Environnement Lançonnais

Transition énergétique : un exemple allemand ?

mercredi 30 janvier 2013 par Alain KALT (retranscription)

Le 29 janvier 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg

80% de la production d’électricité seront d’origine renouvelable d’ici 2050 en Allemagne.

Coûteuse (mais pas trop), la mutation énergétique allemande produit ses premiers fruits. Au goût amer, pour la France.

Comme chaque année à pareille époque, le président de l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) fait son show. L’ex-député de Compiègne, François-Michel Gonnot, organise un colloque sur l’énergie, via son club Energie et Développement.

Ce matin 29 janvier, la discussion portait —quelle surprise— sur la… transition énergétique. Tradition oblige, c’est Jean-Marie Chevallier qui a ouvert les débats. L’inoxydable professeur à l’université Paris-Dauphine a bombardé l’auditoire des généralités dont il a le secret, sur les changements climatiques (« on va vers un réchauffement de 3°C à 6°C »), la transition énergétique (« qui permettra d’améliorer l’efficacité énergétique et de faire évoluer le mix énergétique »), les énergies fossiles (« qui ne paient pas le coût du carbone qu’elles émettent »), etc.

L’économiste de l’énergie s’en est ensuite pris au politique, coupable à ses yeux, de s’occuper de ce qui ne le regarde pas : « Fermer Fessenheim, c’est irrationnel, interdire les gaz de schiste, c’est absurde ».

Le rapporteur de la proposition de loi visant à préparer la transition vers un système énergétique sobre lui a retourné le compliment. « Quand la précarité énergétique touche 8 millions de Français, le politique se doit d’intervenir », a martelé le député (PS) de l’Isère. Présentant l’actualité de son texte, François Brottes a estimé qu’il « verrait le bout du tunnel législatif vers le mois de mars ».

Voilà pour les mises en bouche. Le plat de résistance était d’une tout autre ampleur. Durant un long exposé, Hans-Joachim Ziesing, membre de la commission indépendante de contrôle de l’énergie du futur a présenté les premiers résultats tangibles de la transition énergétique à l’allemande.

Ce spécialiste de l’économie du climat et des énergies renouvelables a tout d’abord rappelé les objectifs visés, outre-Rhin : abattement de 40% des émissions de CO2 en 2020 (20% en France), 55% en 2030 (40% en France), 70% en 2040 (60% en France) et 80 à 90% en 2050.

Côté production, le dernier réacteur nucléaire (23% de la production d’électricité) devra avoir été arrêté en 2022, au plus tard. Et 80% de la production d’électricité seront d’origine renouvelable d’ici 2050.

Pour y parvenir, Berlin influe tant sur la demande que sur la production. Ces dernières années, l’Allemagne a mis en œuvre toute une batterie de « politiques et mesures » permettant déjà d’améliorer de plus de 2% par an son efficacité énergétique. Ironie du sort, c’est pratiquement l’objectif fixé à la France par la loi Pope de 2005, jamais atteint depuis.

Tout aussi audacieux, 2% du parc immobilier local sont rénovés chaque année. C’est deux fois mieux que de ce côté-ci du Rhin. « A l’horizon 2050, la totalité du parc devra être neutre en carbone », précise l’ancien professeur à l’institut de recherche économique de Berlin (DIW).

La part belle, bien sûr, est donnée aux énergies renouvelables (ENR), éolien et photovoltaïque en tête. En mer et à terre, les aérogénérateurs allemands représentent déjà une capacité installée de plus de 30.000 mégawatts et produisent près de 50 térawattheures par an, soit 8,6% de la production totale d’électricité.

Sous le soleil exactement, ce sont près de 30.000 MWc de panneaux photovoltaïques qui sont installés et délivrent plus de 6% des électrons consommés outre-Rhin. Si l’on ajoute la valorisation de la biomasse, les ENR produisent plus de 11% de la consommation d’énergie finale, contre 6,9% en 2006.

Bien sûr, tout cela n’est pas gratuit. « La seule sortie du nucléaire devrait coûter 6,8 milliards d’euros », reconnaît l’économiste. Sur le long terme, le montant de la facture est estimé à 330 Md€ d’ici 2030 et 600 Md€ jusqu’à 2050. « Ce qui ne fait qu’une quinzaine de milliards par an », relativise Hans-Joachim Ziesing. Soit, grosso modo, le montant du devis annuel du seul programme de rénovation énergétique annoncé par François Hollande, lors de la Conférence environnementale du mois de septembre.

Pour préserver la compétitivité de son industrie, Berlin a choisi de faire payer l’essentiel de cette mutation par les consommateurs. « En quelques années, le montant de la facture des clients domestiques allemands est passé de 160 à 253 €. En France, cela se maintient autour de 150 € », indique Bruno Bensasson, chargé de la stratégie durable chez GDF Suez et ancien conseiller technique de plusieurs ministres de l’industrie et du président Chirac.

Résultat : la consommation des ménages allemands s’est stabilisée autour de 3.000 kWh/an, alors que celle des Français a progressé de 30% pour atteindre combien dekWh ? .

Parallèlement, les achats d’énergie de l’industrie sont massivement aidés. A coup d’aides fiscales, dérogations, compensations à l’achat de quotas d’émission de GES, le montant de la facture des entreprises est très allégé. « En 2012, l’industrie allemande a bénéficié de 10 Md€ d’aides pour ses achats d’énergie », comptabilise Hans-Joachim Ziesing.

« Le mythe de l’électricité française la moins chère d’Europe a vécu », renchérit Jean-Paul Aghetti, membre du comité directeur de l’Union des industries utilisatrices d’énergie (Uniden). Selon les calculs de ce lobby des entreprises grandes consommatrices d’énergie, en cumulant toutes les aides, le prix du MWh facturé aux entreprises allemandes serait 25% inférieur à celui de l’électron français.

Et ce n’est sans doute pas fini. Avec le boom de l’éolien et du photovoltaïque, l’Allemagne voit chuter le prix de son électricité. En moins de deux ans, le prix moyen du MWh vendu sur la bourse de l’électricité EEX est passé de 90 à 40 €. Rendant ainsi le courant allemand plus compétitif à l’export. Pour la troisième année, la France a été, l’an passé, importatrice nette d’électricité allemande à bas coût (8,7 TWh/an), notait RTE, il y a quelques jours [JDLE]. Une des vertus, non soupçonnée initialement, de la transition énergétique à l’allemande.

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