Aspartame : une dose journalière admissible contestable
28-05-2011 Alors que l’Anses (1) a mis en place un groupe de travail chargé d’évaluer les risques liés à la consommation d’édulcorants intenses, la Dose Journalière Admissible (DJA) fixée pour l’aspartame n’en finit plus de faire débat. Encore en vigueur, celle-ci fut fixée à 40 mg/kg/J, en 1980, par le JEFCA (Comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires). Sa légitimité est aujourd’hui remise en question, notamment par le Réseau Environnement Santé (RES).
Les références de publication scientifique des études à l’origine de la DJA de l’aspartame faisant défaut, RES a demandé à l’Anses de lui communiquer directement ces études. A cette requête, Mr Hugues Kenigswald, chef de l’unité responsable du dossier à l’agence a répondu : « L’EFSA ne dispose pas du dossier de demande d’autorisation de l’aspartame en Europe [...] les contacts que nous avons eu à ce sujet avec nos collègues de la Commission Européenne semblent indiquer que la Commission européenne ne dispose plus de ce dossier ».
Outre ces documents manquants, les conditions dans lesquelles se sont déroulées ces études scientifiques sont, elles aussi, remises en cause. Ainsi, Jacqueline Verrett, une responsable de la FDA (2) américaine, a témoigné de nombreuses défaillances, dont l’absence de protocole préalable à la mise en route de l’étude. Selon elle, les animaux n’étaient pas étiquetés de façon permanente afin d’éviter des mélanges, et la consommation et le poids des animaux étaient mesurés de manière sporadique ou inadéquate. Des tumeurs étaient retirées chez certains animaux, lesquels étaient ensuite remis dans l’étude. De même, des animaux enregistrés morts réapparaissaient comme vivants dans des enregistrements ultérieurs. Estimant qu’une seule de ces aberrations est motif à annulation de l’étude, Jacqueline Verrett a déclaré : « Il est impensable que n’importe quel toxicologue, après une évaluation objective des données résultant d’une telle étude puisse conclure autre chose que l’étude était ininterprétable et sans valeur et qu’elle devrait être refaite ».
A la lumière de ces éléments, RES appelle l’Anses et à l’Efsa (3) à ne plus se fonder sur des études non publiées, « introuvables » et de qualité douteuse pour fixer la DJA de l’aspartame. Dans l’attente d’une réévaluation de ce dossier par l’Efsa, attendue d’ici l’été 2012, le réseau réitère sa demande de mise en place de recommandations officielles à destination des personnes vulnérables, telles que les femmes enceintes.
Cécile Cassier, Journaliste UNIVERS-NATURE.COM
1- L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été créée le 1er juillet 2010 par la fusion de deux agences sanitaires françaises : l’Afssa (Agence française de sécurité sanitaire des aliments) et l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail). 2- La Food and drug administration (FDA) est l’agence américaine des denrées alimentaires et des médicaments. 3- Agence européenne de la sécurité alimentaire.
Alain KALT (retranscription)
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