Techniques simples contre le cancer du sein
Si vous vous êtes déjà renseigné sur le cancer du sein, vous savez qu’il s’agit d’un cancer hormonodépendant, c’est-à-dire sensible aux hormones. Autrement dit, plus vous êtes longtemps exposée aux hormones féminines, plus votre risque de cancer du sein augmente (je mets au féminin car le cancer du sein peut certes toucher des hommes, mais ce sont malheureusement les femmes qui sont concernées dans 99 % des cas). Les femmes qui ont leurs règles tôt, leur ménopause tard, ou qui prennent des hormones féminines (œstroègnes et progestérone) ont donc un risque augmenté de cancer du sein. Plusieurs études, en tout cas, sont formelles à ce sujet :
Hausse du risque de 65 %
L’été dernier, dans une étude portant sur plus de 50.000 femmes afro-américaines, l’épidémiologiste Lynn Rosenberg (Université de Boston) a constaté que le risque de développer une forme particulièrement agressive de cancer du sein augmentait de 65 % chez les femmes qui avaient pris la pilule contraceptive hormonale. Le risque doublait même chez celles ayant utilisé le contraceptif au cours des cinq dernières années, et qui l’avaient pris en tout pendant plus de dix ans. (1) Ces résultats font écho aux résultats très inquiétants qui avaient été obtenus en 2002 par la « Women Health Study » (Santé des Femmes) sur les traitements hormonaux substitutifs au moment de la ménopause. L’étude, la plus grande jamais réalisée sur les hormones, avait dû être interrompue d’urgence lorsque les chercheurs avaient constaté que les femmes prenant des hormones de synthèse avaient un risque nettement plus élevé de cancer du sein, d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral (attaque cérébrale) et d’embolies. Or, ce sont les mêmes types d’hormones de synthèse qui sont utilisés dans la plupart des pilules contraceptives. A noter toutefois que les traitements hormonaux substitutifs utilisés aux Etats-Unis ne sont pas les mêmes que ceux utilisés en France. En France, le recours à des hormones « bio-identiques » n’entraîne pas les mêmes risques sanitaires. Cependant, face aux angoisses légitimes que peut susciter la prise d’hormone de synthèse, et face à la nécessité malgré tout d’agir au moment de la ménopause, de nombreuses femmes se demandent si elles pourraient se tourner vers les phytoestrogènes.
Les phytoestrogènes sont-ils la substance miracle ?
Les phytoestrogènes sont des substances semblables aux hormones qui se trouvent naturellement dans les plantes. L’action des phytoestrogènes varie selon les personnes, votre équilibre hormonal et, bien sûr, le type de phytoestrogène ingéré. Mais en résumé, si l’organisme produit trop d’œstrogènes, les phytoestrogènes peuvent bloquer partiellement leur effet négatif, tandis que s’il y a une déficience, ils peuvent combler une partie des besoins. (2) (3) Ce sont donc des substances qui ont énormément attiré d’intérêt sur elles, surtout au début des années 2000. Cependant, les experts estiment aujourd’hui que l’affinité des phytoestrogènes avec les récepteurs des œstrogènes est de 100 à 1 000 fois moins forte que celle des hormones naturelles et des hormones de synthèse. D’autre part, les études sur l’incidence des phytoestrogènes sur la santé sont contradictoires. Les femmes asiatiques consomment beaucoup de soja, riche en phytoestrogènes appelés isoflavones. Or, on constate historiquement qu’elles ont quatre à sept fois moins de cancer du sein que les femmes américaines. Mais cette observation ne permet pas de tirer de conclusion définitive. Beaucoup d’autres particularités de leur mode de vie peuvent expliquer cette différence. Enfin, une étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition concernant 15 000 femmes aux Pays-Bas est arrivée à la conclusion que les isoflavones n’avaient pas d’effet sur le risque de cancer du sein, mais que les lignanes, une autre catégorie de phytoestrogènes, avaient, elles, un effet réducteur de 30 %. Les graines de lin (mais pas leur huile) sont, de loin, la meilleure source alimentaire de lignanes : elles en contiennent environ 86 mg par portion de 30 g. On en trouve aussi, mais beaucoup moins, dans les graines (sésame, citrouille, tournesol, pavot), dans les grains entiers et leur son (seigle, avoine, orge), ainsi que dans les petits fruits. Cependant, si vous lisez cette étude dans le détail (références ci-dessous), vous vous apercevrez à quel point les conclusions sont difficiles, floues, et incertaines. La morale de l’histoire est que vous pouvez consommer des phytoestrogènes sans vous soucier de leurs effets. Selon l’American Institute for Cancer Research, vous pouvez manger du soja sans problème, y compris si vous avez le cancer du sein. Ça ne vous fera pas de mal... mais ce n’est pas non plus l’arme fatale contre le cancer. D’où l’intérêt de vous pencher sur d’autres moyens d’agir contre le cancer du sein, moyens qui, eux, reposent sur des preuves scientifiques :
Autres solutions efficaces de prévenir le cancer du sein
Un volumineux rapport a été produit en 2009 par l’American Institute for Cancer Research, ajoutant les résultats de 81 nouvelles études à ceux de 800 études existantes sur les habitudes de vie des personnes qui développent le cancer du sein. C’est une bonne nouvelle pour les femmes dans la mesure où elles peuvent aujourd’hui agir pour se protéger, à commencer par les moyens suivants :
Soyez aussi fine que possible, mais sans être trop maigre :
l’indice de masse corporelle (IMC) d’une personne en bonne santé doit être supérieur à 18,5, sans dépasser 25. Pour calculer votre IMC, vous devez prendre votre poids en kilogrammes, et le diviser par votre hauteur au carré. Par exemple, si vous faites 1,65 m et que vous pesez 55 kg, votre IMC est de 55 / (1,65 x 1,65), soit 20,22. Les femmes qui sont dans la fourchette basse de l’IMC optimal, donc plus proches de 18,5 que de 25, minimisent le risque d’avoir un cancer du sein.
Pratiquez une activité physique au moins 30 minutes par jour :
si vous ne pouvez pas le faire, essayez d’en faire tout de même un peu. Un peu de sport vaut mieux que rien du tout.
Limitez votre consommation d’alcool :
ne buvez pas d’alcool plus d’une fois par jour.
Allaitez :
les jeunes mamans doivent allaiter leur bébé exclusivement jusqu’à six mois, si elles le peuvent bien sûr. Les preuves sont aujourd’hui bien établies qu’allaiter jusqu’à six mois réduit le risque de cancer du sein.
Mangez sainement :
diminuez votre consommation de glucides (sucres rapides ET sucres dits « lents »). Augmentez votre consommation de légumes et fruits frais, noix, baies, poissons gras, viandes blanches, huiles de haute qualité. Préférez les cuissons à basse température aux fritures, grillades et cuissons à la cocotte-minute. Selon l’American Institute for Cancer Research, ces simples modifications de votre style de vie peuvent déjà suffire à faire baisser votre risque de cancer du sein de 40 %.
Ai-je oublié une recommandation essentielle ?
Oui, absolument !
Si vous vivez dans une zone peu ensoleillée, et particulièrement en cette saison où la grisaille s’installe dans de nombreux pays, pensez à votre niveau de vitamine D. La vitamine D se trouve dans les poissons gras, mais votre principale source d’approvisionnement est le contact direct des rayons du soleil sur votre peau, et ce sans qu’une vitre ni une crème solaire ne vienne s’interposer. En fait, cette simple recommandation pourrait potentiellement réduire le nombre de cancers de moitié ! En effet, la vitamine D agit contre le cancer de la façon suivante :
elle augmente la capacité d’autodestruction des cellules mutantes (qui, si on les laisse se diviser, peuvent mener à l’apparition d’une tumeur) ;
elle ralentit la vitesse de reproduction des cellules cancéreuses ;
elle aide à la différenciation cellulaire (ce que ne font pas généralement les cellules cancéreuses, qui ne sont pas différenciées) ;
elle réduit l’angiogénèse, c’est-à-dire le développement de nouveaux vaisseaux sanguins qui viennent nourrir la tumeur, et potentiellement transformer une tumeur bénigne en tumeur maligne.
Il existe maintenant des preuves écrasantes qu’un très grand nombre de cancers pourraient être évités chaque année dans les pays industrialisés, sans douleur, si les populations se préoccupaient de ramener leur taux de vitamine D à un niveau optimal, en prenant plus le soleil, en mangeant plus de poissons gras, et en prenant des compléments de vitamine D pendant les mois d’hiver.
Et encore un conseil.
Enfin, il y a encore une chose de plus que vous pouvez faire contre le cancer du sein : veillez à ce que votre niveau de fer ne soit pas excessif. Ceci concerne particulièrement les femmes qui ont passé la ménopause, et qui ne perdent plus de fer. Le fer peut s’accumuler dans leur organisme, où il a un puissant pouvoir oxydant, augmentant le nombre des radicaux libres et augmentant le risque de cancer. Tout ce que vous avez à faire pour cela est de mesurer si votre niveau de ferritine est au-dessus de 80. Si c’est le cas, participez au don du sang, cela diminuera votre niveau de fer et réduira votre risque de cancer du sein.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Le point de vue du Dr. Gérard Mégret
Qualifier et quantifier les facteurs de risque du cancer du sein est une tâche ardue pour les chercheurs, tant les éléments susceptibles d’intervenir dans sa genèse sont nombreux et variés. Pour autant, une relative unanimité se dégage à propos du traitement hormonal de substitution (THS) à la péri-ménopause. En effet, outre l’augmentation du risque de cancer mammaire, les accidents cardio-vasculaires divers s’avèrent eux aussi significativement plus élevés sous THS. D’où les espoirs suscités par les phytoestrogènes (PE), substances naturelles présentes dans les plantes, aux propriétés ‘’hormones-like’’ c’est à dire pouvant reproduire à quelques nuances et efficacité près les actions hormonales des estrogènes. Las. Les nombreuses études publiées à leur sujet ne permettent pas de trancher formellement tant elles sont souvent contradictoires. Pire, on ne peut même pas affirmer leur totale innocuité en particulier chez les patientes sous tamoxifène -traitement complémentaire des tumeurs du sein ou préventif des récidives- ou celles à fort risque de cancer du sein. Donc dialogue nécessaire avec le médecin traitant avant de vous précipiter sur les PE. A propos des autres auto-mesures susceptibles de prévenir la maladie, bien entendu une bonne hygiène nutritionnelle et comportementale a toute sa place. D’autant plus qu’elle joue aussi favorablement en faveur de la prévention cardiovasculaire. Enfin, je ne peux que souscrire à l’avis favorable porté sur la vitamine D. Les études les plus récentes confirment une corrélation positive entre le taux de vitamine D (exprimée par son dosage sanguin, la 25 OH D3) et la baisse du risque de cancer en général et du sein en particulier. Ce, qu’elle soit apportée par exposition solaire, le régime ou la supplémentation. Et puisque vous en êtes à la prise de sang, profitez-en effectivement pour doser votre ferritine…
Dr.GM
Références :
(1) Published OnlineFirst July 20, 2010 ; doi : 10.1158/1055-9965.EPI-10-0428 Cancer Epidemiol Biomarkers Prev August 2010 19 ; 2073
(2) Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, troisième édition, 2006, pages 1890 à 1892.
(3) The Natural Pharmacist (Ed). Natural Products Encyclopedia, Herbs & Supplements – Isoflavones + Lignans, ConsumerLab.com. [Consulté le 13 octobre 2006].
(4) Am J Clin Nutr February 2004 vol. 79 no. 2 282-288
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Alain KALT (retranscription)
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