Environnement Lançonnais

Label bio : qu’y a-t-il derrière l’étiquette ?

samedi 5 mai 2012 par Alain KALT (retranscription)

Le Plus France Info

Le Mercredi 25 Avril 2012 à 07:15

Le bio a toujours le vent en poupe en France. En dix ans, le marché a quadruplé pour atteindre 4 milliards d’euros l’année dernière. Depuis 2001, le nombre d’exploitations bio a été multiplié par deux dans l’Hexagone. En Ile-de-France, près d’un habitant sur deux consomme du bio, ce qui place la région en tête des plus consommatrices de France. Nous avons voulu savoir ce qui se cache derrière la fameuse étiquette AB, le label de l’agriculture biologique.

Le cahier des charges est très exigeant. Il n’y a pas moins de 62 critères à respecter pour un producteur de céréales par exemple. Le réglement, européen, est un gros dossier de 137 pages.

Tout est réglementé : la fertilisation, la lutte contre les maladies, le nombre de poules au mètre carré... Pour décrocher la fameuse étiquette AB (agriculture biologique), il faut respecter tous ces critères. En France, 9 organismes sont chargés de délivrer les labels. Le plus important, Ecocert, est basé à l’Isle-Jourdain, dans le Gers. "Nous avons une liste des points à contrôler" explique Antoine Faure, le responsable de la réglementation. "C’est par exemple la non-utilisation des OGM, pour la production animale, c’est un nombre de traitements limités, c’est la non-utilisation d’engrais chimiques de synthèse. Par exemple, on regarde s’il y a eu des traces de passage d’un tracteur dans des parcelles. S’il y en a, cela veut dire qu’il peut y avoir eu un traitement avec un produit interdit par l’agriculture biologique".

L’année dernière, les 116 contrôleurs de cet organisme ont délivré le label à 22.000 producteurs en France. Chaque année, les exploitants doivent faire renouveler leur label. Cela leur coûte de 350 à 750 euros par an.

Période d’adaptation

En moyenne, il faut deux à trois ans à un producteur bio pour décrocher le fameux sésame AB. C’est le temps nécessaire à la décontamination des champs, à l’évaporation complète des produits dans les sols. Alain Daguzan exploite 130 hectares de céréales, à 20 km de Auch, la préfecture du Gers. Il a abandonné en 2004 les engrais chimiques, les désherbants et se souvient que sa conversion au bio a nécessité une période d’adaptation. "Si on supprime les pesticides, il faut savoir maîtriser l’enherbement, pour cela on a des outils mécaniques qu’on met derrière le tracteur, ce qui veut dire qu’il a fallu apprendre de nouvelles techniques de travail. Il a fallu devenir un peu agronome pour savoir comment fonctionne un sol. Une fois qu’on a cerné tous ces problèmes, cela devient beaucoup plus simple".

Installée elle aussi dans le Gers, Sabine Bonnot, la présidente du groupement des agriculteurs bio du département, est une productrice de pommes. Elle fait pousser notamment des Sainte-Germaine. "J’ai dû choisir des variétés adaptées au bio. 80% des variétés ne le sont pas car elles ne savent pas se défendre sans herbicide ou fongicide. Donc j’ai adopté des variétés moins productives, moins grosses, qui peuvent avoir des petites tâches mais qui sont bien meilleures". Qu’il s’agisse de pommes, de céréales ou de viandes, les produits issus de l’agriculture biologique sont vendus en moyenne 30 à 50% plus chers que les produits traditionnels.

Sabine Bonnot, présidente du groupement des agriculteurs bio du Gers © Radio France Sébastien Baer

Bio = 100% naturel ?

Pour certains, l’agriculture bio ne serait pas forcément le gage d’une alimentation plus saine. "La plupart des gens pensent que l’agriculture biologique n’utilise pas de pesticides, c’est faux" s’insurge Gil Rivière-Wekstein, le fondateur de la revue Agriculture et Environnement. "La seule différence, c’est qu’il y en a beaucoup moins et que les pesticides utilisés par les bios sont naturels. Mais la toxicité d’un produit naturel peut être beaucoup plus forte qu’un produit de synthèse. Vous avez beaucoup de produits bio par exemple dangereux pour les abeilles, vous en avez d’autres qui sont autorisés comme le cuivre qui va saturer les sols".

En France, il y a des départements en pointe en matière de production bio comme la Drôme, le Gers, le Gard ou l’Aveyron. Mais la moyenne française est faible : à peine plus de 3% des surfaces cultivées sont bio.

On est loin de l’Autriche, où l’agriculture biologique représente 20% des surfaces. En cause, dans ces mauvais résultats, l’aide insuffisante de l’Etat et la réglementation, parfois compliquée. "Tout est réglementé, on est dans le détail" indique Juliette Leroux, chargée de mission à la Fédération nationale d’agriculture biologique. "On a rajouté des textes sur la vinification, sur l’importation, sur l’alimentation du bétail donc trois textes en un an. Cela peut être un peu compliqué pour les producteurs".

On est encore très loin de l’objectif de 6% fixé lors du Grenelle de l’environnement pour l’année 2012.

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