LES CULTURES OGM.
Un rapport indique une diminution des surfaces cultivées en OGM avec moins de 0,06 % des champs européens cultivées en OGM en 2010, soit une baisse de 23 % entre 2008 et 2010. Un recul qui n’est peut-être pas sans lien avec la pression constante de l’opinion publique. Un sondage publié en octobre 2010 révèle que 61 % des Européens se méfient des OGM - des scores allant jusqu’à 96 % pour la Norvège ou l’Allemagne-. Même l’ Espagne qui concentre les trois-quarts de la surface totale des terres consacrées à la culture d’ OGM en Europe, connaît une opposition de 74 % à ces cultures.
La surprise est venue du Pérou le 7 juin dernier, pays qui a décidé d’un moratoire de dix ans sur les OGM. Ce vote fait que le Pérou rejoint les quelques pays d’ Amérique latine, à savoir Guyana, Surinam, Equateur et Vénézuela, qui ne cultivent pas d’OGM. Cette fronde anti-OGM est la suite d’une résistance grandissante en Europe où seulement deux OGM sont plantés, le maïs Mon 810 du géant américain Monsanto et la pomme de terre Amflora de l’allemand BASF. Sept Etats membres de la Communauté européenne, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la France, la Grèce, la Hongrie, le Luxembourg et la Bulgarie, maintiennent une interdiction de la culture du maïs Mon 810 cependant que la pomme de terre Amflora a été retoquée par trois pays européens prétextant des inquiétudes sanitaires.
Le Kenya vient de donner son feu vert pour le développement sur son territoire de certaines cultures d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Le coton Bt de Monsanto devrait être la première culture OGM à être soumise à l’approbation au Kenya pour des essais à ciel ouvert, ainsi que pour une production commerciale...Cette autorisation intervient deux ans après la loi sur la biosécurité votée au Kenya qui permettait en principe la production commerciale de cultures transgéniques.
De la toxine Bt a été retrouvée dans le sang de femmes enceintes et de leurs foetus au Québec (Canada). Une étude indépendante réalisée à l’Université de Sherbrooke (Canada) auprès de femmes enceintes, de leurs foetus et de femmes non enceintes révèle la présence de résidus de pesticides issus d’aliments transgéniques dans le sang de chacun de ces groupes.Des résidus de glyphosate et de glufosinate (herbicides couramment utilisés lors de la culture de certaines plantes génétiquement modifiées) ont également été retrouvés. Ces femmes et leur conjoint étant citadins et n’ayant jamais travaillé au contact de pesticides, ces résultats résulteraient principalement de leur alimentation.
En France, le décret du 13.07.2011 relatif à la déclaration de mise en culture de végétaux génétiquement modifiés précise les informations qui doivent être communiquées pour la culture d’OGM. Il concerne les exploitants agricoles, les entreprises, les instituts de recherche et les autres organismes mettant en culture des végétaux génétiquement modifiés. Le texte entrera en vigueur le 1er octobre 2011. Ainsi les exploitants et détenteurs d’autorisation de dissémination volontaire d’OGM ont obligation de déclarer auprès de l’autorité administrative les lieux où sont pratiqués ces cultures et d’informer préalablement aux semis les exploitants de parcelles entourant les cultures d’OGM.
Interdiction des OGM : la Constitution hongroise non conforme au droit européen ?
Alors que la Hongrie a déjà activé une clause de sauvegarde sur le maïs OGM 810 (aux côtés de six autres pays de l’UE dont la France), le pays entend aller plus loin et aurait inscrit dans sa nouvelle Constitution, adoptée le 18 avril, l’interdiction des OGM sur son territoire. D’après l’article XX du texte, "la Hongrie garantit une agriculture sans OGM, l’accès à une alimentation saine et l’eau potable". Ce texte devrait entrer en application le 1er janvier 2012. Mais il reste à préciser s’il s’agit d’une interdiction des cultures OGM dans le pays et/ou des importations ? La Constitution hongroise pourrait néanmoins être confrontée au droit européen. "En effet, en 1964, la Cour de Justice de l’UE a pris un arrêt qui affirme la primauté du droit européen sur les droits nationaux, y compris ceux des Constitutions nationales."
Peut-on revenir sur une autorisation ?
Oui, si un pays considère sur la base d’éléments objectifs que le produit présente un risque pour la santé ou l’environnement, il peut en limiter ou en interdire provisoirement l’utilisation ou la vente sur son territoire. Dans un délai de trois mois, une décision communautaire acceptera ou refusera les mesures prises par l’Etat membre concerné. Cette clause de sauvegarde est prévue par la directive 2001/18, le règlement 1829/ 2003 et les directives semences. Plusieurs Etats membres ont pris ainsi des mesures de restriction et/ou d’interdiction concernant des produits autorisés dans le cadre de la directive 90/220. Au total, dix clauses de sauvegarde ont été invoquées depuis 1997 par la France, l’Autriche, le Luxembourg, l’Allemagne, la Grèce et la Hongrie. Elles concernent les maïs Bt176 ; Monsanto 810 et T25, et les colzas MS14RF1 et Topas 19/2. La Commission européenne a soumis au vote des Etats membres des décisions visant à abroger les clauses de sauvegarde. Celles-ci ont été rejetées à la majorité qualifiée lors du Conseil des ministres du 9 juin 2005.
LES OGM ET LA DISSEMINATION
Depuis 1996, Greenpeace se bat contre la dissémination des Organismes génétiquement modifiés (OGM). Ils présentent beaucoup trop de risques pour que l’on puisse se permettre leur généralisation. Ils sont un danger pour l’environnement, présentent des risques pour la santé et menacent les équilibres économiques et sociaux. Ils posent également des questions éthiques qui n’ont pas fait l’objet d’un débat suffisant. Greenpeace est opposée à la culture des OGM en plein champ parce qu’elle est source de pollution génétique, parce qu’elle menace la biodiversité, parce qu’elle contamine inévitablement les filières agricoles traditionnelles et "bio". Par contre Greenpeace n’est pas opposée à la recherche en milieu confiné (sous serre ou en laboratoire), notamment dans une perspective médicale. Nous ne sommes pas contre la recherche et le progrès. Nous sommes pour que la science profite à tous en respectant l’environnement. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les OGM enrichissent les grandes multinationales comme Monsanto ou Bayer. Elles nous présentent les OGM comme la solution à la faim dans le monde. Mais 99% des céréales génétiquement modifiées n’ont pas un rendement supérieur aux céréales traditionnelles. Elles ne résistent pas non plus à la sécheresse. En outre, les OGM appauvrissent les petits paysans, standardisent les pratiques agricoles et mettent en danger la biodiversité. Ils vont à l’encontre d’une agriculture durable et arrivent dans nos assiettes sans que nous ayons pu donner notre avis. Au final, les OGM assoient le pouvoir d’une infime minorité sur le reste de l’humanité.
LES OGM ET LEURS PROBLÈMES
Une contamination inévitable
La généralisation des OGM condamne à mort les autres filières agricoles : la filière traditionnelle et la filière "bio". La coexistence entre ces trois formes d’agriculture est impossible. La contamination des champs et des produits "non-OGM" par la filière OGM est inévitable. En outre, les OGM arrivent dans nos assiettes par le biais de l’alimentation animale. 80% des animaux d’élevage consomment en effet des OGM, qui se retrouvent dans les produits issus de cet élevage : le lait, la viande, les œufs ..que nous achetons !
Une information insuffisante
Le consommateur manque d’information. Si un produit contient moins de 0,9% d’OGM, ce n’est pas indiqué. Si les animaux dont sont issus les produits mis en vente ont été nourris aux OGM, le consommateur ne peut pas le savoir. L’étiquetage est clairement insuffisant. Les consommateurs se retrouvent ainsi complices de cultures dont ils ne veulent pas.
Une agriculture productiviste
Les OGM s’inscrivent dans la logique d’une agriculture productiviste qui ne respecte pas l’environnement. D’abord, ils favorisent souvent l’usage des pesticides qui polluent les sols et les nappes phréatiques.Ensuite, il est prouvé qu’ils menacent la biodiversité animale et végétale. Ils sont toxiques pour certains insectes et peuvent conduire à l’apparition de mauvaises herbes extrêmement résistantes. Pire. En manipulant le patrimoine génétique de certaines plantes, ils créent de nouvelles espèces qui n’auront pas évoluées avec leur environnement.
Une éthique méprisée
C’est aussi d’éthique qu’il s’agit quant on aborde la question des OGM. Peut-on manipuler le vivant ? A quelles conditions ? Jusqu’où ? Les consommateurs ne sont-ils pas les cobayes de quelques multinationales de l’agro-alimentaire ? L’environnement et la santé humaine ne devraient-ils pas primer sur les intérêts économiques de quelques entreprises ? Actuellement, on assiste plutôt à la main mise d’une petite minorité d’individus peu scrupuleux sur une majorité de paysans et de consommateurs. Les OGM menacent les droits des agriculteurs de produire sans OGM et par là même le droit des consommateurs de manger sans OGM.
Alain KALT (retranscription)
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