Environnement Lançonnais

Live Japon : la radioactivité stimule la recherche

jeudi 4 août 2011 par Alain KALT (retranscription)

Publiée par Karyn Poupée le Samedi 30 Juillet 2011

Tous les Japonais ont la même inquiétude : comment être sûrs que l’on ne baigne pas en permanence dans un environnement radioactif, du fait des rejets de la centrale de Fukushima mise à mal par le séisme du 11 mars ? Peut-on faire confiance aux mesures effectuées par les autorités ? Et si tous les foyers s’équipaient d’un compteur Geiger ?

Depuis quelques semaines, dans les temples de l’électronique japonais, l’on trouve en rayon des dosimètres pour mesurer la radioactivité, des appareils qui n’auraient pas trouvé d’acheteurs il n’y a ne serait-ce que 6 mois mais que tout le monde aujourd’hui regarde avec intérêt. Reste que les modèles proposés ne sont pas à la portée de toutes les Bourses, notamment celles de personnes sinistrées de Fukushima qui en auraient pourtant le plus besoin. Les prix des produits disponibles dans l’enseigne Bic Camera se situent dans la fourchette de 450 à 500 euros. Il s’agit souvent de modèles importés.

Si l’on veut moins cher, il faut se contenter d’un petite carte analogique sensible, telle la RAD Fit à 35 euros, disponible aussi en pharmacie et qui est capable d’afficher le cumul des doses reçues mais pas de mesurer le débit de dose en un lieu donné à l’instant T. Face à cela, la société nippone S.T. fait acte de salubrité publique. Elle va mettre en vente fin octobre un dosimètre conçu avec une université de Tokyo à un tarif très grand public de moins de 150 euros, accompagné d’un livret explicatif sur la radioactivité.

L’appareil, qui mesure 8cm sur 6 cm pour 3 cm d’épaisseur et pèse seulement 105 grammes, permet d’effectuer facilement des mesures ici et là. Il est clairement destiné aux familles, notamment celles avec enfants, plus sensibles encore que les adultes aux effets des radiations. "J’en veux un !", tout le monde ici réagit ainsi. Le problème est que la société en question ne pourra en produire que 50.000 unités d’ici à la fin de l’année. Il serait appréciable que les autorités ou d’autres entreprises lui facilitent une extension de ses capacités industrielles.

L’inquiétude relative à la radioactivité ne concerne pas seulement l’air ambiant, mais aussi la nourriture, une angoisse qui stimule aussi le secteur de l’électronique et les chercheurs.

Onze, plus de 150, 600, 1500, plus de 3000, de jour en jour l’on a découvert ces derniers temps un cheptel grossissant de boeufs radioactifs, dans un nombre étendu de préfectures nippone. De la viande bovine, mise dans le commerce et en partie consommée, a laissé apparaître une teneur trop élevée en césium radioactif.

Cette mauvaise découverte, résultant de la pollution radioactive consécutive à l’accident nucléaire de Fukushima, a forcé à des recherches sur la provenance des bêtes et leur parcours dans la chaîne agro-alimentaire. Les investigations conduites par les autorités ont révélé que les bovins incriminés avaient été expédiés à partir de fermes des préfectures d’Iwate (nord), Akita (nord), Gunma (centre), Niigata (côte ouest), Gifu (centre) et Shizuoka (centre-sud), Niigata, Fukushima (nord-est), Yamagata (centre) et Saitama (région de Tokyo). Rappelons que d’importantes quantité de radiations ont été émises dans l’atmosphère, le sol et l’eau de la région depuis l’accident, contraignant à l’évacuation de plus de 80.000 personnes dans un rayon de 20 km autour de la centrale et dans plusieurs localités situées dans une bande plus distante au nord-ouest.

Après le recueil des premiers éléments inquiétants, le gouvernement japonais a interdit la vente du boeuf des préfectures de Fukushima et de Miyagi, une mesure qui risque d’être élargie à d’autres provinces dans les prochains jours. Par la suite, l’extension des contrôles a permis de déceler d’autres cas qui amplifient l’anxiété de la population.

Avec des accidents de cette nature, on comprend la nécessité de systèmes sophistiqués de traçabilité des produits alimentaires : si l’on a pu savoir in fine dans quels supermarchés avaient finis les lots de viande, c’est grâce à un identifiant unique pour chaque bête, à une base de données mutualisée en réseau, à des systèmes de saisie facilitée par l’utilisation de codes-barres et puces électroniques. Reste que d’importants progrès sont encore à faire en la matière, pas tant sur le plan technique que dans l’utilisation. On en veut pour preuve que les porcs ne sont pas obligatoirement immatriculés de la sorte. Ce ne sont pourtant pas les solutions qui manquent.

Des groupes comme Toshiba, Hitachi ou Fujitsu ont maintes technologies à proposer en la matière, de même que des chercheurs comme Ken Sakamura qui a conçu une nomenclature permettant d’immatriculer de façon unique absolument tous les objets et produits de la planète pendant des décennies pour en suivre le parcours et établir des liens entre eux, y compris pour les végétaux. Justement, ce sont eux les premiers responsables de la propagation radioactive dans la chaîne alimentaire, alors que faire ?

Craignant pour leur santé mais réticents à consommer des produits importés, les Japonais pensent que les "usines à légumes" sont peut-être la solution à l’absence de terres arables sur leur sol et à la radioactivité ambiante. Il s’agit, selon la définition du ministère japonais de l’Agriculture, de lieux "totalement fermés où ne pénètre pas la lumière du soleil et où l’éclairage est intégralement artificiel", ou bien d’espaces où l’on utilise certes la lumière du soleil mais où l’on simule le rythme des saisons et module la puissance lumineuse en contrôlant artificiellement les autres paramètres comme la température ou le degré d’humidité.

Une usine à légumes n’est donc pas une serre, mais un endroit fermé, high-tech, sans terre, qui peut prendre place dans le sous-sol d’un building de Tokyo et exige des techniques électroniques de pointe pour gérer l’éclairage, etc. Ceci constitue une nouvelle voie de développement au Japon pour les groupes d’électronique locaux qui souffrent par ailleurs d’une concurrence infernale dans le domaine des produits grand public.

Quelles sont les technologies employées dans les usines à végétaux ultra-modernes :

- des diodes électroluminescentes (LED) et autres sources lumineuses à faible consommation électrique
- des panneaux solaires et autres formes de production électrique propre
- des automates pour s’occuper des plantations
- des capteurs divers et variés
- des micro-processeurs pour gérer le tout
- des appareils de mesure et analyseurs biologiques pour contrôler la qualité de la production et faire en sorte qu’elle soit stable
- etc.

Quels sont, selon les autorités japonaises, les avantages de telles installations ?

- La récolte ne fluctue pas en fonction des caprices des saisons, de la qualité de l’air et du climat : on peut cultiver à tout moment et en tout lieu ce que l’on veut
- Plus besoin de sélectionner un terrain particulier.
- On peut installer plusieurs niveaux dans un espace réduit (comme une bibliothèque) ce qui donne une grande productivité par mètre carré au sol
- La qualité gustative est mieux contrôlée grâce à la gestion intégrale de tous les paramètres essentiels (lumière, quantité d’eau)
- Pas d’utilisation de produits chimiques (notamment contre les insectes)
- Gestion du personnel facilitée, puisque pas de fluctuations saisonnières
- Des entreprises venant d’autres univers que l’agriculture (notamment des sociétés de technologies) peuvent investir dans ce domaine

Quels sont, toujours du point de vue des autorités nippones, les inconvénients des "usines à légumes" ?

- Les coûts des équipements et de l’exploitation sont élevés
- Il faut sécuriser la clientèle pour que la capacité de production soit pleinement utilisée toute l’année
- Les types de fruits et légumes qui peuvent actuellement, compte tenu des technologies disponibles, être cultivés dans ces espaces sont encore trop peu nombreux. Il s’agit essentiellement de salades, de navets et autres produits proches.
- Le contrôle rigoureux de tous les paramètres exige des techniques complexes et des personnes spécialement formée

Se posent aussi des problèmes d’ordre législatifs, tenant notamment au fait que les mesures d’aide donnée pour l’agriculture n’incluent pas encore ces dispositifs électroniques. Pour autant, face aux risques de contamination radioactive, et même si elles sont gourmandes en électricité, les usines à légumes intéressent. Des géants de la grande distribution, des restaurateurs, des maisons de commerce international se sont lancés dans cette activité.

Pour promouvoir les salades et autres légumes issus des usines à végétaux, les chercheurs spécialisés conseillent notamment de mentionner les points suivants :

- Possibilité de conservation longue durée au réfrigérateur (réduction du gaspillage)
- Inutile de laver les produits avant de les consommer, puisqu’ils sont cultivés dans un espace sans terre, hygiénique et sans produits chimiques
- Apparence parfaite (voire carrément improbable dans la nature), mais argument massue, car, comme l’explique Akao Tsutomu, "sommelier de légumes", "les Japonais sont d’une exigence insensée vis-à-vis de la beauté de la nourriture, particulièrement des produits frais"

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