Environnement Lançonnais

Le roi Abdallah annonce l’arrêt de l’exploration pétrolière en Arabie Saoudite

lundi 26 juillet 2010 par Alain KALT (retranscription)

07 juillet 2010 Le roi Abdallah annonce l’arrêt de l’exploration pétrolière en Arabie Saoudite Une contrainte de plus (et de taille) pour retarder le déclin de la production mondiale.

L’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole, aurait mis un terme à la prospection sur son sol afin d’épargner ses richesses et les transmettre aux générations futures, selon une déclaration du roi Abdallah datée du 1er juillet.

L’annonce a été faite à Washington devant des étudiants saoudiens, précise l’agence de presse nationale. Prononcée deux jours après une rencontre entre le roi et le président américain Barack Obama, cette déclaration résonne comme une mise en garde.

Le roi Abdallah et le président Obama à la Maison Blanche le 29 juin [AFP]

L’arrêt du développement de nouveaux champs pétroliers en Arabie Saoudite menace de compliquer un peu plus l’avenir de la production mondiale de pétrole, face à une demande toujours plus forte. En effet, le royaume détient à lui seul 20 % des réserves mondiales d’or noir.

Le roi d’Abdallah Ben Abdel Aziz Al-Saoud, protecteur des lieux saints, a dit :

« Je tenais une réunion de cabinet (…) Je leur ai dit que j’ai ordonné d’interrompre toute exploration pétrolière afin qu’une part de cette richesse soit préservée pour nos fils et nos successeurs, si Dieu le veut. »

Tempérant le malaise déclenché par cette annonce, un officiel du ministère du pétrole saoudien a indiqué à l’agence Dow Jones que cette déclaration ne signifiait pas un arrêt définitif, « mais qu’elle voulait plutôt dire que les activités d’exploration futures devraient être menées sagement », précise le Financial Times. Le quotidien économique londonien rappelle que la compagnie pétrolière nationale saoudienne, l’Aramco, est censée actuellement prospecter en mer rouge et dans le golfe persique.

Où se situe la vérité ? Pour le dire, il aurait fallu un communiqué officiel de Riyad, conclut un autre article du F.T.

Dans le secret feutré de la diplomatie pétrolière, il faut prendre l’habitude d’interpréter le passage des ombres. Mais la déclaration du roi Abdallah, souverain autoritaire et déterminé, ne doit certainement rien au hasard. Elle rencontre plusieurs échos.

En mai 2005, Matthew Simmons, l’un des banquiers d’affaires les plus en vue de Houston – la capitale mondiale du négoce pétrolier – publiait Crépuscule dans le Désert, une charge fort documentée accusant l’Arabie saoudite de grossièrement surestimer ses réserves d’or noir. D’après ce Texan qui a conseillé le président Bush pour son programme énergétique en l’an 2000, la production saoudienne a atteint son maximum, et risque de s’effondrer bientôt, faute de réserves suffisantes.

A la suite de la publication du brûlot de Matt Simmons, l’Aramco, d’ordinaire muette sur l’état de ses réserves, a fourni quelques données précises pour la première fois de son histoire. Mauvaise surprise : la principale compagnie pétrolière mondiale (et de loin) a reconnu que les extractions de ses puits déclinent à grande vitesse : entre 5 et 12 % par an. Rien que pour compenser ce déclin, l’Aramco doit ouvrir assez de nouveaux puits pour fournir entre 500 000 et 1 million de barils par jour (mb/j) de plus chaque année, sur une capacité totale de production aujourd’hui établie officiellement à 12,5 mb/j.

Depuis, l’Aramco n’a plus publié le moindre fait consistant sur ses réserves.

A l’époque, en 2005, Nawaf Obaid, qui venait d’être nommé conseiller stratégique de l’ambassadeur saoudien à Washington, m’indiquait pour Le Monde 2 :

« Tout le monde, et en particulier les Etats-Unis, veut que l’Arabie Saoudite augmente sa production. Nous aimerions rester plus prudents (…) Mais aucun autre pays producteur n’est aujourd’hui prêt à investir suffisamment pour permettre à l’Arabie saoudite de ralentir sa production. »

Entre-temps un ancien n°2 de l’Aramco, Sadad al-Husseini, a largement contribué à alimenter les craintes autour du premier producteur mondial de pétrole. Dans un entretien qu’il m’avait accordé pour LeMonde.fr, ce docteur en géologie jugeait que l’Arabie Saoudite ne pourra pas compenser éternellement le déclin en cours ou imminent de la production de nombreuses autres grandes puissances pétrolières.

D’après Sadad al-Husseini, le montant officiel des réserves mondiales de brut serait « exagéré » d’un quart. Mais l’ancien expert de l’Aramco ne précise pas de combien les réserves pétrolières saoudiennes pourraient elles-mêmes être exagérées.

[Première puissance énergétique planétaire avec la Russie et principal acteur du cartel de l’Opep, l’Arabie Saoudite est surnommée « la banque centrale du pétrole ». Selon les données du département de l’énergie américain, le royaume est le seul producteur mondial aujourd’hui capable d’augmenter significativement sa production. L’Arabie Saoudite déclare extraire de son sol 8,1 millions de barils par jour de pétrole conventionnel, et dit être capable d’augmenter cette production de 4,4 mb/j, à 12,5 mb/j. Le pétrole saoudien est le plus facile à extraire et le moins cher du monde.]


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