Agroécologie, La transition écologique au quotidien par le compostage.
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Avec cette citation, Antoine Lavoisier à la fin du 18ème siècle, nous rappelle au bon sens des cycles de la nature.
Depuis plusieurs décennies, la frénésie de notre société de consommation nous enferme dans un système de production en ligne (alors que la nature produit en cycle). Ces systèmes de production sont énergivores et accumulent des déchets inexploités, exclus d’un cycle naturel équilibré et qui deviennent coûteux et polluants.
Ma conviction intime me pousse tout de même à penser que cette époque, où une grande partie de l’humanité est obnubilée par la croissance, a été nécessaire à l’évolution de l’homme dans de nombreux domaines et notamment dans la recherche scientifique. Pourtant, cette époque est révolue, aujourd’hui les voyants écologiques passent au rouge les uns après les autres (pollution des eaux, réchauffement climatique, déforestation, fonte des glaces, perte de biodiversité,…).
D’éminents scientifiques (notamment Hubert Reeves) et des citoyens clairvoyants tirent la sonnette d’alarme. Souvent, en dépit de notre bonne volonté, l’inertie du système, le rythme de vie et la routine nous entraînent encore dans cette direction. La transition écologique par le compostage est une manière simple et concrète de transformer des déchets en matière première de grande valeur.
La nature est une bibliothèque, il suffit de la lire (de l’étudier, de l’observer) pour comprendre l’importance de la production en cycle. Depuis la nuit des temps, dans une forêt, les feuilles mortes et les brindilles se décomposent grâce aux organismes vivants dans le sol pour devenir une matière première capable à nouveau de stocker et redistribuer de la nourriture aux plantes qui referont des feuilles …. L’oxygène (o2), représente un « déchet » de la réaction de photosynthèse des plantes (dioxyde de carbone plus eau donne grâce à l’énergie solaire du sucre et de l’oxygène gazeux), pourtant, il paraît impensable d’appeler l’oxygène un déchet. La logique de production en cycle (industrielle ou artisanale) permet de transformer les déchets en matière valorisable. Les déchets des uns deviennent les matières premières des autres.
A l’échelle d’un foyer, le fait de recycler (composter) permet de réduire significativement l’encombrement dans les déchetteries. Ces déchets revalorisés deviendront une excellente source de nutriments pour les plantes de votre jardin. Ces petits gestes citoyens et quotidiens intégrés dans la vie courante multipliés par des millions de personnes peuvent avoir un impact positif global sur la santé de notre planète et donc de notre cadre de vie. C’est à nous, citoyens, de montrer le chemin par nos actions et notre façon de consommer des produits locaux et de saison issus de modèles de productions responsables et vertueux.
Pour étayer mes propos sur l’importance des petits gestes au quotidien, je vous invite à lire la légende amérindienne du colibri devenue célèbre grâce à Pierre Rabhi :
« Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part ».
De la prise de conscience à la mise en pratique le chemin peut paraître tortueux. Pourtant, mettre ses actes en accord avec ses convictions commence par des gestes simples comme par exemple le compostage.
Pour comprendre ce qu’est le compost, retournons observer la forêt. Sur le sol forestier, la « matière noire », issue de la décomposition des matières organiques par la vie du sol (bois, feuilles mortes…) qui sent bon le champignon et le sous bois s’appelle Humus. Le compost n’est autre que de l’humus fabriqué par la main de l’homme.
Les épluchures de fruits et légumes ainsi que le papier, le carton, les tontes de pelouses, les bois de tailles, les coquilles d’œufs… sont 100 % valorisables à travers le compost.
Les vers de compost, les bactéries, les champignons, les insectes vont se nourrir de cette substance (sucres, protéines, lignine, cellulose et divers minéraux) pour la transformer en compost.
Il existe plusieurs manières de réaliser et d’utiliser son compost :
Pour un compost bien équilibré, il sera utile de mélanger deux tiers de matières riches en sucres et protéines (épluchures, fruits abimés, tonte de gazon) avec un tiers de matière carbonée comme la cellulose et la lignine (Bois broyé, paille, carton et papier.)
En extérieur, directement en tas ou dans un cadre en bois, à même le sol pour faire le lien avec les organismes décomposeurs présents sur votre terrain. Il convient de le brasser avec une fourche (toutes les 2 semaines) pour l’aérer et de l’humidifier si la pluie vient à manquer. Il existe aussi dans le commerce des composteurs qui restent très discrets au fond du jardin.
Dans ces conditions, le compost peut être utilisé jeune (2 mois) dans le potager, le jardin ou les bacs de fleurs.
Il est aussi possible de faire un « compostage de surface », technique qui se rapproche le plus des mécanismes naturels. Il suffit d’épandre les épluchures directement sur le sol en fine couche puis éventuellement de les recouvrir de paille. Les plantations (fleurs, légumes, arbres et arbustes.) pourront être réalisées sur place 2 à 3 semaines plus tard, directement sans travailler le sol.
Pour les personnes en appartement, il existe dans le commerce des lombricomposteurs (compostage avec des vers) ou bien les seaux à bokashi (matière organique fermentée en japonais) qui utilisent des micro-organismes (bactéries, levures). La difficulté de ces techniques réside dans la gestion des quantités de matière à recycler en fonction des besoins (pots de fleurs) et du temps de décomposition (1 à 3 mois). Les initiatives de compostage collectif en immeuble semblent être une bonne solution technique tout en créant une dynamique écologique et du lien social (exemple à Marseille :
http://trionsnosdechets-mpm.fr/le-compostage-en-immeuble).
Un terrain (quelques mètres carrés) de la copropriété, de la municipalité ou d’un jardinier voisin pourrait être aménagé en lieu de compostage commun. A l’image du colibri, faisons ensemble notre part pour transiter vers une vie plus harmonieuse.
Christophe Taton
Viticulteur bio au Cellier des coteaux de Lançon.
Alain KALT (retranscription)
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