Environnement Lançonnais

Pour éviter la contamination, mangez de tout !

vendredi 1er juillet 2011 par Alain KALT (retranscription)

Le 30 juin 2011 par Geneviève De Lacour

212 types d’aliments ont été testés Du plomb et du cadmium dans le pain, de l’aluminium dans les pâtes, du cuivre dans le café. Toutes ces substances seraient présentes dans notre alimentation, mais en faibles quantités. Selon l’Anses, si l’on mange de tout sans excès, les risques pour la santé sont faibles.

Il s’agit de « la plus large photographie jamais réalisée des apports nutritionnels et expositions alimentaires aux substances chimiques de la population en France », selon l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) qui publie aujourd’hui 30 juin ce document volumineux de près de 700 pages. L’étude de l’alimentation totale (EAT2) menée sur 4 ans et qui a couté 5 millions d’euros a été « uniquement financée par l’argent public » précise Marc Mortureux, directeur de l’Anses. Elle vise à déterminer le risque sur le long terme et pour une population générale.

Ainsi, pas moins de 20.000 produits, préparés tels qu’ils sont consommés, ont été passés au crible. 90% de l’alimentation des adultes et des enfants est couverte par cette étude. 361 substances chimiques différentes ont été recherchées. Des substances qui appartiennent à différentes familles de produits chimiques, comme les contaminants organiques, les minéraux, les dioxines et furanes, les PCB, les composés perfluorés, les retardateurs de flamme bromés, les mycotoxines, les produits phytosanitaires, les additifs et les substances néoformées. Sur les 445 substances recherchées, 283 molécules appartiennent à la famille des pesticides. Mais pour 84 des produits recherchés -38 résidus de pesticides, certains composés perfluorés, le mercure inorganique, etc.- conclure sur le risque a été impossible en raison, notamment, de l’absence de valeurs toxicologique de référence. Pour ces molécules, l’Anses préconise donc de mener des « études toxicologiques ou des développements analytiques au cas par cas afin de lever l’incertitude quant au risque ». Enfin, « par manque de moyens métrologiques », le bisphénol A et les phtalates n’ont pas été recherchés, affirme Marc Mortureux.

Quels sont les résultats ? Selon l’Anses, pour 85% des substances prises en compte, le risque peut être écarté pour la population générale. L’évaluation se basant sur les seuls apports alimentaires.

En revanche, pour une douzaine de produits ou familles de substances, le risque excède la valeur-limite. Pour 15% des substances étudiées par l’Anses, le risque est donc bien réel. Il peut s’agir d’aliments pas nécessairement très contaminés mais très consommés, comme le pain, contenant cadmium, plomb, mycotoxines, les pâtes (aluminium), le café (cuivre, arsenic inorganique, acrylamide), le lait chez les enfants (plomb, arsenic inorganique). On trouve aussi des mycotoxines et trop d’acrylamide dans les frites, trop de sulfite dans le vin. L’Anses a remarqué une augmentation générale des teneurs en cadmium dans les aliments par rapport à la première étude EAT 1. Il est présent dans 35% des céréales et du pain analysés.

Côté polluants organiques persistants, on trouve des dioxines et PCB dans 86% des produits analysés, mais l’exposition de la population a fortement diminué en 5 ans. Les effets de l’interdiction des PCB se font sentir. « Il conviendrait de réduire les teneurs de ces contaminants dans les aliments principalement contributeurs, par des réglementations et des actions auprès des filières », estime l’Anses.

« Cette étude montre que les risques tant nutritionnels que chimiques peuvent être minimisés en évitant de consommer régulièrement un petit nombre d’aliments en grandes quantités », conclut l’Anses, qui prône une nouvelle fois une alimentation diversifiée. Mais il faut noter que l’étude ne prend en compte qu’une concentration moyenne de ces produits dans les aliments. Elle ne permet donc pas d’estimer les niveaux d’exposition pour les enfants, les femmes enceintes, c’est-à-dire les populations les plus sensibles.

« Une étude qui a le mérite d’exister. » Générations futures, l’association de défense de l’environnement, prend note de cette publication mais conserve des « inquiétudes pour certaines substances ». Elle constate que l’Agence « n’écarte pas l’existence d’un risque toxicologique potentiel notamment pour le cadmium, certaines dioxines, les PCB, des acrylamides ou encore le pesticide diméthoate. Nous sommes très étonnés de l’augmentation de la teneur en cadmium de certains aliments », complète Générations futures avant de rajouter : « Sachant que certains engrais agricoles et ou des boues d’épandage peuvent être des sources de contamination au cadmium, nous recommandons de surveiller ce point et de limiter leurs utilisations ».

L’association souligne également certaines carences de l’étude qui ne prend pas en compte l’interaction des molécules entre elles, ni le mode d’action particulier des perturbateurs endocriniens. Et enfin certains contaminants comme le bisphénol A, l’aspartame ou les antibiotiques ne sont pas étudiés.

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