Homéopathie et politique, histoire de l’homéopathie.
L’histoire de la réglementation des médecines alternatives, et en particulier de l’homéopathie, est extrêmement intéressante et éclaire les débats (et scandales) médicaux qui remplissent nos journaux (Médiator, prothèses PIP, anti-inflammatoire Vioxx, Buflomédil...).
Les tentatives actuelles de tuer les médecines naturelles, par l’interdiction des allégations thérapeutiques sur la plupart des vitamines, minéraux et nutriments, les nouvelles réglementations draconiennes contre les remèdes à base de plantes, et le déremboursement progressif de l’homéopathie, ont des racines qui remontent à il y a plus de... 200 ans.
Les années 1790-1820 furent marquées par un extraordinaire bouillonnement médical. Ce bouillonnement peut être relié à l’abolition, à la Révolution, de l’Académie de chirurgie, fondée par Louis XV en 1831, ainsi que de la Société royale de Médecine fondée par Louis XVI en 1778.
Tout comme notre actuelle « Académie nationale de Médecine », dont elles sont finalement les arrières-grand-mères, ces Académies bénéficiaient de privilèges qui leur assuraient à la fois une manne financière considérable, et surtout la possibilité de supprimer, par voie d’interdiction légale, la concurrence que leur faisaient les médecines alternatives.
Privées d’autorité (et de financement) par les Révolutionnaires, elles n’eurent aucun moyen d’empêcher le succès populaire des « nouvelles médecines » de l’époque, qu’étaient l’homéopathie et le retour en force de l’herboristerie. Le phénomène ne tarda pas à prendre une tournure internationale. La montée de l’homéopathie coïncida avec un déclin spectaculaire du prestige de la médecine allopathique et de ses méthodes. Les médecins, que Molière avait tellement égratignés, sont à nouveau la cible de toutes les moqueries. Ce ridicule poursuivra la médecine allopathique durant tout le 19e siècle, avec le personnage grandiloquent de Monsieur Homais, le pharmacien de « Madame Bovary », et jusqu’à 1923 avec le triomphe du la pièce de théâtre « Docteur Knock ».
Inutile de dire que ces railleries n’étaient pas du goût des médecins allopathes. L’Académie royale de médecine, restaurée par Charles X, se sent menacée. Elle cherche à éliminer l’homéopathie en la condamnant officiellement en 1835. La manœuvre échoue. En 1860, on ne trouve pas moins de 140 homéopathes à Paris, 443 homéopathes en France. Mais l’usage de l’homéopathie est bien plus répandu encore que ces chiffres ne le laissent entendre. Dans des sociétés à forte majorité rurale, les médecins sont difficiles d’accès et les populations sont attentives à tout remède efficace leur permettant de se passer de leurs services. Le succès de l’homéopathie fut d’autant plus grand que, reposant sur des produits dépourvus de toute toxicité, les arguments manquent pour en interdire la pratique. Partout en France, les mères de famille se mettent à utiliser ces remèdes faciles et bons marchés pour soigner leurs enfants. A une époque qui ignore encore les antibiotiques, l’homéopathie est utilisée couramment pour traiter des maladies aussi graves que le choléra, le typhus, et même la variole. A la consternation des médecins, le succès de l’homéopathie est tel qu’ils se retrouvent dépassés financièrement par ces nouveaux concurrents. Le revenu annuel moyen d’un médecin allopathe, en 1871, aux Etats-Unis, est de 1000 dollars, contre 4000 dollars pour les homéopathes (je n’ai pas les chiffres pour la France).
Pour les allopathes, la faute revenait à l’ignorance, à la superstition, et à la naïveté des populations, « trompées » par des « charlatans » abusant de leur confiance. L’urgence était donc de protéger les gens contre eux-mêmes : les autorités politiques, la police, devaient se charger d’éliminer les « faux médecins » qui les menaient hors du droit chemin médical.
Pour séparer le bon grain de l’ivraie, un allopathe, le Professeur Grasset, a l’idée de créer un Conseil de l’Ordre des Médecins, qui veillerait à la discipline et se chargerait de déterminer qui a le droit de soigner. Cette idée étant profondément contestée par le public, il ne reçoit pas de soutien des autorités, et ne peut que créer une Association Générale des Médecins de France, qui voit le jour en 1896. Diverses tentatives ont lieu de donner un caractère officiel, et donc une autorité véritable à cette association, en 1923, puis 1928. Mais il faudra attendre le gouvernement de Vichy pour établir un « Conseil Supérieur des Médecins » doté des pouvoirs de police nécessaires, par la loi du 7 octobre 1940. La chasse aux sorcières était officiellement lancée.
Le premier hôpital homéopathique (Saint-Luc) fut fondé dès 1875 à Lyon, et l’École française d’homéopathie dès 1897 à Paris. L’Ordre des médecins, lui, ne reconnut l’exercice médical de l’homéopathie qu’en... 1997. Et encore les bonnes relations entre système médical officiel et homéopathie furent de courte durée. Dès 2001, le taux de prise en charge par la Sécurité sociale des produits homéopathiques passait de 65 à 35 %.
Si vous pensez que les médecins ont changé d’attitude par rapport à 1800, je vous invite à vous reporter aux récents rapports de l’Académie de Médecine, de la Miviludes, et de la presse officielle en général au sujet des médecines naturelles.
Frapper les faibles
Cette habitude de s’attaquer à ceux qui ne peuvent pas se défendre quittera-t-elle bientôt les autorités médicales ? On peut craindre que non. Un article récent du New England Journal of Medicine a constaté qu’un tiers des patients américains avaient recours à des médecines non-conventionnelles, qu’ils payaient de leur propre poche (comme en France et en Belgique, où la Sécurité Sociale ne prend ces dépenses en charge que de façon exceptionnelle).
Au lieu de se poser la question de savoir pourquoi tant de patients cherchaient ainsi en dehors des voies de la médecine conventionnelle, les auteurs de l’étude, adoptant une attitude vieille de 150 ans, conseillaient aux médecins d’interroger leurs patients sur le sujet et, le cas échéant, de les convaincre de renoncer à ces « errements ».
L’urgence est, aujourd’hui, de dépasser la barrière du mépris, qui interdit tout dialogue constructif. Pour apporter notre propre pierre à l’édifice, nous avons demandé au Docteur Patrick Theillier, médecin et homéopathe, de présenter aux lecteurs de S&N l’homéopathie, afin de contribuer à une meilleure compréhension de ce qui est tout sauf du charlatanisme. A lire ci-dessous.
Jean-Marc Dupuis
La médecine homéopathique
Par le Docteur Patrick Theillier
Tout le monde a entendu parler de l’homéopathie. Certains l’ont certainement essayée. Pour beaucoup, n’est-ce pas, c’est « l’utilisation des petites doses », « un effet placebo » ou « soigner le mal par le mal », et puis « si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal… ». Or ce n’est rien de tout cela : c’est une médecine à part entière que je préfère appeler "médecine homéopathique", qu’il est nécessaire de bien définir.
L’homéopathie est un terme inventé par Samuel Hahnemann, son fondateur, né en Saxe en 1755, mort à Paris en 1843 (enterré au cimetière du Père Lachaise). "Homéo" veut dire semblable, en opposition à "allo" contraire, que l’on trouve dans "allopathie" qui est la médecine des contraires, la médecine classique. La médecine homéopathique est basée sur la Loi des Semblables : loi de la nature, mise en évidence et formulée par Hahnemann.
Cette loi indique que toute substance capable de provoquer chez un être en bonne santé un certain nombre de symptômes est capable de guérir un être malade présentant ces mêmes symptômes. Ce n’est pas banal ! Ainsi, si vous expérimentez que le café vous empêche de dormir, ce qui est le cas le plus fréquent, le café pourra vous permettre de mieux dormir… A deux conditions, nécessaires et suffisantes, qui caractérisent la médecine homéopathique. Primo de trouver la bonne dose, la bonne dilution, car, pour avoir cette inversion d’effet, il faut diluer la substance de façon étonnamment importante : on met une goutte de café dans 99 gouttes d’eau, puis on prélève 1 goutte de cette solution à laquelle on rajoute 99 gouttes d’eau, et ainsi de suite … Secundo, ça ne marche que si, entre chaque dilution, on secoue fortement la solution 100 fois… ce qu’on appelle la "dynamisation". Avec ces deux procédés, originaux il faut bien le dire, on obtient à la première dilution une 1CH, qui veut dire "1ère Centésimale Hahnemanienne", puis une 2CH, et ainsi de suite…
Vous comprenez donc que ces deux manipulations du produit de départ (qu’on appelle "Teinture Mère") caractérisent la médecine homéopathique sur le plan pharmacologique. Précisons que toutes les substances de la nature peuvent être utilisés, qu’elles soient d’origine végétale, animale ou minérale : l’homéopathie est une médecine naturelle.
Mais ce n’est pas tout ! Pour connaître l’effet de ces produits chez l’homme, il faut les expérimenter ! Ce qu’a fait Hahnemann. C’est au cours de la première tentative d’essai sur lui-même d’une substance, l’écorce de quinquina, qu’il eut l’intuition de la Loi des Semblables : il développa des symptômes semblables à ceux du paludisme que cette écorce de quinquina était réputée guérir. Pour connaître les substances médicinales, Hahnemann eut l’idée révolutionnaire de les faire absorber non à des animaux, non à des malades, mais à des hommes sains ! Toutes les médicaments homéopathiques sont des substances qui ont livré par le moyen de l’expérimentation sur l’homme sain ce qu’elles sont capables de guérir chez un malade ! C’est ce qu’on appelle une "pathogénésie" : c’est l’ensemble des signes et symptômes provoqués chez l’homme sain par l’expérimentation d’une substance.
Les pathogénésies de chaque médicament contiennent, en fait, de nombreux symptômes. Reprenons l’exemple de notre café. En homéopathie, on a gardé le nom scientifique, en latin (compris par tous dans toutes les langues) : le café, c’est "coffea cruda". Sa pathogénésie comporte de nombreux signes que l’on peut résumer par : « Hypersensibilité de tous les sens, activité exagérée de l’esprit et du corps, insomnie car n’arrête pas de penser, aggravé par les émotions excessives (surtout les surprises joyeuses) » (1). Vous voyez qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle insomnie. L’homéopathie est une médecine personnalisée. C’est, il faut bien le dire, ce qui fait sa difficulté. Mais, en même temps, son intérêt ! C’est une médecine passionnante quand on commence à la connaître. Il faudra encore donner des précisions, mais, déjà, vous avez les bases, le trépied de sa constitution : similitude, dilution, dynamisation.
Dès maintenant, vous pouvez l’utiliser pour des petits maux comme dans les traumatismes, accidents ou blessures avec un premier grand remède qui est Arnica. L’arnica des montagnes est une herbe guérisseuse connue. On peut d’ailleurs l’utiliser telle quelle, en Teinture Mère (ou T.M.) commercialisée en pharmacie : la lotion ou la pommade d’Arnica sur toute meurtrissure, contusion, tuméfaction, apportera un soulagement de la douleur et évitera la formation d’un hématome.
La prise de granules homéopathiques d’Arnica dilué et dynamisé procurera une action plus générale et plus profonde. Les granules sont des grains de saccharose sur lesquels on dépose la dilution choisie, que vous trouvez en pharmacie : il suffit de les sucer en les gardant autant que faire se peut sous la langue. Il faut retenir que la hauteur de la dynamisation employée (généralement de 4CH à 30CH) est relative à la gravité du traumatisme, par son intensité, son étendue, sa profondeur. Pour un accident de voiture, par exemple, la plus haute dynamisation sera la mieux indiquée, car c’est le corps tout entier qui est traumatisé ; les organes, les fonctions peuvent être lésés, commotionnés ; des membres blessés ; le psychisme lui-même est atteint. Si donc vous res sentez une douleur de meurtrissure locale ou générale avec agitation et peur d’être approché, qui sont les symptômes caractéristiques d’Arnica, il vous faut prendre de l’Arnica le plus haut dilué, en l’occurrence en 30CH, en dose (qui contient des globules, grains plus petits que les granules en plus grande quantité).
Une autre plante, le souci du jardin ou Calendula, est appelée "l’antiseptique homéopathique". La lotion de Calendula ou la pommade est à mettre sur les plaies, en compresse par exemple, empêche la suppuration et accélère la cicatrisation. A utiliser donc dans toutes les plaies et blessures ouvertes. Un troisième médicament doit faire partie de vos trousses d’urgence : Cantharis. C’est le venin de la cantharide (coléoptère dont la piqûre est redoutable) qui s’est révélé, au cours des expérimentations homéopathiques comme le remède efficace contre les brûlures (que ce soit par le feu, les liquides, les solides, le froid, les acides, le soleil…), avec un pouvoir calmant, antiseptique, cicatrisant, reconstituant de la peau. A appliquer après avoir laissé la brûlure 10 mn sous l’eau froide. En cas de brûlure grave, soit par la superficie, soit par la profondeur, la prise de Cantharis en dynamisation est indispensable (2). En plus de ce trio, il y a d’autres remèdes d’urgence que nous verrons une autre fois.
Mais pour vous faire bien comprendre l’homéopathie, sachez que l’expérimentation de Cantharis a révélé aussi un effet dans « l’irritation et l’inflammation des muqueuses digestives et urinaires avec douleurs brûlantes » : c’est un remède extraordinaire de cystite aiguë avec douleurs brûlantes avant, pendant et après la miction (le jet), à prendre le plus tôt possible, en dose en 9CH (à avoir chez soi !).
La médecine homéopathique est une médecine très vaste ; il y a beaucoup de choses à dire sur ses bienfaits. On se pose toujours la question de savoir comment elle agit à si petites doses (infinitésimales)… Mais, après tout, on sait aujourd’hui avec l’atome que l’infinitésimal peut avoir une très grande puissance ! Avec l’homéopathie, on n’est plus du tout dans la chimie, qui a pu se faire développer la médecine allopathique. On est dans la physique, l’énergétique, l’électromagnétique. Nous en reparlerons.
Docteur Patrick Theillier
Sources de cet article :
(1) Précis de Matière Médicale Homéopathique des Dr Léon Vannier et Jean Poirier (Doin), un classique de l’homéopathie française.
(2) Cf. Trésor de l’homéopathie en cas de blessures et accidents de Colette Peyrard.
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Alain KALT (retranscription)
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