Bonnes nouvelles sur le soleil.
Bonnes nouvelles sur le soleil
Lu cet été dans le journal (Le Parisien) : « Les bénévoles de la Ligue contre le cancer s’invitent dans 17 trains iDTGV pour informer les vacanciers sur les méfaits liés à l’exposition au soleil, à savoir la déshydratation, l’insolation, les brûlures ou même les cancers. » L’histoire ne dit pas si les bénévoles distribueront aussi du Prozac aux vacanciers terrorisés. Mais lorsqu’on lit la documentation sur le soleil de la Ligue contre le cancer, on se demande comment les Français qui n’habitent pas le Nord-Pas-de-Calais parviennent à survivre. Et quant aux malheureux qui vivent aux Seychelles ou à l’Ile-Maurice toute l’année, on se dit que c’est un miracle qu’il y ait encore des survivants ! Mais la réalité scientifique, cher lecteur, vous la connaissez, ou au moins, vous la soupçonnez : même si la Ligue contre le cancer évite soigneusement de le reconnaître, le fait est que les vertus du soleil compensent très largement ses dangers. Le soleil est un élement indispensable et crucial pour votre santé, aussi bien physique que psychique.
Le mélanome progresse
Il est vrai que le mélanome (tâche cancéreuse sur la peau) est une des tumeurs dont l’incidence (c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas chaque année) a le plus augmenté ces vingt dernières années. Entre 1978 et 2000 en France, elle a progressé chaque année en moyenne de 5,9% chez l’homme et de 4,3% chez la femme. Le nombre de nouveaux cas par an a ainsi triplé en 20 ans, passant de 2300 en 1980 à 7231 en 2000 (42 % chez l’homme et 58 % chez la femme). 1 364 décès étaient imputables au mélanome cette même année, dont 704 décès masculins (soit 52 %) et 660 décès féminins. L’âge moyen de survenue du mélanome était de 58 ans chez l’homme et de 56 ans chez la femme en 2000. Mais la répartition géographique des données de mortalité par mélanome en France montre une prédominance nette des cas en Bretagne, dans les Pays-de-Loire, en Basse-Normandie et en Alsace. Autrement dit, il n’y a aucune relation apparente avec les région les plus ensoleillées. Au contraire, même.
Peu de rapport entre soleil et cancer de la peau
Le fait est que les Français s’exposent moins au soleil qu’auparavant. Jusqu’en 1950, la majorité des Français étaient agriculteurs ou travaillaient à l’extérieur. Par rapport à aujourd’hui, le nombre d’employés qui faisaient toute leur carrière à la lumière de néons, dans des bureaux (même « paysagés ») était très faible. Il n’est donc pas étonnant qu’une étude publiée dans le Journal of the National Cancer Institute en 2002, qui portait sur 603 personnes atteintes de cancer de la peau, n’ait trouvé aucune corrélation entre les coups de soleil, les bains de soleil, l’exposition au soleil et l’apparition de plusieurs formes de cancer de la peau.(1) Ces conclusions sont corroborées par de nombreux autres faits. Les mélanomes apparaissent le plus souvent sur des parties du corps peu exposées au soleil – ils ne sont courants ni sur le front, ni sur les oreilles, ni sur la nuque, ni d’ailleurs sur le visage, qui sont les parties les plus exposées au soleil (cela peut exister cependant). Pour comprendre ce phénomène, il faut d’abord connaître la différence entre deux sources de rayons ultraviolets (UV) dans les rayons du soleil :
les UVA, qui abîment la peau
les UVB, qui produisent de la vitamine D
Les UVA comme les UVB peuvent faire bronzer et donner des coups de soleil, mais l’effet des UVB est beaucoup plus rapide. Cependant, les UVA pénètrent plus profondément dans la peau et pourraient être un facteur plus important de vieillissement de la peau, rides et cancer de la peau. Or, les personnes qui travaillent à l’intérieur ne reçoivent que des UVA, car les UVB sont arrêtés par les vitres. Cela signifie pour elles qu’elle subissent l’effet malfaisant des rayons du soleil, tout en manquant ses effets bénéfiques, puisque, privées d’UVB, elles vont manquer de vitamine D. En effet, la vitamine D se forme dans votre peau lorsque vous vous exposez directement à la lumière du soleil. Le soleil, lui, cause effectivement des mutations génétiques et peut provoquer des cancers de la peau, mais la nature a prévu un système efficace pour éviter ce risque. Selon le Dr John Cannell, un des spécialistes mondiaux de la vitamine D, la vitamine D produite sous l’effet du soleil dans votre peau bénéficie directement à l’ADN des cellules de votre peau, où elle aide à empêcher les dommages du soleil. La vitamine D est en effet un des meilleurs outils que votre corps ait à sa disposition pour lutter contre les croissances cellulaires anormales. Comme pour l’alcool, le mode d’exposition au soleil aurait donc aussi une grande influence. Une exposition modérée mais régulière protègerait contre les cancers de la peau parce qu’elle laisse à la peau le temps de mettre en place ses défenses naturelles : le bronzage et la vitamine D. En revanche, la consommation brutale et massive de soleil par des peaux non préparées et plus fragiles (celle des habitants du nord de l’Europe) provoquerait des dégâts car les atteintes profondes des UVA n’ont aucune chance d’être enrayées par les mécanismes de protection, qui n’apparaissent que progressivement. De nombreux chercheurs, dont le plus connu est le Dr William Grant, ont publié des articles scientifiques contrôlés par leurs pairs (peer-reviewed) qui démontrent que, aux Etats-Unis, une meilleure exposition de la population au soleil ferait baisser de 185 000 le nombre de cancers chaque année, et éviterait 30 000 morts de cancer du sein, des ovaires, de la prostate, de l’utérus, de l’oesophage, du rectum, de l’estomac et de la vessie. En guise de comparaison, 7500 personnes y décèdent de cancer de la peau chaque année. Pour vous, cela veut dire que le soleil fait tellement baisser votre risque de toutes les autres catégories de cancer, qu’il serait insensé de vous priver de soleil sous prétexte qu’il augmenterait le risque de cancer de la peau et notamment de mélanome, un effet qui fait encore l’objet de débats. Au contraire, le fait de ne pas prendre de soleil, ou de mettre de l’écran total, vous expose à un dangereux déficit de vitamine D, qui lui augmente votre risque de cancer d’une façon qui n’est plus à démontrer (si vous lisez régulièrement ma lettre, vous le savez).
Moins de sclérose en plaques
Enfin, les personnes qui sont exposées au soleil et qui ont un niveau élevé de vitamine D auraient moins de risques de développer une sclérose en plaques que les autres. C’est ce que révèlent les chercheurs de l’Université nationale australienne de Canberra. Les auteurs ont suivi 677 personnes âgées de 18 à 59 ans dont 282 présentant les premiers symptômes de la sclérose en plaques. Les participants ont indiqué leur exposition au soleil. Leur taux de vitamine D a été mesuré par prise de sang. Les chercheurs ont également évalué les dommages du soleil sur la peau des participants. D’après les résultats, les personnes dont la peau est la plus exposée au soleil ont 60 % de risques en moins de sclérose en plaques que celles dont la peau est la moins exposée. Celles qui ont le taux de vitamine D le plus élevé ont également moins de risques de sclérose en plaques que celles qui ont le taux le plus bas.
A votre santé ! Jean-Marc Dupuis
Alain KALT (retranscription)
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