Environnement Lançonnais

COP 21, demandez le programme

jeudi 3 décembre 2015 par Alain KALT (retranscription)

Le 30 novembre 2015 par Valéry Laramée de Tannenberg

Une conférence des parties (COP) à la convention de l’ONU sur le changement climatique n’est pas seulement un sommet diplomatique.

Visite guidée de la COP 21.

Un sommet climatique de l’ONU, c’est un peu comme le Festival d’Avignon. Il y a le on et le off. Dans le premier chapitre, on compte, bien sûr les négociations. Qui, elles aussi, sont bicéphales. On négocie partout, tout le temps. Visiblement, dans les sessions pleinières, avec compte-rendu à la clé. Mais aussi plus discrètement, dans les couloirs, dans les salles de réunion, à table.

La COP, c’est aussi le lieu de tous les lobbies. Ces derniers ne participent pas aux tractations officielles, mais organisent à deux pas des salles de réunions officielles des centaines d’ateliers (on dit side-event) sur des sujets aussi divers que la finance carbone, le véhicule électrique ou les meilleures techniques d’optimisation de l’exploitation pétrolière. Les ONG ne sont pas en reste.

Négociations et happenings

Chaque matin, le CAN, leur réseau mondial, distribue le quotidien ECO, dans lequel les experts écolos décortiquent l’avancée des discussions. Les organisations environnementales organisent aussi colloques et séminaires. En temps normal, elles rythment les journées par des happenings, souvent festifs. L’un des plus courus est l’octroi quotidien du Fossil of the day Award, contre-prix attribué au pays, à l’institution ou à la personnalité qui aura le plus mal-agi, dans la journée, contre le climat.

Un sommet climatique, c’est aussi l’occasion pour les délégués de pays, souvent fort éloignés, de se retrouver, notamment par coalitions thématiques ou régionales. Durant la semaine qui a précédé l’ouverture du sommet parisien, les diplomates des pays membres du groupe des pays les moins développés, des pays africains et du G-77 + Chine ont tenu concile. Quelques jours auparavant, les représentants des pays membres de l’OCDE s’étaient retrouvés à Paris : l’occasion d’annoncer la fin des subventions publiques pour l’exportation de la plupart des technologies de centrales à charbon.

Selon les premières estimations, la COP 21 pourrait générer 21.000 tonnes équivalent CO2. Ce qui est beaucoup. Et en même temps, beaucoup moins que lors des précédentes éditions. À Durban, le sommet avait contribué à l’émission de 25.000 tonnes de GES, soit 1,79 tonne/participant, contre 0,53 tonne de GES à Paris. Ce qui reste encore trop, diront les puristes. Raison pour laquelle l’ONU propose aux participants de compenser leurs émissions en achetant en ligne des crédits carbone certifiés. Mise à prix : 1 dollar la tonne de CO2. Une affaire !

Une fois n’est pas coutume, la COP démarrera avec un concours de discours de chefs d’Etats et de gouvernements. Lundi 30 novembre, 130 présidents, rois, premiers ministres, princes, chanceliers ou vice-présidents rappelleront, en trois minutes chrono chacun, leur attachement à la conclusion d’un accord à l’issue de ces quinze jours de négociations. À surveiller : les stand-up de Barack Obama (Etats-Unis), de Vladimir Poutine (Russie), de Narendra Modi (Inde), de Mohammed bin Salman bin Abdulaziz (Arabie) ou de Xi Jinping (Chine). Nantis des recommandations de leurs patrons, les négociateurs professionnels disposeront ensuite de 4 jours pour s’accorder sur le projet de texte d’accord de Paris.

Le texte du 5 décembre

Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères et à ce titre président de la COP21, a prévenu : il veut le projet d’accord samedi 5 décembre, à midi (heure de Paris) au plus tard.

Ensuite, les délégations nationales, renforcées de leur ministre (les chefs d’Etats et de gouvernements seront repartis le 2 décembre) devront s’accorder sur une version finale en 5 jours, avant de l’adopter en séance pleinière, le 11 décembre. Si tout va bien.

COP 21 : des discours qui réchauffent peu le climat

Le 30 novembre 2015 par Romain Loury

Nous y voici : la COP 21 a été officiellement lancée, lundi 30 novembre, en présence de 147 chefs d’Etat et de gouvernement. Si tous se disent, à grands mots, conscients de la menace climatique, leurs discours révèlent les points de tension qui règnent dans l’arène des négociations.

« Un accord universel, contraignant et différencié » : telle est la position française, réitérée lundi matin par François Hollande lors de son discours d’ouverture de la COP 21. Et ce dans le but de contenir le réchauffement global en-dessous de 2°C, voire de 1,5°C. Moins évoqué que celui de 2°C, le seuil de 1,5°C est une demande constante des pays les plus vulnérables, dont les petits Etats insulaires.

Pour François Hollande, il s’agit d’évaluer « régulièrement » les progrès, et de « mettre en place un mécanisme de révision à la hausse de nos engagements, avec des rendez-vous tous les 5 ans ».

Autre point sensible des négociations, l’aide des pays du Nord à ceux du Sud, pour les aider aussi bien en matière d’atténuation que d’adaptation : l’objectif de 100 milliards de dollars annuels à partir de 2020 « doit non seulement être atteint mais dépassé avec des garanties sur l’origine des ressources et leurs disponibilités », a déclaré le président français.

« Le plus grand danger n’est pas que notre but soit trop élevé et que nous le manquions, mais qu’il soit trop bas et que nous l’atteignons. Alors plaçons, le plus haut possible, notre ambition pour que nous puissions au moins l’approcher », a conclu François Hollande. « L’approcher » certes, mais reste à savoir à quelle distance.

Dans leur ensemble, les chefs d’Etat s’accordent sur un point : le réchauffement climatique n’est pas un mythe, et il menace la planète. Et chacun s’attache à faire montre de bonne volonté. Mais sous les incantations, on sent poindre des réalités internationales bien plus complexes, annonçant des négociations serrées.

La partie de ping-pong continue

Pour Barack Obama, président des Etats-Unis, il s’agit d’aboutir à un accord ambitieux, avec des objectifs actualisés régulièrement, mais « que nous ne fixerons pas pour chacun d’entre eux, mais par chacun d’entre nous ». Comprendre : les Etats-Unis, et c’est là un point commun partagé avec bien d’autres pays, n’accepteront aucune perte de souveraineté en la matière.

Ces objectifs tiendront compte « des distinctions et des progrès auxquels font face nos nations », a ajouté le président américain, allusion voilée au rôle croissant des grands pays émergents, dont la Chine, dans les émissions de gaz à effet de serre.

Mesuré, le président chinois Xi Jinping estime que « les pays développés devraient être à la hauteur de leur engagement et mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020, et apporter un appui financier accru aux pays en développement au-delà de cette date (…) Il est essentiel de respecter les différences qui existent entre nos pays, en particulier celles que connaissent les pays en développement en matière de renforcement de capacités et de structures économiques ».

Un peu plus offensif, le premier ministre indien Narendra Modi estime que la question de la responsabilité partagée mais différenciée « n’est pas seulement celle des responsabilités historiques : les pays développés possèdent plus de moyens de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et ce sont aussi eux qui auront les effets les plus importants ». Relativiser cette responsabilité du Nord serait « une erreur au plan moral ».

Quant au président russe Vladimir Poutine, il s’est discrètement invité dans ce ring feutré, déclarant espérer un accord « juridiquement contraignant, équilibré, égalitaire » et « qui s’inscrive dans le prolongement du protocole de Kyoto »… que n’ont jamais ratifié les Etats-Unis.

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