Environnement Lançonnais

Réchauffement : le faux-semblant des forêts européennes

dimanche 12 novembre 2017 par Alain KALT (retranscription)

Le 05 février 2016 par Romain Loury

Les forêts européennes sont-elles vraiment efficaces contre le réchauffement climatique ? Pas si sûr, selon une étude publiée jeudi 4 février dans Science : certes, la surface forestière de 10% a augmenté depuis 1750, mais leur gestion et la nature des espèces ont fortement évolué, favorisant une légère hausse de la température.

Le résultat est pour le moins inattendu : du fait qu’elles absorbent un quart des émissions de gaz à effet de serre –contre la moitié par les océans-, les forêts sont considérées comme l’un de nos principaux alliés contre le réchauffement. Or tout n’est pas question que de carbone : il faut aussi tenir compte du cycle de l’eau et des transferts d’énergie.

C’est à cet exercice que se sont livrés Kim Naudts, du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement (LSCE). Les chercheurs ont analysé l’évolution des forêts européennes depuis 1750, dont on pourrait a priori penser qu’elle a eu un effet positif : après une baisse de 190.000 km2 jusqu’en 1850, la couverture forestière a augmenté de 386.000 km2, soit un gain net de 10% en 260 ans.

Or bien d’autres facteurs sont à prendre en compte : primo, les peuplements de feuillus ont perdu 436.000 km2 depuis 1850, tandis que ceux de conifères, plus vendeurs, ont augmenté de 633.000 km2. Deuxio, 218.000 km2 de taillis ont été converties en futaies. Tertio, 85% des forêts européennes sont désormais gérées.

Une température accrue de 0,12°C

Résultat : par rapport à 1750, les forêts actuelles stockent 3,1 milliards de tonnes de carbone de moins, du fait de l’extraction du bois. Et la température dans les basses couches de l’atmosphère s’est accrue de 0,12°C, en raison de la conversion de forêts de feuillus en forêts de conifères : la raison en est que les premières, qui perdent leurs feuilles en hiver, permettent plus de réflexion de la lumière par les sols enneigés. Avec les conifères, dont le feuillage persiste en hiver, l’albédo, pouvoir réfléchissant du sol, a décru de 1%.

Au-delà de l’Europe, c’est ce type de politique forestière, sur fond de lutte contre le réchauffement climatique et d’exploitation du bois, que d’autres pays mettent en place. Parmi eux, la Chine, qui prévoit de planter 772.000 km2 d’arbres, mais aussi les Etats-Unis (254.000 km2) et la Russie (170.000 km2). Entre 64% et 72% des forêts mondiales sont exploitées, et les changements d’espèces sont monnaie courante.

Redéfinir la gestion forestière

Selon les chercheurs, tout plan de lutte contre le réchauffement s’attachant à l’usage des sols devrait « certes intégrer la couverture forestière, mais aussi tenir compte du type de gestion de la forêt, car tous ne contribuent pas à l’atténuation du changement climatique ». « L’enjeu est maintenant de savoir s’il est possible de trouver une stratégie qui refroidit la température tout en permettant la production de bois et d’autres services écosystémiques », concluent-ils.

Egalement publiée jeudi dans Science, une étude italienne s’est penchée sur l’effet de la déforestation au niveau mondial, entre 2003 et 2012, sur le réchauffement. Selon les chercheurs, l’effet serait d’environ +1°C dans les régions tempérées et tropicales, de plus de 2°C dans les zones arides, mais sans effet dans les régions boréales. Et l’effet lié aux cycles hydriques et énergétiques serait équivalent à 18% de celui lié au relargage du carbone forestier.

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