Environnement Lançonnais

La phagothérapie : chez les Russes, mais pas chez nous

vendredi 9 décembre 2016 par Alain KALT (retranscription)

Par Michel Dogna, rédigé le 14 janvier 2015 à 18h23

Dans le monde vivant, l’équilibre des espèces s’effectue par le biais de prédateurs spécifiques : des renards pour ne pas être envahis par les lapins, des lions pour réguler les gazelles, des chats pour limiter les souris. Il en va de même dans le monde des insectes, des poissons… et des bactéries, car la nature a tout prévu, quand l’homme apprenti-sorcier veut bien la laisser faire, voire l’aider. Mais la plupart des médecins ne connaissent pas l’existence des bactériophages…sauf en Russie où l’on pratique couramment la phagothérapie.

Des virus se nourrissant d’une bactérie spécifique

Nouvelle découverte ? Pas du tout : L’utilisation des virus bactériophages a été une thérapie efficace utilisée avant l’avènement des antibiotiques. Découverts tout d’abord en 1915 par Frederick W. Twort à Londres, puis observés de nouveau en 1917 par Félix d’Hérelle, et isolés par ce dernier, ces virus mangeurs de bactéries connurent dès cette époque leurs premières applications dans le traitement de grosses infections, et révélèrent publiquement leurs premiers succès au début des années 1920. On a appelé cela la phagothérapie.

Hélas, à partir des années 30, les bactériophages furent définitivement mis au placard au profit des antibiotiques bien plus rentables. Depuis ce temps, il n’existe plus aucune publication en France traitant de la phagothérapie.

Pourtant, Alain Dublanchet, médecin biologiste français qui s’est passionné pour la phagothérapie, mène depuis une dizaine d’années des recherches avec différents instituts. Grâce à lui, nous redécouvrons ce remède fiable et sans danger que la médecine française a (volontairement) fait oublier. Heureusement, d’autres pays, comme la Russie ou la Géorgie - où le Dr Alain Dublanchet a mené la majeure partie de ses recherches - utilisent toujours les phages.

À Moscou, on les trouve en vente libre pour 10 €, aussi couramment en pharmacie que les antibiotiques chez nous.

Les dramatiques inconvénients des antibiotiques

La grosse différence avec les antibiotiques (traduction : destructeurs de vie), est que ces familles de champignons microscopiques éradiquent tout sans distinction sur leur passage. C’est le nettoyage par le vide comme dans les sales guerres. Rappelons que dans un corps humain en particulier, nous avons en moyenne 5 kg de bactéries ouvrières sans lesquelles nous ne pourrions pas survivre. En première ligne il y a la flore intestinale qui est la principale gardienne de notre santé.« Quand l’intestin ne va plus, rien ne va plus,… même le moral ! »

Une seconde différence avec les antibiotiques, que je me permets de rappeler ici, (même si c’est politiquement incorrect), c’est que ceux-ci ne sont pas bactéricides, mais seulement bactériostatiques - ce qui veut dire que les bactéries pathogènes sont provisoirement endormies pour quelques semaines, et on recommence par la suite, avec les mêmes pour le plus grand plaisir des médecins et des pharmaciens – je pense par exemple au Bactrim dans les cas de cystite, qui vous soumet en quelque sorte, à un abonnement au long cours.

Enfin, tout le monde sait que la médecine actuelle se trouve confrontée à un énorme problème : non seulement les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques classiques, mais elles mutent même pour pouvoir s’en nourrir… Comme nous l’explique Alain Dublanchet dans un livre qu’il a publié aux éditions Favre « Des virus pour combattre les infections », cette résistance aux antibiotiques fut pourtant constatée dès la mise sur le marché de la pénicilline. Par la suite, les échecs répétés de ces antibiothérapies n’ont pas été remis en question par la science médicale qui s’est seulement obstinée à rechercher de nouvelles molécules de la même famille. Ainsi sont nées les fameuses infections nosocomiales – en fait des soins qui tuent !

25 000 morts par an en Europe, qui pourraient en partie être évitées.

Un vrai bactéricide a pour mission d’éliminer définitivement une bactérie terroriste ciblée, en laissant tranquille toutes les autres. Voilà ce que savent faire les bactériophages. Le Dr Alain Dublanchet affirme que toutes les infections qu’il a traitées ont été jugulées en 8 à 10 jours sans connaitre aucun échec.

En France, seuls quelques courageux osent employer la phagothérapie. C’est le cas de Paul-hervé Riche, médecin nimoins retraité qui prend en charge, depuis 40 ans les patients soffrant d’infections graves. Dans l’ouvrage qu’il vient d’écrire avec Philippe Garrigues ("Manuel de phagothérapie pratique", il explique : « La phagothérapie consiste d’abord à remettre en place les équilibres naturels du corps ainsi que le PH du sang, la glycémie et le contrôle des antiphages ». En l’espace de près de 40 ans, cette approche thérapeutique lui a permis, assure-t-il, de soigner des milliers de personnes, sur nombre de terrains infectieux… Et de récolter au passage quelques démêlés avec l’ordre des médecins (pour exercice illégal de la guérison).

Aujourd’hui, alors que la phagothérapie revient au devant de la scène médicale, il tient au titre d’héritier, en ligne directe, du découvreur français des bactériophages. "J’ai été formé par André Raiga-Clémenceau qui, lui-même fut le seul élève de Félix d’Hérelle.

Son ouvrage peut être commandé sur son site internet : www.bacteriophage.info.

La Russie tire son avance thérapeutique du passé

En Russie, cette technique a été conservée, si bien que les phages sont utilisés jusque dans l’espace, pour soigner les astronautes. En effet, lorsqu’on tourne les yeux vers les pays de l’Est, on y découvre une avancée incroyable dans le traitement des infections les plus graves, ainsi qu’une véritable recherche scientifique dédiée à cette méthode délaissée.

C’est à Tbilissi, en Géorgie, que se trouve le Phage Therapy Center qui propose un programme de traitement contre les infections réfractaires aux thérapies classiques. Les témoignages de guérisons inespérées sont aussi nombreux qu’étonnants. Et les études menées sur des patients dont l’état de santé était dramatique, relatent que ces gens, condamnés à une mort certaine, ont tous été sauvés par l’utilisation de phages.

L’avantage clé de la phagothérapie est qu’elle fonctionne sur des souches bactériennes résistantes aux antibiotiques sans les rendre de plus en plus récalcitrantes au fil du temps, car le phage répond à un processus naturel d’équilibre du monde bactériologique.

Mais pour que ce traitement repasse l’ancien rideau de fer, il faudra l’accord de nos autorités de santé. Or les phages étant des virus, ils n’entrent pas dans le cadre de la législation européenne. Cela promet malheureusement de gros retards… et tant pis pour les patients ! Mais si vous êtes dans une impasse infectieuse, pensez à la Russie et si vous avez la chance de pouvoir accéder à un de ces produits, laissez-vous tenter.

Nota : il existe en Georgie un institut qui s’est spécialisé dans la phagothérapie, vous trouverez ses coordonnéesen suivant ce lien.

Attention : Les conseils prodigués dans cet article ne vous dispensent pas de consulter un praticien des médecines alternatives. Vous pourrez en trouver un près de chez vous et prendre rendez-vous sur www.annuaire-therapeutes.com

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