Environnement Lançonnais

Tchernobyl, les fonds pour la chape en béton arrivent

dimanche 12 juin 2011 par Alain KALT (retranscription)

Le 19 avril 2011 par Geneviève De Lacour

Novarka construit le nouveau sarcophage Depuis lundi 18 avril, dirigeants du G8 et de l’Union européenne sont réunis à Kiev sous la présidence du premier ministre français, François Fillon, pour une « nouvelle conférence des donateurs pour réunir les fonds manquant à la réalisation de l’arche, qui doit recouvrir et protéger pour plus d’un siècle le réacteur endommagé ».

Plusieurs dizaines de pays et organisations internationales participent à cette conférence des donateurs pour tenter de réunir les millions d’euros qui manquent pour financer les travaux liés à la construction d’une nouvelle chape isolant le réacteur accidenté de Tchernobyl. Budget global : 1,5 milliard.

Selon une dépêche AFP datée d’aujourd’hui 19 avril, au moins 550 millions € ont été réunis jusqu’à présent, sur les 740 millions manquant, a annoncé François Fillon, rectifiant sa première estimation. « Les contributions annoncées ce matin permettent de réunir le montant remarquable -après recalcul et correction- de 550 millions € », a déclaré François Fillon à la presse à l’issue de la conférence, révisant à la baisse le premier chiffre de 575 millions qu’il avait annoncé pendant la conférence. Il n’a pas expliqué les raisons de cette rectification, tout en soulignant qu’il s’agissait d’« un montant minimal ».

« C’est un résultat qui illustre le sens des responsabilités de l’ensemble de la communauté internationale », a fait valoir le premier ministre, qui a coprésidé cette conférence au titre de la présidence française du G8. « Je suis confiant dans le fait que les pays qui n’ont pas pu annoncer un chiffre aujourd’hui seront en mesure de prendre des décisions très prochainement », a-t-il poursuivi.

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a loué le résultat « sans précédent » de la réunion, faisant également état des 29 millions € débloqués par l’Ukraine.

Cette conférence des donateurs intervient à une semaine du 25e anniversaire de la catastrophe, le réacteur n°4 de Tchernobyl. Ce réacteur a explosé le 26 avril 1986, contaminant une bonne partie de l’Europe, en particulier l’Ukraine, la Biélorussie et la Russie, à l’époque trois républiques de l’URSS. Il a été recouvert à la va-vite d’une chape, maintenant fissurée. Le dernier réacteur de Tchernobyl a été fermé en 2000.

Novarka, un consortium formé par les sociétés françaises Bouygues et Vinci, a remporté en 2007 un appel d’offres pour la construction d’un nouveau sarcophage étanche. Cette enceinte de confinement, une grande arche en acier de 108 mètres de haut et d’un poids de 20.000 tonnes, sera assemblée à côté, puis glissée au-dessus du sarcophage existant. C’est à l’intérieur de cette structure que le démantèlement du réacteur sera réalisé. Les travaux ont commencé fin 2010 et l’opération doit être achevée en 2015, mais les travaux ont pris du retard entrainant ainsi une augmentation des coûts.

En 2015, l’arche sera mise en place dotée des équipements nécessaires au démantèlement (grues, ponts roulants, etc.). Mais pour l’instant, selon le journal Les Echos, une centaine d’ouvriers (ils seront 200 en juin) préparent simplement sa zone de montage. Leur nombre devrait passer à 900 en 2012 lorsque les premiers éléments de l’arche arriveront pour être assemblés sur le site. Actuellement, les ouvriers creusent autour d’une zone de 90.000 mètres carrés et le long du sarcophage actuel, et préparent les fondations de rails géants en béton pour glisser l’arche de la zone de montage jusqu’au-dessus du réacteur, sur une distance de 120 m. « Le plus contraignant, ce ne sont pas les radiations : sur la zone de montage, elles sont à un niveau normal, elles ne posent problème qu’en hauteur et directement le long du sarcophage, explique le responsable sur place du chantier, Hosni Bouzid, directeur de Novarka, et venant de Vinci. Le risque réside dans la contamination interne par absorption de particules quand on remue la terre, qui est radioactive. » Le travail est donc lent, très lent. « Le personnel passe beaucoup de temps en contrôles de sécurité, ne peut travailler qu’en combinaison et masque, et 4 heures au lieu de 8, avec 15 jours d’arrêt pour 15 jours de travail, explique Hosni Bouzid. « A ce rythme, il faudrait des années pour monter l’arche ! »

Pour lever cette contrainte, le sol de la future zone de montage a été creusée sur 40 centimètres, voire 1 mètre, et 60 cm de sable sont en train d’être répandus. « Sur ces 50.000 m3 de sable sera posée à partir de juillet une dalle de 60.000 m3 de béton », poursuit Hosni Bouzid. « Ce sera terminé fin 2011, on pourra alors travailler normalement sur la zone de montage, 8 h par jour. » Le long même du sarcophage, en revanche, les radiations exigeront la pose de plaques de plomb et de murs de béton pour pouvoir creuser les fondations et poser les rails.

Il faut noter que le démantèlement du réacteur endommagé en 1979 à Three Mile Island aux Etats-Unis a coûté un milliard de dollars (699,13 millions €). L’arche de Tchernobyl, elle, en est à 1,5 milliard €. Et ces deux opérations ne portaient que sur un seul réacteur. A Fukushima, il y en a 6.

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