Youyou Tu, prix Nobel de médecine 2015. Son histoire.
Youyou Tu
Elle avait trente-sept ans et elle était diplômée de pharmacie. Un jour, les gardes rouges sont venus la chercher et un haut fonctionnaire chinois lui a expliqué qu’elle avait été sélectionnée pour développer un projet secret, scientifique et militaire.
Budget illimité, ordre spécial du Président Mao Zedong. Mais il fallait qu’elle s’y consacre entièrement, son mari serait envoyé en camp de travail, sa fille serait éloignée, elle n’aurait que cela à faire toute sa vie…
La jeune Youyou, fière d’aider son pays, a accepté, sans un cri, la sentence. L’idée d’étudier toute la pharmacopée chinoise pour essayer d’en tirer toutes sortes de remèdes la passionnait, cela lui a suffi… dit-elle…
Objectif prioritaire, la malaria (chez nous, le paludisme), parce que les soldats en meurent, par paquets chaque jour. Parmi les remèdes ancestraux, il y a cette plante, le "Wormwood" (bois au vers). C’est écrit partout dans la littérature chinoise, elle tue les vers (le palu est une maladie due à un parasite, transmis par les moustiques, qui a la forme d’un ver minuscule).
Pendant des mois, la jeune pharmacologue essaie différents dosages en faisant bouillir la plante. Le résultat n’est pas terrible. Elle relit la recette traditionnelle et comprend finalement qu’il suffit de laisser tremper la plante dans l’eau à température ambiante pour obtenir le remède. Rapidement, tous les malades sont soignés et Madame Tu (c’est son nom) dit : "Nous venons juste de trouver comment soigner la malaria."
Mais le projet est secret et la découverte de Youyou Tu restera donc au secret jusqu’à la chute du régime de Mao. En 1977, elle publie son premier article, et quarante ans plus tard, elle obtient le prix Nobel de médecine.
Le monde entier découvre cette drôle d’histoire, mais nous vous l’avions déjà relatée dans cet article sur les propriétés anti-cancer de l’Artemisia annua. Et nous écrivons depuis longtemps que l’armoise annuelle est un remède efficace contre le paludisme.
Car bizarrement, seuls les "cinglés" des médecines naturelles se sont intéressés à l’Artemisia annua, le fameux "Wormwood". Ils ont lu les ouvrages de la médecine traditionnelle chinoise, eux-aussi.
Aujourd’hui, peut-être vous dites-vous : " Ah, enfin, grâce à ce prix Nobel, on va reconnaître que la phytothérapie et la médecine traditionnelle peuvent être admises au sein de la médecine officielle". À mon avis, c’est le contraire qui va se passer.
Le jury du Nobel a déjà précisé clairement que ce prix n’était pas attribué à la médecine traditionnelle chinoise, mais à une chercheuse et à ses travaux. On va bientôt dire que l’Artemisia est un médicament et soumettre son utilisation à une prescription médicale. L’Artemisia annua est déjà interdite à la commercialisation en France et je suis prêt à parier qu’on va désormais l’interdire encore plus vigoureusement.
Ce qui est malheureux, pour les censeurs de la liberté de se soigner, c’est que l’armoise pousse facilement sur nos sols et que cette espèce spécifique pourrait facilement s’adapter chez nous. N’oublions pas que le remède, décrit il y a 1 600 ans dans un ouvrage appelé "Remèdes d’urgence à garder dans sa manche", consiste à ramasser une herbe commune, à la tremper dans l’eau, puis à boire l’eau. Et hop, plus de vers… J’exagère à peine…
J’espère que le monde aura entendu le bon message. Pas tellement sur l’efficacité de la médecine chinoise (qui s’occidentalise pour mieux se vendre chez nous dans les prochaines années), mais plutôt sur le fait qu’il existait un remède simple, et qu’il suffisait de savoir lire le chinois ancien pour le connaître. On a mis cinq ans à le valider, et plus de quarante ans à le faire entrer dans notre pharmacopée officielle (ce n’est pas encore fait). Entre-temps, des millions d’êtres humains sont morts de la malaria.
Je me réjouis quand même de savoir que le laboratoire GlaxoSmithkline va pouvoir remballer son vaccin anti-palu, le « RTS,S/AS01 », ou Mosquirix, pour lequel il avait obtenu un avis positif de l’Agence européenne du médicament… Malgré une efficacité contestable... C’est ça, le risque que la médecine naturelle fait courir aux laboratoires pharmaceutiques : ruiner leur business.
Big Pharma l’a bien compris et vient de relancer une grande campagne d’évangélisation en faveur des vaccins. C’est le djihad vaccinal qui commence. Lisez cette semaine (et plus bas dans cette newsletter) l’article de Michel Dogna qui décrit ce qui s’est passé lors du lancement de la campagne mondiale, le 15 septembre dernier à Genève.
Bonne lecture
Alain KALT (retranscription)
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