Le spectre des OGM plane sur l’Europe
Le spectre des OGM plane sur l’Europe
Le 04 novembre 2010 par Célia Fontaine
La Commission européenne souhaite harmoniser les règles d’importation des plantes GM. L’Union européenne va-t-elle ouvrir ses portes à des plantes génétiquement modifiées (GM) qui n’ont été ni autorisées, ni testées pour leur innocuité, dans aucun pays au monde ? C’est ce que craignent les Amis de la terre Europe, qui se sont procuré des documents de la Commission. Cette dernière propose de modifier la législation sur les produits GM destinés à l’alimentation animale et humaine.
« La Commission européenne cède face aux tactiques d’intimidation de l’industrie des biotechnologies et s’apprête à ouvrir le marché européen à des produits GM pour l’alimentation animale, non autorisés », estime Mute Schimpf, de la campagne Alimentation des Amis de la Terre Europe.
Actuellement, l’Union européenne accepte l’importation d’aliments GM à destination humaine ou animale uniquement lorsqu’ils ont été « autorisés ». Toute importation contaminée par des OGM non autorisés, même à l’état de trace, est refusée. Il s’agit de « tolérance zéro ». Et la Commission souhaiterait manifestement l’abandonner.
« 75 % de l’alimentation animale provient de tourteaux de soja d’Argentine ou d’Asie[1], soja génétiquement modifié », nous explique Eric Meunier, rédacteur à Info’gm. Dans la famille des sojas transgéniques, certains ont été autorisés par l’Union européenne, d’autres non. « Des contaminations peuvent avoir lieu entre les cultures, et il peut arriver que certains produits qui contiennent des traces d’OGM non autorisés se retrouvent illégalement sur le territoire », poursuit Eric Meunier.
Selon les industriels des biotechnologies, cette règle de la tolérance zéro nuit au secteur de l’alimentation animale. Le commerce international serait en effet gravement perturbé lorsque des cargaisons contenant des OGM non autorisés sont refusées par l’Union.
Argument non recevable pour les Amis de la terre, qui rappellent qu’en 2010, aucune cargaison provenant des pays exportateurs (Etats-Unis, Brésil, Argentine) n’a été refusée dans un port européen. « La Commission veut aller progressivement vers un système où chaque plante GM autorisée dans un pays soit automatiquement autorisée partout dans le monde », analyse de son côté Eric Meunier.
La proposition de la Commission qui inquiète l’association doit être discutée le 15 novembre prochain, à l’occasion d’une réunion des Etats membres.
Il s’agit d’un nouveau texte, qui se base sur un règlement de 2004. Ce dernier fixe les règles communautaires afin que les aliments pour animaux et les denrées alimentaires en provenance de pays tiers soient soumis à des contrôles officiels avant leur mise en libre pratique dans la Communauté.
La Commission relève que la réglementation existante est incomplète : elle ne prévoit pas de règles spéciales ou de contrôles en ce qui concerne la présence de matériaux GM pour lesquels une procédure d’autorisation est en cours ou aurait expiré.
« L’expérience montre qu’en l’absence de telles règles, les laboratoires et les autorités compétentes appliquent différentes méthodes d’échantillonnage pour pouvoir détecter et interpréter les résultats des analyses », estime-t-elle. Cette absence d’harmonisation met les opérateurs économiques face à une incertitude juridique. Il y a donc un risque que le marché intérieur soit affecté. C’est pour cela que le règlement de 2004 doit être amendé.
Selon les Amis de la terre Europe, le futur règlement autoriserait la présence de traces de plantes GM non autorisées dans les importations à destination de l’Europe, avec un seuil de 0,1 %.
Rien de tel pour affaiblir les règlements sur la sécurité des OGM en Europe, estime l’association. En effet, « la réglementation européenne sur les aliments GM a pour but de protéger l’environnement ainsi que les citoyens européens. Le droit des citoyens de refuser ces produits GM doit être respecté », rappelle l’ONG. Ainsi les citoyens européens n’hésitent pas à faire connaître leur opposition à ces produits, comme l’atteste la pétition signée par plus d’un million de personnes début octobre.
Les Amis de la terre invitent donc les 27 à refuser le texte que la Commission va leur soumettre. « Les Etats membres devraient se poser la question de savoir qui sera tenu responsable d’avoir approuvé la présence d’OGM non autorisés et non testés, si des problèmes de contamination se présentent », estime Christian Berdot, référent des campagnes OGM et Agrocarburants des Amis de la terre France.
[1] A noter en outre que la culture du soja pour fournir nos usines d’élevage en Europe est une des causes majeures de la déforestation, des conflits sociaux et de l’augmentation de l’agriculture industrielle
Alain KALT (retranscription)
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