Environnement Lançonnais

Ces maux qui affectent les abeilles.

samedi 12 mars 2011 par Alain KALT (retranscription)

Le 10 mars 2011 par Célia Fontaine

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Des produits chimiques à la pollution de l’air, en passant par le déclin des plantes à fleurs, il y aurait plus d’une douzaine de facteurs à l’origine de l’effondrement des colonies d’abeilles et des pollinisateurs en général, selon le tout dernier rapport publié aujourd’hui 10 mars par le Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue).

Le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles (Colony Collapse Disorder, selon l’expression anglaise) se caractérise par une soudaine disparition de toutes les abeilles adultes d’une colonie. Constaté dès le milieu des années 1960, le phénomène s’est accéléré en Europe depuis 1998, particulièrement en Belgique, en France, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne et au Royaume-Uni. En Amérique du Nord, les pertes ont été plus importantes à partir de 2004, et il n’y a jamais eu aussi peu de pollinisateurs qu’actuellement. Le syndrome a également été constaté en Chine, au Japon et en Afrique, le long du Nil.

Ainsi, « le nombre de colonies d’abeilles a chuté de 10 à 30% ces dernières années en Europe, de 30% aux Etats-Unis, de plus de 85% au Moyen-Orient », a expliqué Peter Neumann, l’un des auteurs du rapport du Pnue.

Ces surmortalités sont multifactorielles. D’une part, il y a les pesticides agricoles (imidaclopride avec le Gaucho, fipronil avec le Régent, clothianidine avec le Poncho, thiametoxam avec le Cruiser). « Les herbicides et les pesticides peuvent réduire la disponibilité de plantes et fleurs sauvages, indispensables à la nourriture des pollinisateurs, surtout à l’état larvaire », précise l’étude. Ces produits et les semences enrobées avec des insecticides ou des fongicides, peuvent affecter le sens de la direction, de la mémoire et le métabolisme des abeilles. Les études en laboratoire montrent que certains insecticides et fongicides, combinés, sont 1.000 fois plus toxiques pour les abeilles, qui sont mortellement empoisonnées.

Les pollinisateurs comptent aussi de nombreux ennemis comme les bactéries, les virus et le Varroa, cet acarien d’origine asiatique qui se nourrit de la larve, de la nymphe et suce l’hémolymphe de l’abeille. D’autres parasites s’attaquent directement aux nids. C’est le cas du petit coléoptère des ruches qui forme des tunnels dans les rayons de cire pour y ingérer les protéines nécessaires à son développement. Il laisse aussi des excréments dans les rayons, ce qui fait fermenter le miel et le rend impropre à la consommation.

« De nouvelles espèces de pathogènes fongiques virulents, fatals aux insectes pollinisateurs, migrent d’une région à l’autre par le biais des transports maritimes internationaux », explique le rapport.

D’autres prédateurs, des espèces invasives comme le frelon asiatique, affectent les colonies. Ce frelon a désormais colonisé plus de la moitié de la France depuis 2004, souligne le Pnue.

D’autre part, l’évolution des conditions de vie des abeilles domestiques et sauvages est étroitement liée à l’histoire des agrosystèmes où elles vivent et dont elles subissent les pressions : régression et dégradation des espaces naturels et semi naturels, diminution des surfaces en légumineuses, expansion du maïs (qui ne produit pas de nectar). « Depuis les années 80, il y a eu des baisses de 70% parmi les variétés de fleurs sauvages ‘clés’ », note le rapport. Plus de 20.000 espèces de plantes à fleurs pourraient disparaître ces prochaines décennies si aucune mesure de conservation sérieuse n’est prise, ajoute-t-il. Est-il utile de rappeler que sur les 100 espèces végétales qui fournissent 90% de la nourriture dans le monde, plus de 70 sont pollinisées par les abeilles ?

La pollution de l’air est également un facteur mis en avant pour expliquer le déclin des pollinisateurs : elle interfère avec leur capacité à retrouver l’odeur des pollens. Les champs électromagnétiques peuvent aussi affecter le comportement des abeilles. Ces dernières y sont sensibles car elles possèdent de « petits cristaux abdominaux qui contiennent du plomb ».

Le travail fourni par l’ensemble des pollinisateurs représente environ 153 milliards d’euros, soit 9,5% de la valeur de la production mondiale de produits agricoles.

« Les êtres humains se bercent de l’illusion qu’ils auront, au cours du XXIe siècle, les moyens technologiques de se passer de la nature. Mais les abeilles nous montrent que nous sommes dépendants des services qu’elles nous rendent, et le serons encore plus lorsque nous serons 7 milliards sur terre », conclut Achim Steiner, directeur exécutif du Pnue et secrétaire général adjoint de l’ONU.


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