Les autorités de santé nuisent à la santé
J’ai écrit il y a quelques semaines que l’attaque des Autorités de santé françaises contre la boisson énergisante Red Bull n’avait aucun fondement scientifique et que, selon moi, il ne s’agissait que d’une tactique pour justifier la création d’une future nouvelle taxe.
C’est aujourd’hui chose faite : le rapporteur de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2014, le député socialiste Gérard Bapt, a déposé le 28 octobre un amendement relatif à la taxation des boissons énergisantes, qui devraient donc être lourdement taxées dès le 1 er janvier 2014. (1)
Je ne consomme pas de Red Bull et ne suis donc pas concerné par cette taxe. Mais je constate qu’une nouvelle fois les Autorités de santé ne sont que les marionnettes d’intérêts financiers, ainsi que l’ancien ministre de la Santé François Baroin l’avait expliqué concernant la taxe soda (vous pouvez voir la vidéo où il l’explique ici ).
Un nouvel exemple
Nous en avons eu un nouvel exemple le 23 octobre, avec la décision de l’Autorité européenne de santé d’autoriser que soit indiqué sur les sucreries qu’elles sont bonnes pour le cerveau.
Cette « allégation de santé » a été créée par le règlement n°1018/2013 du 23 octobre 2013, et ajoutée à l’annexe du règlement de 2012. Pour être précis, il est désormais permis d’indiquer sur les produits sucrés que « les glucides contribuent au maintien des fonctions cérébrales normales ».
En toute rigueur scientifique, cette allégation est incontestable puisque le cerveau a en effet besoin de glucose pour fonctionner.
Mais les glucides contenus dans les légumes, si vous en mangez de bonnes quantités à tous les repas, suffisent largement à assurer le fonctionnement du cerveau.
Il est évident que cette « allégation de santé » incitera plus encore les enfants à manger des cochonneries à la récréation, mais également au petit-déjeuner, au goûter… et à tout moment de la journée. Notre santé entre de mauvaises mains Cette allégation de santé accordée aux glucides vient d’un règlement européen qui vise à « protéger le public » des dangers … des produits naturels !
Le 16 mai 2012, la Commission européenne a adopté un « règlement », le n°432/2012, qui interdit d’indiquer librement sur les vitamines, minéraux et autres produits nutritionnels naturels, ce à quoi ils servent.
Vous vous en apercevez en magasin bio, et même en pharmacie, où les produits naturels à visée thérapeutique ne portent quasiment plus aucune indication sur leur usage précis, en dehors d’expressions floues comme : « participe au bien-être général », « augmente l’énergie », etc.
Si vous cherchez un protocole de prévention ou de traitement efficace contre l’arthrose, le diabète ou une maladie cardiaque, vous êtes obligé de vous en remettre aux conseils des vendeurs du magasin qui, généralement, racontent absolument n’importe quoi .
J’en fais régulièrement l’expérience lorsque je fais mes courses. Pour m’amuser, je demande au pharmacien ou au vendeur de produit bio de m’expliquer exactement à quoi sert tel ou tel produit, comme l’acétyl-L-carnitine, la phosphatidylsérine, ou même des produits beaucoup plus courants comme le silicium organique ou la vitamine E.
Cette interdiction imposée aux fabricants de produits naturels a toutefois été accompagnée d’une liste d’exceptions : une commission spéciale examine en effet les dossiers présentés par les fabricants, lorsqu’ils disposent d’études scientifiques démontrant l’efficacité d’un produit. Certaines « allégations de santé » sont alors autorisées, et le fabricant obtient de ce fait le droit d’écrire sur l’emballage une phrase précise, dont chaque terme est défini par la commission,
Comme je l’ai déjà expliqué régulièrement, ce système, qui part d’une bonne intention, provoque une véritable catastrophe pour la santé publique. Il est en train d’entraîner la disparition de dizaines de milliers de produits naturels du marché, pour les raisons suivantes :
1. Les études scientifiques n’existent pas toujours. Les bureaucrates européens sont partis du principe qu’il « suffit » aux fabricants de présenter un dossier de recherche démontrant les vertus thérapeutiques de chaque aliment, comme s’il s’agissait de médicaments. Mais les aliments n’étant pas brevetables, personne n’a les moyens ni le temps de réaliser des études. Ce fut par exemple le cas du pruneau : personne n’ayant réalisé d’études assez « scientifiques » sur les effets laxatifs du pruneau, pourtant parfaitement connus, ils décidèrent d’interdire cette allégation. Des milliers d’aliments furent ainsi privés d’office de la possibilité d’être vendus avec des allégations thérapeutiques pourtant bien établies.
2. La tâche est trop vaste. Il existe des dizaines de milliers d’aliments naturels, qui se présentent sous des formes différentes. Ainsi l’ail rose n’est pas l’ail blanc, et les espèces européennes ne sont pas les espèces chinoises. La plupart des aliments naturels agissent en synergie. Il faudrait au Comité travailler plusieurs siècles pour rendre un avis éclairé sur chaque produit. Ne sont donc étudiés que les grands classiques, comme la vitamine D, les oméga-3, les probiotiques, et le reste passe aux oubliettes.
3. Les experts sont incompétents. Trop sélectionnés pour leurs diplômes en médecine conventionnelle et surtout en « toxicologie », beaucoup sont formés à voir des poisons partout. Par contre, ils n’ont généralement aucune formation valable en nutrition. Pour eux, médecine rime avec médicaments chimiques, tout le reste n’étant que « remèdes de bonne-femme ». Cela joue encore en défaveur de milliers de produits naturels qui sont rayés de la liste.
4. Opacité et conflits d’intérêts : les experts sont désignés par l’EFSA dans l’opacité et sans garantie sérieuse de leur indépendance vis-à-vis des lobbys industriels. La présidente, Diána Bánáti, a été obligée de démissionner en 2012, ayant simplement « oublié » de déclarer son conflit d’intérêt avec le lobby pro-OGM International Life Sciences Institute (ILSI) où elle est retournée travailler. Une autre démission a fait grand bruit : celle du commissaire européen en charge de la Protection des consommateurs (DG SANCO), M. John Dalli, pris la main dans le pot de miel du lobby du tabac.
Le résultat est que, le 23 mai 2012, après six années d’études, le comité d’experts a accouché péniblement d’une liste de… 222 allégations autorisées, sur 40 000 dossiers. On évalue de plus à des dizaines de milliers le nombre de produits naturels, et combinaisons de produits naturels, trop peu rentables pour que quiconque se soit donné la peine de constituer un dossier.
Par contre, appelés à se prononcer sur le rôle des glucides dans le corps, les experts n’ont pas eu d’autre choix que de reconnaître qu’en effet, les glucides sont indispensables au bon fonctionnement du cerveau ! Et tant pis si manger plus de sucre est la dernière chose dont les enfants (et les adultes) ont aujourd’hui besoin. Les fabricants pourront désormais mentionner que les glucides contribuent au maintien des fonctions cérébrales. Bravo les experts européens !
A votre santé,
Jean-Marc Dupuis Retrouvez mes meilleures chroniques dans L’ Intégrale Santé Naturelle (J.-M. Dupuis, 2013, SNI éditions, 384 p.) disponible ici (lien cliquable). Tous mes droits d’auteur seront reversés à l’ Institut pour la Protection de la Santé Naturelle, association sans but lucratif qui défend le droit de chacun de se soigner autrement. Acheter mon livre est aussi un moyen de soutenir leur généreux combat.
Source :
(1) En 2014, les boissons énergisantes seraient lourdement taxées.
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Alain KALT (retranscription)
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