Environnement Lançonnais

L’étiquette énergétique pour les appareils électroménagers fait fausse route.

dimanche 30 mai 2010 par Alain KALT (retranscription)

Obligatoire sur les ampoules, les réfrigérateurs, les congélateurs, les lave-linge, les lave-vaisselle et les sèche-linge, l’étiquette énergétique (1) permet au consommateur de connaître et de comparer les performances énergétiques à l’usage des multiples appareils électroménagers. Outre les économies substantielles promises au futur propriétaire, le dispositif se pare d’une dimension écologique en prônant la lutte contre le gaspillage d’énergie. Ainsi, sur le site Internet de la direction régionale de l’ADEME (2) de Poitou-Charentes, le bien fondé de l’étiquette énergétique est mis en avant, permettant de choisir « l’équipement le plus performant et donc de maîtriser la facture d’électricité », ou encore d’acquérir un « matériel économique (classe A) qui permet de diviser de 2 à 4 la consommation de certains équipements ».

Toutefois, bien que vertueuse en théorie, cette garantie à l’achat est loin de faire ses preuves dans la pratique. En témoigne l’enquête réalisée par l’association de défense des consommateurs UFC – Que Choisir, dont les résultats nationaux ont récemment été communiqués. A des fins d’investigation, l’UFC (3) s’est rendue dans 1 464 magasins répartis sur l’ensemble du territoire afin d’y relever les prix en rayon et la classe énergétique de tous les modèles appartenant à un type précis de réfrigérateur-congélateur et de sèche-linge. Ces deux catégories d’appareils représenteraient, en effet, à eux seuls 50% de la consommation d’électricité spécifique (4). En tout, 7 395 modèles ont été passés au crible, révélant plusieurs constats peu réconfortants pour le consommateur. D’une part, d’après l’UFC, l’étiquetage énergétique est désormais « obsolète ». En effet, bien que les appareils des classes les plus mauvaises aient disparu des rayons, ces classes figurent toujours sur l’étiquette. Aussi, le consommateur est-il loin d’acheter un équipement si vertueux en choisissant la classe A, l’échelonnage initial n’ayant plus de réelle validité.

En outre, les appareils réputés comme les plus performants se font rares dans les rayons des distributeurs. D’après Que Choisir, seuls 5 % des réfrigérateurs seraient de classe A++, la plus économe. De plus, quand bien même l’économie d’énergie est au rendez-vous, elle s’avère hors de prix. L’enquête a ainsi noté que les prix augmentent avec le degré d’efficacité énergétique, d’où un surcoût non négligeable entre deux classes. Pour les réfrigérateurs, on relève en moyenne un excédent de 85 € supplémentaires pour accéder à la classe A+, et de 282 € pour l’accès à la classe A++. En matière de sèche-linge, le surplus s’élève à 220 € pour accéder à la classe B et à 532 € supplémentaires pour la classe A, la moins énergivore. Comble de l’ironie, l’argument selon lequel le surcoût à l’achat serait compensé par l’allègement de la facture électrique lors de l’utilisation s’avère tout aussi fallacieux. Dans les faits, d’après les calculs effectués par l’UFC, dans le cas du le réfrigérateur-congélateur, le surcoût de 85 € pour accéder à la classe A+ n’est amorti qu’au bout de 10 ans alors que le surcoût pour accéder à la classe A++ n’est, quant à lui, jamais compensé.

Considérant que les défis écologiques ne peuvent se relever au détriment des consommateurs, Que Choisir oppose le « payer moins pour consommer mieux » au « payer plus pour consommer moins ». Pour y parvenir, l’association propose deux solutions. La première consiste à réactualiser l’étiquetage énergétique pour assurer l’adéquation de son échelle à la réalité des produits commercialisés. Elle souligne également la nécessité de généraliser la mise en place de ce dispositif à l’ensemble des appareils électriques domestiques (TV, ordinateur, fer à repasser…). Second levier d’action, elle prône l’extension du système de bonus-malus, déjà appliqué au secteur automobile, aux appareils électroménagers.

Cécile Cassier 1- L’étiquette énergétique indique le niveau d’efficacité énergétique des équipements. Par niveau d’efficacité énergétique, on entend leur niveau de consommation comparé à celui d’appareils similaires disponibles sur le marché. Elle s’échelonne de la catégorie A, la plus économe, à la catégorie G, la plus énergivore. Il existe également des appareils classés A+ (lave-linge, réfrigérateurs, congélateurs) et A++ (réfrigérateurs et congélateurs) dont les performances sont vantées comme les plus optimales. 2- Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie. 3- Union Fédérale des Consommateurs. 4- L’électricité spécifique désigne l’électricité consommée pour l’éclairage, l’électroménager et l’audiovisuel (hors chauffage, eau chaude et cuisson).


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