau, directeur général de l’Agence.

Qu’est-ce qui a motivé la publication de ce premier rapport ?

Nous disposons de données de plus en plus précises. Si nous surveillons la qualité des eaux des bassins Rhône, Méditerranée et Corse depuis 40 ans, la base d’informations a triplé au cours des 5 dernières années. C’est pourquoi nous avons décidé de sortir ce rapport, qui se base sur 3 millions d’analyses effectuées au sein de 1.500 sites de surveillance, les « stations » comme on les appelle dans notre jargon, que nous avons cumulées avec des données de l’Onema (1) et de l’Ifremer (2).

Quels principaux enseignements en tirez-vous ?

La principale conclusion, c’est que 51% de nos cours d’eau sont en bon état écologique. C’est effectivement mieux que la moyenne française, qui s’élève à 45%, mais c’est encore en dessous de l’objectif du Grenelle de l’environnement, qui vise d’atteindre 66% en 2015.

Et pour les 49% restants ?

Nous avons deux préoccupations principales. Notre ennemi numéro 1, ce sont les pesticides, et en particulier le glyphosate, la substance active du Round up, que l’on trouve aussi sous la forme de l’Ampa, son produit de dégradation. On le retrouve quasiment partout, et précisément dans trois quarts des cours d’eau. Ce n’est pas un hasard puisque c’est le premier pesticide vendu en France avec 4.000 tonnes en 2010. Ses concentrations sont inquiétantes : c’est 300 fois plus que la norme Eau potable et 50 fois moins que l’apparition des premiers effets sur la santé. On en trouve encore plus dans la Saône que dans le Rhône. Plus surprenant encore, nous avons découvert dans ces pesticides 6 substances interdites d’utilisation, comme l’atrazine, dont l’usage est prohibé depuis 2003. On a également trouvé du métolachlore, de la simazine, de la terbuthylazine, de l’oxadixyl et du durion.

Concernant les nitrates, les taux ont tendance à augmenter depuis ces 20 dernières années, à cause de l’utilisation croissante d’engrais azotés dans l’agriculture. Notons que nous ne connaissons pas, en Méditerranée, le phénomène d’algues vertes, parce que la mer est naturellement plus pauvre en nutriments que l’océan Atlantique.

Pour clore le tableau, les eaux, en particulier celles du Doubs, ont également montré qu’elles étaient contaminées par des hydrocarbures aromatiques polycycliques, dont l’origine est la combustion de matières fossiles pour l’énergie, le chauffage ou le transport. Le benzopyrène, un cancérogène avéré, se retrouve dans 40% des échantillons d’eau et dans 80% des prélèvements de sédiments.

Les concentrations en PCB sont-elles aussi élevées ?

En moyenne, les niveaux ne sont pas très élevés, mais nous avons deux points noirs, correspondant à l’ancienne usine de transformateurs d’Aix-les-Bains et à l’installation de Tredi, proche de Lyon, qui traite des déchets dangereux.

Quelle est votre deuxième préoccupation ?

Outre les pesticides, on a relevé que deux tiers des cours d’eau en mauvais état avaient subi des modifications artificielles. A cause de digues trop étroites, de seuils et de barrages, la circulation des poissons, de la microflore et de la microfaune, se trouve bloquée. Et quand la biodiversité n’est plus aussi riche, la rivière n’a plus autant de moyens de se défendre.

Pour conclure, avez-vous noté quelques progrès ?

Dans les grandes zones urbaines, la lutte contre les pollutions organiques, dues aux phosphates, est en passe d’être gagnée. En 20 ans, les concentrations en ammonium ont été divisées par 10 dans les cours d’eau, grâce aux nouvelles stations d’épuration qui ont équipé les grandes villes. Il faut toutefois encore agir sur le reste du territoire. Mais ce n’est plus notre problème n°1. Nous allons nous concentrer sur les pesticides et en particulier sur les captages d’eau et les zones de recharge. Cependant, la dépollution a un coût, que le CGDD (3) a récemment évalué à 300 millions d’euros pour les pesticides contenus dans les cours d’eau français (4).

Pour lire le rapport de l’Agence de l’eau Rhône-Méditerranée et Corse : http://www.eaurmc.fr/actualites-de-...

(1) Office national de l’eau et des milieux aquatiques

(2) Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer

(3) Commissariat général au développement durable

(4) http://www.journaldelenvironnement....

Voir en ligne : Source de l’article...

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