Environnement Lançonnais

Sûreté nucléaire : l’Europe cautionne l’allongement de durée de vie

vendredi 12 juillet 2013 par Alain KALT (retranscription)

Suite à l’accident nucléaire de Fukushima, la Commission européenne a mis en place les fameux ‘stress tests’ (tests de résistance) européens de l’industrie nucléaire, afin de vérifier la vulnérabilité des centrales européennes à une catégorie limitée de risques.

Après leur publication, les différents opérateurs européens ont dû procéder à des travaux obligatoires d’amélioration de la sûreté des centrales nucléaires européennes.

Jeudi dernier, le Commissaire à l’énergie Günther Oettinger a dévoilé les contours de la nouvelle directive européenne sur la sûreté nucléaire. Il a déclaré à ce sujet : "Il appartient aux États membres de décider s’ils veulent produire de l’énergie nucléaire ou non. Il n’en demeure pas moins que quelque 132 réacteurs nucléaires sont actuellement en service en Europe. La mission de la Commission est de veiller à ce que la sûreté soit bel et bien la priorité absolue sur chacun de ces sites."

La nouvelle directive prévoit les mesures suivantes

Objectifs de sûreté : Les États membres veillent à ce que, en cas d’accident, tout risque de rejet de radioactivité dans l’environnement soit en pratique exclu.

Réalisation dans toute l’Union d’examens juridiquement contraignants tous les six ans : Les États membres définissent conjointement le ou les aspect(s) précis à évaluer ainsi que la méthodologie commune de ces examens, qui seront menés par des équipes multinationales. Les États membres sont également responsables de la mise en œuvre des recommandations. En cas de retard ou d’absence d’application de ces recommandations, la Commission européenne peut organiser une mission de vérification auprès de l’État membre.

Examens nationaux : Chaque centrale fait l’objet d’un examen périodique de sûreté au moins une fois tous les dix ans et d’un réexamen spécifique aux fins d’un éventuel prolongement de sa durée de vie.

Nouvelles centrales : Toutes les nouvelles centrales nucléaires sont conçues de telle sorte qu’il ne puisse y avoir de répercussion en dehors de la centrale si le cœur d’un réacteur venait à être endommagé.

Préparation des interventions d’urgence sur le site : Chaque centrale nucléaire doit disposer d’un centre d’intervention d’urgence qui soit protégé contre la radioactivité, les tremblements de terre et les inondations, et applique des lignes directrices strictes pour la gestion des accidents.

Pour ce qui est de la transparence, les autorités de réglementation nationales et les exploitants de centrales devront concevoir une stratégie d’information du public en cas d’accident, mais également dans les conditions de fonctionnement normales de l’installation. Cette stratégie devra être publiée. Les citoyens pourront en outre avoir voix au chapitre dans le cadre du processus décisionnel concernant l’autorisation d’une nouvelle centrale nucléaire.

Enfin, la directive garantit que les autorités de réglementation nationales prennent leurs décisions en toute indépendance et que la sûreté n’est pas subordonnée à des intérêts politiques, économiques ou sociétaux. Ces autorités nationales doivent être dotées de crédits suffisants et d’un personnel qualifié pour pouvoir fonctionner efficacement.

Réactions d’EELV (Groupe écologiste)

Tous deux membres de la Commission Industrie recherche et Énergie (ITRE) et eurodéputés EELV, Michèle Rivasi et Yannick Jadot se sont exprimés à ce sujet.

Michèle RIVASI, vice-Présidente du Groupe des Verts-ALE, se satisfait difficilement des annonces faites : "Je suis extrêmement déçue que la Commission cautionne le prolongement de la durée de vie des réacteurs européens sur la base d’un examen spécifique. Les conséquences du vieillissement des matériaux et des cuves sur la sûreté sont jusque-là inconnues : je trouve irresponsable de prolonger un parc qui devient plus menaçant d’année en année, dans le seul but de garantir la compétitivité d’une énergie du passé. Suite à la visite de François Hollande au Japon, je souhaite aussi rappeler que nous avons des responsabilités en exportant cette technologie, surtout lorsque l’on aide à produire du MOX dans un pays à l’activité sismique dévastatrice. En cas de nouvel accident au Japon, la France sera définitivement considérée comme un marchand de mort".

"Quant à la réalisation dans toute l’UE d’examens juridiquement contraignants tous les six ans, il est réducteur de penser que la pluri-nationalité des équipes permettra une meilleure sûreté. Les experts de l’industrie ont tous la même objectivité, peu importe leur pays d’origine, c’est pourquoi il faut leur opposer une participation de la société civile. C’est pour cette raison je participe actuellement à la création de ‘Nuclear Transparency Watch’, un réseau européen de vigilance nucléaire".

Pour Yannick Jadot, député européen EELV : "Les quelques mesures proposées en matière de de transparence et d’indépendance du régulateur sont bienvenues. Nous espérons qu’elles limiteront les conflits d’intérêt omniprésents dans le nucléaire qui empêchent toujours les citoyens de connaître la réalité des risques qui leur sont imposés. Pour le reste, le Commissaire Oettinger continue de défendre un lobby nucléaire qui peine de plus en plus à masquer la faillite industrielle et financière de cette industrie, et la gravité des risques encourus."

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