Environnement Lançonnais

Qui se cache derrière le complot anti-vaccin ?

dimanche 2 septembre 2018 par Alain KALT (retranscription)

Chère amie, cher ami,

C’était le thème retenu pour une réunion organisée par un cabinet d’affaires publiques au service des laboratoires pharmaceutiques et des institutions.

C’était le 13 juin 2018. Je m’y suis rendu.

Vous trouverez le compte rendu de cette réunion ainsi que la vidéo en cliquant sur la source de cet article.

Je vous propose d’analyser la « com » de l’industrie pharmaceutique et ses soutiens utiles.

Car le casting n’avait rien à voir avec « Big Pharma ».

Les vaccins étaient « défendus » par un expert : Thomas Durand, docteur en biologie végétale et « youtubeur ». Il tient un blog de vulgarisation de la science.

Il a affirmé en préambule « ne rien connaître à l’histoire des vaccins ». Déroutant.

Son objectif pour cette réunion : expliquer « pourquoi les gens sont anti-vaccins ».

À l’écouter, on comprend que s’il existe une défiance vis-à-vis de la vaccination, c’est parce que « les gens » pensent mal et qu’ils sont influencés par des « gourous » dangereux comme le Pr Henri Joyeux (la réunion a eu lieu avant la décision de justice en sa faveur).

Le titre de la réunion : « Le complot des anti-vaccins »

Parler de « complot des anti-vaccins » est peut-être utile pour faire venir des participants à une réunion.

Mais c’est surtout un gros mensonge.

C’est indécent aussi. Ceux qui en veulent le plus aux vaccins sont les victimes. Elles n’ont pas droit de cité.

Il a fallu attendre près d’une heure pour que l’on parle d’elles et des effets secondaires…

Et encore, c’est parce que j’ai posé la question !

Les « gourous » de la médecine

En réalité, les victimes avaient été « oubliées ». La logique de Thomas Durand est simpliste.

La vaccination est bonne pour l’humanité, donc les gens devraient être pour la vaccination. S’ils ne le sont pas, c’est qu’ils ont été manipulés.

Par qui ?

Par des gourous qui en profitent pour faire leur commerce et leur gloire.

Thomas Durand s’appuie manifestement sur le rapport de la Miviludes rédigé par une géographe dont la conclusion est que l’action de l’IPSN avec le Pr Henri Joyeux aurait créé une défiance envers la vaccination en France.

C’est d’abord le Pr Henri Joyeux qui est visé.

Mais ce rapport et Thomas Durand oublient l’essentiel : les critiques de l’obligation vaccinale ou de la mise en œuvre de la politique vaccinale s’appuient sur des faits vérifiables.

Les accusations des Thomas Durand et consorts sont juste fallacieuses. Elles ne reposent sur rien, comme l’a confirmé l’annulation de la radiation du Pr Joyeux.

Confusion entre « anti-vaccin » et « anti-obligation vaccinale »

Pourquoi Thomas Durand s’appuie-t-il sur de fausses déclarations du type : le Pr Henri Joyeux est contre la vaccination ou le mouvement anti-vaccin est un mouvement politique extrémiste ?

C’est une technique de communication qui a deux avantages :

on tente de le décrédibiliser l’adversaire en le calomniant ;

on évite d’aborder le fond du sujet et de concéder que peut-être il y a des problèmes de fond à résoudre.

Partout dans le monde, lorsque la question des vaccins émerge, l’industrie se sert des médias pour imposer un débat bipartisan : il y a les pro et les anti.

Ainsi la vaccination est présentée comme un bloc uniforme. Soit on accepte tout ce qui est dit sur les vaccins, soit on est « anti-vaccin ».

Si un médecin formule une nuance, il est d’emblée placardé anti-vaccin. Il passera ensuite plus de temps à se défendre de cette accusation qu’à faire valoir son point de vue nuancé.

Ainsi, le débat n’a jamais vraiment lieu et l’industrie est protégée par le halo de confusion et de fausses rumeurs.

Les journalistes répètent en boucle l’information mise en avant et certaines personnes finissent par croire ce que le système médiatique assène quotidiennement : il existe un complot des anti-vaccins, ces gens-là sont des extrémistes, ils poursuivent un but politique et économique…

Pendant ce temps-là, personne n’écoute les victimes ni les médecins qui posent des questions qui fâchent.

Les « bons » et les « mauvais » scientifiques

Pour enfoncer le clou, Thomas Durand va même plus loin dans la caricature. Il distingue les « bons » et les « mauvais » scientifiques, les « bons » et les « mauvais » journalistes.

Il y a ceux qui veulent votre bien : ils défendent la science et les vaccins. Il y a les autres qui défendent leurs intérêts propres et sont de dangereux « gourous ».

Et si vous vous révoltez, que vous estimez avoir tout de même une pensée autonome, il trouvera bien une catégorie dans laquelle vous classer.

Car si vous pensez que la politique vaccinale telle qu’elle vous est proposée aujourd’hui n’est pas sans défauts, c’est que vous avez des « croyances » …

Les croyances des « antis »

Pour expliquer la défiance grandissante de la population, Thomas Durand nous explique que les gens « ont des croyances ».

Je ne résiste pas à la tentation de vous remettre ce qu’il a dit in extenso :

“Les gens qui croient que les vaccins sont dangereux ont des raisons. Des mauvaises raisons sûrement, mais des raisons. Donc il faut leur parler comme à des adultes à des gens responsables et qui veulent le bien. S’ils ont peur, c’est qu’ils veulent le bien d’eux-mêmes et des gens qu’ils aiment. Il ne faut pas les insulter. Il ne faut pas leur dire que ce sont des crétins. Juste qu’ils sont mal informés. Leur épistémologie est défectueuse, comme beaucoup de gens. Il y a des gens qui croient que Mahomet s’est envolé sur les ailes d’un cheval ailé, que Dieu s’est incarné dans Jésus et s’est fait crucifier, que… et caetera. Toutes les religions, les gens y croient. Les “antivax” ont une croyance.”

Quelle confusion !

Je n’ai jamais entendu quelqu’un évoquer ses croyances pour me parler des vaccins ni chez les scientifiques, ni dans le grand public !

Les sujets qui intéressent les scientifiques… et le grand public !

En réalité, peu de scientifiques remettent totalement en cause la vaccination.

Ce qu’ils dénoncent aujourd’hui c’est le flou total qui existe au niveau institutionnel, ainsi que le refus de répondre aux inquiétudes des citoyens sur :

- • l’indépendance des études scientifiques ;

- • la différence entre les procédures de contrôle des médicaments et celles des vaccins. Les médicaments sont contrôlés contre placebo, pas les vaccins ;

- • la densité du calendrier vaccinal ;

- • l’incohérence des politiques vaccinales d’un pays à l’autre. Au Japon le vaccin Gardasil contre le virus HPV, qui provoque le cancer de l’utérus a été retiré. En France, il a failli être ajouté aux vaccins obligatoires !

- • l’incohérence des recommandations vaccinales d’un expert à l’autre. Par exemple, le Pr Didier Raoult, infectiologue, critique le vaccin HPV et le vaccin contre la rougeole mais regrette qu’il n’y ait pas de stratégie vaccinale pour la grippe et la varicelle. Il dit ce qui se passe en France est très différent de ce qui se passe aux États-Unis. Ce n’est pas de la science mais de la politique (1) !

- • l’utilisation d’une stratégie vaccinale identique pour tous ;

- • la toxicité de l’aluminium ;

- • les campagnes d’informations mal menées par les pouvoirs publics (hépatite B, H1N1)...

Vers une politique vaccinale réfléchie, libre et individualisée

Près de 90 % des Français sont vaccinés.

La plupart des Français acceptent de faire vacciner leurs enfants.

En dépit des alertes régulièrement lancés par les médias, il n’y a pas d’inquiétude majeure sur la situation sanitaire en France chez les experts.

Il n’y a pas de risque d’apparition d’une épidémie dangereuse qui menacerait une bonne partie de la population.

Dans le fond, pourquoi débattons-nous autant de la politique vaccinale ?

Tous les voyants sont au vert pour que nous ayons une discussion citoyenne raisonnable et apaisée.

On sait que chaque personne dispose d’un système immunitaire spécifique qu’il partage avec une « famille immunitaire ». C’est ce que l’on appelle les « groupes HLA ».

Cette identité immunitaire varie. Elle explique que tout le monde ne réponde pas de la même manière aux vaccins. Elle explique que nos besoins en vaccination soient différents.

Elle remet également en cause le fait qu’il faille une couverture vaccinale maximale pour favoriser l’efficacité des vaccins et la disparition des maladies.

On sait par ailleurs que les maladies ne disparaissent pas toujours. Souvent elles se transforment. Les bactéries changent, les virus aussi.

Les stratégies vaccinales doivent être souples et discutées. Les citoyens devraient pouvoir choisir d’y adhérer librement.

Ceux qui ont peur des maladies peuvent se vacciner.

Ceux qui ont peur des vaccins méritent qu’on les écoute et qu’on leur laisse la possibilité de choisir s’ils veulent se faire vacciner ou non.

En tout cas, pour que ce débat existe, il faut que les institutions comprennent que les réticences de la population ne sont pas un « caprice », ni un effet « des croyances » mais l’interrogation légitime d’une population, qui malgré les apparences, en déjà vu d’autres !

Retrouvez la vidéo de cet événement ici (le son n’est pas terrible).

Naturellement vôtre,

Augustin de Livois

Voir en ligne : Source de l’article...

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