L’erreur quotidienne qui peut vous rendre obèse et malheureux, une mauvaise gestion du sommeil.
Cette erreur, c’est de dormir peu la nuit. Avec moins de sept heures de sommeil par nuit, très exactement 6 h 58, les Français sont les rois des mauvais dormeurs. Et la situation empire d’année en année. L’apparition de la télévision dans les foyers a amputé les nuits de plus d’une heure dans les années 60, mais Internet et les téléphones portables ont encore aggravé la situation. En 50 ans, la réduction du temps quotidien du sommeil a été d’environ 1 h 30. Sur une année, il nous manque plus d’un mois et demi de sommeil par rapport à nos besoins. Les plus touchés sont les enfants. Agitation, mauvais résultats scolaires, hyperactivité peuvent être de simples conséquences d’un manque de sommeil chronique. L’interdiction rigoureuse des dessins animés le matin à la télévision, qui les incite à se réveiller trop tôt, devrait faire partie des principes de base de tous les parents qui souhaitent éviter que leur vie de famille ne se transforme en guerre de tranchées.
Des conséquences graves
Chez les adultes également, le manque de sommeil a des conséquences graves. Il favorise l’obésité et le diabète, mais aussi les affections cardio-vasculaires ou psychiques telles qu’anxiété ou dépression. Sans compter que selon l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) la somnolence est la première cause d’accident sur autoroute (1 sur 3), avant l’alcool (1 sur 6) et la vitesse (1 sur 10).
A long terme, le manque de sommeil peut causer :
une augmentation du risque de diabète. Les personnes qui manquent de sommeil ont tendance à manger plus de sucreries et de snacks, au détriment des légumes et d’une alimentation saine. Les chercheurs supposent que ce désir vient du fait que votre cerveau brûle du glucose pour fonctionner. Ayant des difficultés à tourner lorsque vous manquez de sommeil, votre cerveau cherche à compenser en augmentant son niveau de glucose, et vous avez des envies irrésistibles de grignoter.
gain de poids : quand vous manquez de sommeil, votre corps diminue sa production de leptine, l’hormone qui indique à votre cerveau que vous avez assez mangé. Simultanément, votre taux de ghréline augmente, l’hormone de la faim. Le manque de sommeil perturbe aussi les sécrétions de deux hormones brûle-graisses : la testostérone et l’hormone de croissance.
vieillissement.
hypertension (hausse de votre pression sanguine).
dépression.
Augmentation du risque de cancer, peut-être via une diminution du niveau de mélatonine, une hormone sécrétée la nuit, qui possède des propriétés anti-cancer (les tumeurs grossissent deux à trois fois plus vite chez les animaux de laboratoire qui souffrent de graves perturbations du sommeil).
En d’autres termes, l’impression de malaise que vous avez lorsque vous n’avez pas assez dormi n’est pas une illusion : réellement, votre corps et votre cerveau souffrent. Il est normal que vous en ressentiez les conséquences physiquement.
Les stupéfiantes vertus du sommeil
Réciproquement, dormir plus aura sur vous des effets bénéfiques que vous ne soupçonnez peut-être pas. Une étude vient de sortir dans la revue médicale Sleep (Sommeil), sur les joueurs de basket professionnels de l’Université de Stanford, en Californie. Ils ont essayé de dormir au moins 10 heures par nuit pendant cinq à sept semaines, soit une à trois heures de plus que d’habitude. Tous n’y sont pas parvenus mais, en moyenne, ils ont tout de même réussi à dormir 90 mn de plus. Les résultats ont été immédiats : ils se sont tous mis à courir plus vite, mettant en moyenne une seconde de moins pour faire un aller-retour et demi sur le terrain. Soit une différence de vitesse décisive lors d’un match. Les chercheurs se sont aussi aperçus qu’ils visaient mieux (plus de balles au panier), qu’ils étaient moins fatigués la journée, et que leur humeur générale s’était améliorée. A noter que les joueurs dormaient en fait beaucoup moins qu’ils ne le pensaient. Ils estimaient dormir environ 10 h 30 par nuit, mais ils portaient des appareils à leur poignet mesurant leur temps de sommeil en fonction de leurs mouvements. Selon les appareils, les joueurs ont dormi en moyenne 6 h 45 pendant les cinq premières semaines de l’étude, et 8 h 30 pendant la seconde période. Les experts du sommeil mettent cependant en garde contre l’excès de sommeil : dormir 10 heures par nuit n’est pas forcément adapté pour vous, en plus du fait que cela puisse vous poser des problèmes pratiques. Dormir plus de neuf heures par nuit augmenterait son risque cardiovasculaire de 50 %. 7 à 9 heures est la durée optimale de sommeil, selon le Dr Anil Rama, directeur médical du Sleep Medicine Laboratory à Kaiser San Jose (Californie). Le sommeil, aussi important que le sport et l’alimentation Le marathonien et triathlète Scott Dunlap a déclaré cette semaine dans le journal San Francisco Chronicle, que depuis deux ans il inclutde plus longues nuits de sommeil dans son programme d’entraînement au marathon : « Si vous regardez mon plan d’entraînement, le sommeil a la même importance que la distance que je parcours et que les chronos que je fais » (ma traduction). Scott Dunlap dort habituellement six à sept heures pendant son entraînement, mais passe à neuf à dix heures par nuit pendant les deux semaines qui précèdent les courses, selon le San Francisco Chronicle. « Mes performances se sont drastiquement améliorées depuis que je dors plus. Cela fait pour moi la différence entre arriver difficilement dans les dix premiers, et finir sur le podium. » (ma traduction). A votre santé ! Jean-Marc Dupuis ************************
Alain KALT (retranscription)
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