Cette vitamine peut réduire le risque de décès de 77 %
Dans la série des nouvelles qui n’ont pas été publiées par Le Figaro (ni par les autres quotidiens français), il y a cette étude qui nous concerne tous, et qui a été présentée lors des sessions scientifiques de l’American Heart Association (association américaine pour le cœur) de 2009. En deux ans, elle n’a toujours pas eu le temps de traverser l’Atlantique ! C’est donc sur nos épaules que repose, une fois de plus, la responsabilité d’en informer le très sélect public de S&N...
Ce public sait bien sûr que la vitamine D est cruciale pour les os : c’est le manque de vitamine D qui est responsable du rachitisme, un défaut de calcification et de fixation du phosphore dans les os.
Mais cette nouvelle étude montre également que le manque de vitamine D augmente de façon significative le taux de décès, toutes causes confondues. Sur 27 000 personnes de plus de 50 ans, et qui n’avaient jamais eu de problèmes cardiaques, on s’est aperçu que celles qui avaient un taux très bas de vitamine D (inférieur à 15 ng/mL) étaient beaucoup plus en danger de mourir que les autres. (1)
Leur risque de décéder était 77 % plus élevé, leur risque de développer une maladie coronarienne de 45 % plus élevé, et le risque d’être frappé par une attaque vasculaire cérébrale de 78 % plus élevé que celui des personnes ayant un taux normal de vitamine D (>30 ng/mL). D’autre part, la Société canadienne de pédiatrie affirme : « La carence en vitamine D est liée à l’ostéoporose, à l’asthme, aux maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques et les maladies inflammatoires de l’intestin, au diabète, à une perturbation du fonctionnement musculaire, à la résistance à la tuberculose et à la pathogenèse de types précis de cancer ». (2) Rien que ça !!
Ce qui veut dire, cher lecteur, qu’en ces jours maussades du mois de décembre, vous devez absolument vous préoccuper de vos apports en vitamine D, du moins si vous tenez à vivre mieux, et plus longtemps.
Déficit chronique dans les pays du Nord
La vitamine D est principalement produite par la peau, à partir du cholestérol et sous l’effet du soleil. Les populations sont donc très largement déficitaires en vitamine D dans les pays du Nord. Pendant les périodes hivernales, ce déficit prend des allures d’épidémie, surtout parmi les populations qui vivent à l’intérieur du fait de leur travail ou de leur état de santé.
En Belgique, au Canada, dans le Nord et l’Est de la France, le manque de vitamine D peut atteindre 90 % de la population adulte au plus profond de l’hiver (janvier-février). Pour la plupart d’entre nous, les réserves de vitamine D faites en été sont généralement épuisées à la fin de l’été (entre le 15 septembre et le 15 octobre).
En Angleterre, la faible exposition des enfants au soleil est responsable d’une nouvelle vague de rachitisme, qui pourrait toucher 40 % d’entre eux, selon une étude publiée dans le British Journal of Médicine. (3)
Contrairement au rachitisme qui existait dans les classes populaires du Londres du début du 20e siècle, et qui était lié évidemment à la pauvreté et à la malnutrition, le rachitisme actuel traverse toute la société britannique. En effet, la cause du rachitisme est la paranoïa au sujet du soleil, qui a été créée de toute pièce par les autorités et les médias.
Beaucoup de parents sont aujourd’hui convaincus qu’ils doivent couvrir leurs enfants, et leur mettre chapeau et crème solaire dès qu’apparaît le beau temps. Le résultat est que les enfants ne synthétisent plus assez de vitamine D.
Indignez-vous face à la propagande anti-soleil !
S’il est en effet plausible qu’un lien existe entre coups de soleil à répétition et apparition de mélanomes (une forme de cancer de la peau), le soleil a par ailleurs de multiples bienfaits sur la santé, qui font plus que compenser le risque de mélanome, risque qui n’est même pas rigoureusement prouvé aujourd’hui.
Une exposition mesurée est donc indispensable (pas de « toasting » !).
Il est certain qu’une personne qui passe l’essentiel de sa journée à la lumière des néons, et ses soirées à la lumière d’une télé ou d’un ordinateur, clignera des yeux aux premiers rayons du printemps. Et sans doute attrapera-t-elle un coup de soleil si elle prolonge un peu trop son apéritif dans son jardin, ce jour-là.
S’il lui prend de partir à la mer, ou en montagne, où les rayons du soleil sont multipliés par la réverbération sur le sable, l’eau, la neige ou les rochers, le coup de soleil la guette également. Et si elle monte carrément dans un avion pour débarquer quelques heures plus tard sur une plage d’Egypte ou du Mexique par 40°C, il est évident que son organisme subira un choc. Elle a besoin de temps avant de pouvoir adopter le mode de vie du touriste (et encore : est-ce forcément le mode de vie du touriste de ces pays que de se coucher en maillot de bain sur une serviette en plein soleil ?).
Pour autant, la psychose sur les dangers du soleil n’est pas justifiée : bien qu’il faille y aller progressivement quand on a perdu l’habitude du soleil, le fait est que nous sommes faits pour être caressés par ses rayons bienfaisants.
Une exposition régulière de presque 100 % de la surface de la peau aux rayons du soleil a été normale pendant des millions d’années pour l’espèce humaine.
C’est ainsi que nous avons bénéficié longtemps sans y penser, d’un apport optimal en vitamine D, qui nous protégeait de nombreuses maladies. Mais c’est toujours possible, aujourd’hui :
La vitamine D dont vous avez besoin
La vitamine D est présente dans les poissons gras, le beurre et le foie. Il faut donc manger régulièrement de ces aliments, sans se faire d’illusions toutefois. Même si vous en mangez beaucoup, les apports alimentaires de vitamine D ne représenteront jamais plus de 15 % de vos besoins.
C’est vraiment le soleil qui est votre meilleure source de vitamine D. Ce qui a l’avantage d’être gratuit. En s’exposant complètement au soleil, on peut produire 4000 UI de vitamine D en 4 minutes, ce qui correspond à la quantité de vitamine D apportée par 40 verres de lait enrichi en vitamine D et à environ 6 portions de saumon rouge grillé ! Pour que le corps d’une jeune personne en santé produise 1000 UI de vitamine D, il suffit d’une très courte exposition au soleil (environ 4 minutes), sous un ciel à indice UVB modéré, du quart de la peau (visage, bras et une partie des jambes). Une exposition complète du corps pendant 16 minutes apporte environ 16 000 UI de vitamine D.
En l’état des connaissances scientifiques actuelles, un apport quotidien raisonnable en vitamine D est de 1000 unités internationales (UI) par jour pour la plupart d’entre nous. Pour les petits enfants et les femmes enceintes et allaitantes, il est conseillé d’aller jusqu’à 1500 UI – 2000 UI par jour, dans la mesure où ils ont besoin de fabriquer des os. Toutefois, ces recommandations pourraient être relevées prochainement (voir la dernière partie de cet article).
A noter que vous verrez souvent la vitamine D dosée en microgrammes (µg) plutôt qu’en UI. Pour convertir, il faut savoir que : 1 µg = 40 UI.
La vitamine D contre la dépression et le cancer
Les suppléments de vitamine D prescrits par un médecin permettent de soigner la dépression annuelle saisonnière, particulièrement lorsqu’ils sont associés à la luminothérapie, le traitement de référence pour cette maladie.
Mais c’est dans le domaine du cancer que les chercheurs s’intéressent aujourd’hui le plus à la vitamine D. Des progrès récents en biologie cellulaire ont révélé que la plupart des cellules de la plupart des tissus du corps humain contiennent des récepteurs de vitamine D, et qu’au moins 229 gènes du corps humain sont influencés par la vitamine D. Une campagne d’information à ce sujet a été lancé sur le site lanutrition.fr, qui explique que :
De nombreuses études ont montré qu’on diminue son risque de cancer du côlon, du rectum, du sein, de la prostate, lorsqu’on a suffisamment de vitamine D. (4
Les personnes qui dans l’enfance ont été les plus exposées au soleil ont un risque de cancer du sein et de la prostate réduit
Les personnes dont le niveau sanguin de vitamine D est le plus élevé lors d’un diagnostic de cancer ont un taux de survie deux fois plus élevé que celles dont les taux sont les plus bas
Dans une étude, lorsque le diagnostic de cancer du sein, du côlon, de la prostate, est posé en été, le taux de survie est supérieur à celui des personnes dont le diagnostic a été fait en hiver
Les apports conseillés en vitamine D en France pour les adultes (200 UI/j) sont ridiculement bas et ne peuvent donc contribuer à la prévention des cancers
Les aliments enrichis en vitamine D, qui apportent une fraction de ces doses officielles conseillées n’ont donc aucun effet sur les maladies susceptibles d’être améliorées par la vitamine D
L’exposition solaire de la plupart des adultes en été, est généralement insuffisante pour assurer un taux sanguin optimal de vitamine D (40 ng/mL) surtout si l’on utilise des écrans solaires et qu’on s’expose aux heures les moins chaudes comme le recommandent à tort les autorités sanitaires. (5) (6)
Peu de risque d’intoxication
Je vous ai indiqué plus haut que la dose journalière de vitamine D qui paraît raisonnable aujourd’hui au vu des recherches scientifiques est de 1000 à 2000 UI par jour. Vous devez toutefois savoir que cela représente déjà soit cinq à dix fois ce que les autorités sanitaires françaises recommandent officiellement ! (sans que l’on sache d’ailleurs sur quoi elles se basent).
Quoi qu’il arrive, le risque de toxicité d’un supplément de vitamine D est très faible. Par précaution, ne pas dépasser 10 000 UI par jour sur de longues périodes. Mais les risques de surdose chronique ne risquent vraiment d’apparaître qu’à partir de 40 000 UI par jour sur de longues périodes, une dose difficile à atteindre. Un excès se manifeste par des nausées, vomissements, constipation et un amaigrissement lors d’une surdose aigüe, symptômes qui disparaissent lorsque vous arrêtez la supplémentation abusive.
A noter que vous ne risquez d’intoxication à la vitamine D qu’en prenant des suppléments de vitamine D quasi-quotidiennement. L’exposition au soleil, elle, même très intense, ne peut entraîner de surdose, car votre organisme est doué d’un système d’auto-régulation.
Les recommandations officielles pourraient être fortement relevées
Il y a quelques mois à peine, des chercheurs américains de l’Université de Californie, de l’Ecole de médecine de San Diego et de l’université Creighton à Omaha, parmi lesquels deux des plus grands noms de la recherche sur la vitamine D, ont calculé que les recommandations officielles en vitamine D (200 UI/jour en France) sont bien trop faibles pour atteindre les niveaux sanguins de cette vitamine qui permettent de prévenir le cancer du sein et d’autres maladies chroniques. Leurs conclusions ont été publiées le 21 février 2011 dans le journal Anticancer Research.
Ces conclusions sont d’une importance capitale pour la santé de millions de personnes : « Nous avons constaté qu’un adulte doit disposer chaque jour de 4000 à 8000 UI (unités internationales) de vitamine D pour maintenir les taux sanguins des métabolites de la vitamine D dans la fourchette permettant de réduire de moitié environ le risque de plusieurs maladies - cancer du sein, cancer du côlon, sclérose en plaques, diabète de type 1 », explique le Pr Cedric Garland (université de Californie), l’un des auteurs de l’étude et un pionnier de la recherche sur cette vitamine .
L’étude fait état d’une enquête sur plusieurs milliers de bénévoles qui prenaient des suppléments de vitamine D à des doses allant de 1000 à 10 000 UI / jour. Des bilans sanguins ont été effectués pour déterminer le niveau de 25(OH)D - la forme sous laquelle la quasi-totalité de la vitamine D circule dans le sang.
« La plupart des scientifiques qui travaillent activement sur la vitamine D pensent maintenant qu’il faut avoir une concentration de25(OH)D de l’ordre de 40 à 60 ng /ml pour prévenir de nombreuses maladies », dit le Pr Garland. « Malheureusement, seulement 10 pour cent de la population américaine a de tels niveaux et il s’agit principalement de personnes qui travaillent à l’extérieur. »
« Maintenant que les résultats de cette étude sont publiés, il va devenir banal pour presque tous les adultes de prendre 4000 UI de vitamine D par jour, » dit le Pr Garland. « C’est une dose bien inférieure aux 10000 UI/j qui est le seuil inférieur du risque d’hypervitaminose D arrêté par les autorités sanitaires américaines, et les avantages sont considérables. Les personnes qui peuvent avoir des contre-indications devraient discuter de leurs besoins en vitamine D avec leur médecin de famille. »
« Il est maintenant temps que pratiquement tout le monde prenne plus de vitamine D pour aider à prévenir certains types majeurs de cancer et plusieurs autres maladies graves, et des fractures », selon Robert Heaney, lui aussi co-auteur de l’étude.
Pour conclure...
Adultes et enfants devraient donc faire doser leur taux de vitamine D avant l’hiver et le faire corriger le cas échéant par le médecin, pour réduire leur risque de nombreuses maladies, qui ne se limitent pas au rachitisme, mais concernent aussi la dépression, les maladies cardio-vasculaires, et même le cancer.
Le moyen le plus efficace d’améliorer son statut en vitamine D, c’est de s’exposer au soleil aux beaux jours, et de prendre à la saison froide des suppléments de vitamine D3 qui peuvent être prescrits par tous les médecins.
La vitamine D3 est la « vraie » vitamine D. Eviter donc les compléments alimentaires de vitamine D2, moins efficaces.
A votre santé !
Jean-Marc Dupuis
Sources de cet article :
(1) http://www.theheart.org/article/102...
(2) La Société canadienne de pédiatrie, Les suppléments de vitamine D : Recommandations pour les mères et leur nourrisson au Canada, 2007.
(3) BMJ 2010 ;340:bmj.b5664
(4) http://www.gaia-health.com/articles...
(5) L’Institut National du Cancer (INCa) recommande sur son site d’éviter le soleil.
(6) Campagne de lanutrition.fr en faveur de la vitamine D contre le cancer :
http://www.lanutrition.fr/les-news/...
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Alain KALT (retranscription)
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