Plastiques : il n’y a pas que le BPA
Le 04 mars 2011 par Geneviève De Lacour.
La plupart des plastiques relarguent des œstrogen-like. La chasse au Bisphénol A (BPA) dans les plastiques se déroule bien. Problème : ce composé organique aromatique n’est pas la seule molécule toxique à être relarguée par les plastiques. Une étude du National Institute of Environmental Health Science (NIEHS), publiée le 2 mars dans Environmental Health Perspectives, met en évidence la présence de substances agissant comme des œstrogènes dans la plupart des résines analysées. Conclusion : quasiment tous les plastiques libèrent ces substances actives.
Le but de cette nouvelle étude n’était pas d’examiner l’impact des plastiques sur la santé humaine, mais bien plutôt leur capacité à relarguer des molécules qui agissent comme des œstrogènes. Les auteurs ont décidé de tester les plastiques en sélectionnant les matériaux les plus couramment utilisés par les consommateurs, ceux qui servent à stocker les aliments ou qui entrent directement en contact avec ces derniers. Il s’agit de boîtes en plastique, verres, assiettes, biberons, films alimentaires, etc. Une fois sélectionnés, les échantillons de plastique ont été coupés en petits morceaux avant de macérer dans une solution agressive (un mélange de solution salée et de solvant). « L’originalité de l’étude est d’avoir testé une grande variété de plastiques », commente François Veillerette, porte-parole de Générations Futures (ex MDRGF).
Les ondes du four à micro-onde, les radiations UV ou les températures élevées (comme dans un chauffe-biberon par exemple) agressent bouilloires, cafetières, cannettes et autres biberons. L’étude du NIEHS a permis d’étudier les effets de ces attaques répétées sur les plastiques, en les accélérant grâce à une attaque chimique.
Sur 455 échantillons analysés, 71% des plastiques libèrent des substances agissant comme des œstrogènes quand l’attaque est réalisée soit à l’aide d’un solvant (éthanol), soit à l’aide d’une solution salée et quel que soit le type de résine, le type de produit ou le fabriquant du matériau. En utilisant une méthode d’extraction mélangeant la solution salée et l’éthanol, le pourcentage est encore plus élevé : 92% des échantillons libèrent des molécules à activité oestrogénique. Lorsque les échantillons sont soumis au même protocole mais après avoir été exposés aux facteurs naturels (rayons, UV, micro-ondes ou forte chaleur humide) le résultat est encore plus net : 95% des plastiques libèrent ces substances. « Les scientifiques américains ont réalisé une étude d’une grande sensibilité en employant deux types de solvants, ce qui a permis d’élargir le spectre des recherches », complète François Veillerette.
Les chercheurs se sont ensuite penchés sur les biberons étiquetés sans BPA. Nouvelle surprise, ces produits supposés ne pas contenir de BPA libèrent quand même des molécules actives. D’ailleurs, l’étude montre que parfois les produits sans BPA sont plus actifs que ceux qui ne portent pas d’étiquette.
En revanche, le rapport ne fournit pas la composition de tous les perturbateurs endocriniens à l’origine du signal oestrogénique. « Mais déjà cinq molécules différentes, cinq perturbateurs endocriniens ont été détectés dans les plastiques analysés. Cela montre qu’il ne faut pas se limiter à rechercher le bisphénol A dans les plastiques », rajoute François Veillerette.
Aux Etats-Unis, certains scientifiques questionnent la fiabilité de l’étude du NIEHS. D’autres, ceux qui ont alerté sur les effets du BPA sur la santé, l’ont favorablement accueillie.
Avant que l’étude ne soit complétée, les auteurs recommandent d’éviter de chauffer les biberons au four à micro-onde ou de les passer au lave-vaisselle ainsi que d’utiliser des plastiques rayés ou abimés. George Bittner, l’un des auteurs de l’étude précise : “ les consommateurs devraient être rassurés par le fait que certains plastiques ne contiennent pas ces substances agissant comme des œstrogènes. Au moins cela montre qu’il est possible de les fabriquer ». Des propos confirmés par le représentant du MDRGF qui considère « plutôt rassurant qu’il existe des plastiques sans activité oestrogénique. Ce sont ces plastiques là qu’il faut privilégier ».
Alain KALT (retranscription)
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