José Bové “Des OGM français échappent à la législation et aux contrôles, pour le plus grand intérêt des firmes”
Par Manon Laplace publié le 02/06/2015 -
Quels sont les OGM que l’on trouve en France et sous quelle forme ? Interviewé par Bio à la Une, le député européen José Bové dénonce une législation laxiste et un manque de transparence qui profitent aux grands groupes des biotechnologies.
Voilà des années que José Bové lutte contre les OGM, le clonage, l’agriculture industrielle, la malbouffe. À 61 ans, l’eurodéputé et ancien syndicaliste paysan n’en a pas terminé avec les combats. Surtout pas avec ceux qu’il mène depuis toujours, comme c’est le cas de celui contre la manipulation du vivant. Pour Bio à la Une, l’écologiste revient sur les OGM présents en France et son engagement pour les faire interdire, entre petites victoires et grandes manipulations.
90 % de chances de manger des OGM
“Il y a aujourd’hui deux formes d’OGM qui peuvent rentrer dans nos assiettes. D’abord les OGM classiques, issus de la transgénèse, pour lesquels on ajoute un gène extérieur à un organisme. Ce sont les OGM contre lesquels on s’est battus et qui sont aujourd’hui interdits de culture en France. Ils ne sont en revanche pas interdits à l’importation pour l’alimentation du bétail et ce sont des OGM pour lesquels on n’a pas encore d’étiquetage.
Si les gens aujourd’hui ne mangent pas bio, label rouge ou autres produits dont le cahier des charges spécifie clairement qu’ils ne contiennent pas d’OGM, il y a 90 % de chances que leur viande provienne d’un animal nourri aux OGM. Que ce soit de la volaille, du porc ou de la viande bovine.
Il faut mettre en place un étiquetage qui indique que telle viande, tel produit laitier ou tels oeufs contiennent des OGM. Certains pays s’y mettent mais uniquement pour les végétaux, alors que la majorité des OGM produits par les grands groupes comme Monsanto, Pioneer et compagnie sont destinés à l’alimentation du bétail. C’est pourquoi les grandes firmes ont tout intérêt à ce qu’il n’y ait pas d’étiquetage sur les produits finis d’origine animale.
Des OGM cachés qui poussent en France
Mais il y a un second type d’OGM, issus de la mutagénèse, que l’on fait pousser en France. Des plantes modifiées génétiquement pour devenir résistantes aux herbicides, mais qui ne sont pas considérées comme OGM et ne sont donc pas analysées comme tels. Il y a environ 120 000 hectares de champs, si ce n’est plus, de tournesol et de colza modifiés en France. Et ils ne font pas l’objet des mêmes autorisations que les OGM.
La région Rhône-Alpes est l’une des régions qui en compte le plus. Le colza notamment pose problème par exemple, à cause de la ravenelle, une plante sauvage de la même famille. On risque une transmission de la résistance et on pourrait avoir demain des ravenelles résistantes aux herbicides. On risque de voir se développer des adventices (plante qui pousse spontanément dans une culture et dont la présence peut être nocive à celle-ci - ndlr) devenues résistantes.
Il faut que les citoyens se mobilisent auprès de leurs élus et qu’ils exigent que toutes les plantes génétiquement modifiées tombent sous le coup de la législation, qui pour l’instant ne s’applique qu’à la transgénèse et pas à toutes les techniques. Il y a des plantes tolérantes aux herbicides qui passent à travers les mailles, pour le plus grand intérêt des firmes."
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Alain KALT (retranscription)
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