Environnement Lançonnais

ITER : "on aime les grands projets inutiles et imposés" (Michèle Rivasi)

lundi 16 décembre 2013 par Alain KALT (retranscription)

Mardi, le Parlement européen a voté le budget du financement communautaire d’ITER, le projet international de recherche dans le domaine de la fusion nucléaire, basé à Cadarache en région PACA. Le projet ITER est financé par 35 pays : ceux de l’Union européenne mais aussi l’Inde, le Japon, la Chine, la Russie, la Corée du Sud et les États-Unis. L’Union Européenne assume à elle seule 45% du budget total, et la France - pour pouvoir bénéficier de l’implantation d’ITER à Cadarache - contribue à hauteur de 20% du budget européen. Bref, sur les 15 milliards d’euros déboursés, la France va en aligner 1,35 milliards.

Le budget initial était de 4,6 milliards d’euros, il a dérapé et triplé pour atteindre les 15 milliards d’euros, supporté par l’ensemble de ses membres.

Pour Michèle RIVASI, eurodéputée EELV vice-Présidente du Groupe des Verts-ALE et co-rapporteure sur le financement d’ITER, la fuite en avant continue : "Cela fait longtemps maintenant que le projet ITER est discuté, et il est toujours autant contesté, notamment par la communauté scientifique dont trois éminents Prix Nobel de Physique : Pierre Gilles de Gennes, Masatoshi Koshiba et Georges Charpak. Mais les députés européens ont semble-t-il plus besoin de rêver que d’apporter des solutions concrètes à l’Europe de l’énergie : preuve en est, il n’y a jamais eu de débat scientifique contradictoire au sujet d’ITER dans les institutions européennes, et ce n’est pas faute d’avoir essayé de l’impulser".

"ITER n’est qu’un projet de recherche, qui vise à démontrer que le réacteur peut générer plus d’énergie qu’il n’en consomme, ce qui n’a jamais été réalisé en 50 années de recherche. Si les tests sont concluants, on prévoit de construire d’ici à 2050 un réacteur expérimental d’une puissance équivalente à un réacteur commercial, et si ce projet fonctionne les scientifiques espèrent commercialiser la fusion nucléaire d’ici 2100. Mais voilà, il n’y a que des ’si’ et aucune certitude quant à la capacité de maîtriser le plasma en fusion, censé léviter grâce à un champ électromagnétique. Là est tout l’enjeu : le plasma ne doit surtout pas toucher les parois du réacteur, car la moindre disruption entraînerait un incident ou même un accident, selon sa gravité...alors même que le site ne bénéficie d’aucune assurance aux dernières nouvelles".

"Finalement ITER est un éléphant blanc dont raffolent les politiques en manque d’imagination : ils cèdent à une communauté scientifique - évidemment intéressée par le financement de ses recherches, que cela fonctionne ou non - les pleins pouvoirs et croisent les doigts. Il n’y a donc évidemment pas de remise en question dans la communauté scientifique intéressée par la fusion nucléaire : les crédits accordés appellent les crédits supplémentaires, et ainsi de suite. Ironie du sort, aucun des eurodéputés qui ont voté ce budget aujourd’hui ne pourra constater que la fusion est une technologie fiable. Bref, c’est un joli gaspillage d’argent public car on ne sait tout bonnement de quoi sera fait le monde en 2050 et encore moins en 2100. Il suffit qu’un partenaire d’ITER quitte le projet pour qu’il capote, et c’est bien la probabilité la plus forte entourant ce projet. Halte à la gabegie, cessons de financer ITER !".

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