Le sucre, cet ami qui vous veut du mal
Quand vous aurez lu l’expérience décrite par le Dr Jean-Paul Curtay dans votre numéro de juillet des Dossiers Santé & Nutrition, je vous assure que vous ne regarderez plus jamais une barre chocolatée, un snack ou un soda de la même façon.
Ayant assisté lui-même, alors qu’il était étudiant en médecine, à une scène délirante impliquant une célèbre personnalité (il l’explique en détail dans ce numéro) le Dr Curtay a enquêté sur le sucre, sur la façon terrifiante dont il arrivait à…prendre le contrôle de notre cerveau !
Oui, prendre le contrôle de notre cerveau jusqu’à nous faire devenir quelqu’un d’autre.
Quelqu’un de plus agressif, de plus violent, de plus dangereux.
Et cela ne concerne pas seulement les cas extrêmes que l’on retrouve à la page « faits divers » des journaux : nous serions entre 25 et 30 % à être concernés par cette prise de pouvoir !
Dans une voiture sans frein
Mais comment se déroule ce coup d’état intérieur ?
Pour comprendre l’attirance qu’exerce le sucre, il faut faire un petit voyage jusqu’à la base du cerveau. Il y a là un petit noyau bleuté que l’on appelle « locus coeruleus ». S’il est bleuté, c’est qu’il contient du cuivre, nécessaire à la production de noradrénaline. C’est cette substance qui est responsable de l’éveil, de l’attention, de la concentration, de la vigilance.
En cas de problème ou de menace, la noradrénaline va être sécrétée plus abondamment pour produire un état de mise en alerte. Cette vigilance augmentée est associé à une augmentation de la mobilisation des muscles, de l’oxygène (bronchodilatation), des carburants énergétiques (sucres et graisses) pour permettre des réponses concrètes aux dangers.
La noradrénaline est en quelque sorte l’accélérateur de nos pulsions.
Mais comme dans toute bonne machine, pour calmer les ardeurs de l’accélérateur, il faut aussi un frein.
Notre système de freinage ABS est un neurotransmetteur que l’on appelle la sérotonine, qui a besoin de l’insuline pour être synthétisée. Une grande partie de notre équilibre personnel va reposer sur l’harmonie entre ces substances organiques.
C’est seulement grâce aux actions modulées des pédales de l’accélérateur et du frein que l’on peut conduire sans dommage Le problème du sucre, c’est qu’il enraye cette mécanique de notre cerveau.
Lorsque l’on consomme des glucides lents - pain aux céréales, pâtes complètes, céréales semi complètes… le glucose passe lentement dans le sang et fait monter progressivement l’insuline qui reste à des niveaux raisonnables et redescend progressivement. De ce fait, l’effet de la sérotonine est durable.
La pulsion est satisfaite et le système de freinage fonctionne. En d’autres termes, nous sommes à la fois comblés et apaisés.
Mais lorsque les glucides sont rapides, comme avec les boissons et aliments sucrés, c’est l’emballement moteur : le glucose monte rapidement dans le sang, faisant grimper l’insuline en proportion.
Et environ deux heures plus tard, ce glucose descend au dessous de son niveau normal de base.
C’est l’accélérateur qui s’emballe. L’effet de la sérotonine, lui, faiblit. Comme un « shoot » de drogue, l’effet du sucre est puissant et immédiat, mais retombe vite. Et appelle une autre dose...
Voilà comment le sucre arrive à « prendre le contrôle ». Et le problème est qu’il peut nous faire perdre toute limite.
Le sucre qui rend…fou à tuer
Marie Asberg, une psychiatre suédoise, a observé ce phénomène depuis…1976 ! Elle a montré que les patients dépressifs qui ont un taux de sérotonine bas, présentent une fréquence de passage à l’acte suicidaire beaucoup plus élevée (40%) que les dépressifs dont les taux sont normaux (15%).
L’équipe du docteur Markus Kruesi (Université de l’Illinois, Chicago) a découvert que chez un enfant à problème, un taux de sérotonine bas était le facteur qui prédisait le mieux un comportement criminel ou suicidaire !
C’est dire à quel point le sucre est un perturbateur qui peut être redoutable.
Mais heureusement, cette prise de pouvoir du cerveau est un phénomène réversible.
Dans une étude étonnante, le criminologue Schoenthaler a démontré dans des populations de délinquants que la réduction des sucres rapides réduit les comportements violents. Suite à la réduction des aliments et boissons sucrés chez des détenus d’un centre de détention juvénile, les actes de violence ont diminué de 66 %, les tentatives d’évasion ont diminué de 84 %, et la dégradation de biens, et les vols ont diminué de 51 %.
Dans une autre étude, les agressions ont diminué de 82 %, les vols de 77%, les infractions au règlement de 23 %, et les bagarres de 13 % sur sept mois.
Ces expériences ont été reproduites dans d’autres pays, avec des résultats similaires.
Dans une école danoise d’Aarhus, on a ainsi instauré un petit déjeuner obligatoire pour les écoliers à problème. Dans ce repas, les chips, sucreries, coca et boissons gazeuses ont été remplacés par des aliments contenant plutôt des glucides lents. Le résultat : moins de conflits, moins d’absences pour maladie, et... de meilleurs résultats scolaires.
Abolir enfin l’esclavage
Lorsque nous avons compris les mécanismes qui expliquent notre dépendance au sucre, il devient alors possible de changer nos habitudes pour le remplacer.
Dans ce numéro de juillet des Dossiers Santé & Nutrition, Le Dr Curtay vous propose sa liste des « bonnes drogues », dont les goûts et saveurs valent dix fois celui du sucre (et qui sont parfaitement sains) :
• les glucides lents (légumes secs, céréales complètes, patates douces, manioc, courges, châtaignes, etc), dont vous comprendrez pourquoi ils sont particulièrement importants à partir de 17 heures,
• les oléagineux,
• le chocolat noir,
• etc.
Des compléments alimentaires comme le magnésium et les vitamines B sont la première base pour rééquilibrer le rapport entre accélérateur et frein pulsionnel. Le Dr Curtay vous en dit également plus sur la luminothérapie, la mélatonine ou l’ocytocyne.
D’autres moyens permettent aussi d’améliorer notre contrôle pulsionnel et réduisent la vulnérabilité aux dépendances de tous ordres : la pratique d’un sport, de yoga, de Qi gong ou de méthodes comme la respiration complète ou encore la cohérence cardiaque.
C’est le cas aussi d’un aspect plus intime de notre vie, la sexualité. Sur le sujet, le Dr Curtay pose certaines « bonnes questions », et vous verrez qu’elles aident à savoir si nous avons vraiment une vie amoureuse épanouie.
Enfin, la réalisation de soi dans un ensemble plus large de dimensions sportives, culturelles, sociales, peut être facilitée par une démarche de développement personnel (lectures, ateliers, stages, thérapeute) et d’expression créative…, de même que par un engagement dans des associations ou des ONG.
Comme l’alcool, le tabac, les achats compulsifs, le sucre détourne de la réalisation des désirs profonds, authentiques, affectifs, sociaux, riches en vraies valeurs.
Alors le sucre, un esclavage, vraiment ? Quand vous aurez lu votre numéro de juillet des Dossiers Santé & Nutrition, vous ne trouverez pas ce terme exagéré. Et vous serez convaincu, comme moi, qu’il est nécessaire de le dire haut et fort, pour ne pas dire : le hurler ! (Surtout que je dois vous dire une dernière chose : quand vous verrez ce qu’ont osé faire les sénateurs et les députés à qui le Dr Curtay est venu parler du sucre, vous allez tomber à la renverse !)
Cliquez ici pour accéder à votre numéro de juillet des Dossiers Santé & Nutrition :
http://www.santenatureinnovation.com/dossiers/juillet-DS&N-46.pdf
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
PS : au cas où vous les auriez manqués, voici les récents numéros des Dossiers de Santé & Nutrition :
• n°43 du mois d’avril 2015, sur le cancer (1re partie) : http://www.santenatureinnovation.com/dossiers/07-DS&N-43_Cancer_1sur2.pdf
• n°44 du mois de mai 2015, sur le cancer (2e partie) : http://www.santenatureinnovation.com/dossiers/DS&N44-Cancer2-16p.pdf
• n°45 du mois de juin 2015, sur les perturbateurs endocriniens : http://www.santenatureinnovation.com/dossiers/45juin-SNI.pdf (Si vous éprouvez des difficultés à ouvrir un dossier, copiez et collez son adresse ci-dessus dans la barre d’adresse de votre navigateur Internet).
Alain KALT (retranscription)
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