Environnement Lançonnais

Edulcorants : le doute persiste quant aux effets sur la santé

dimanche 28 août 2011 par Alain KALT (retranscription)

24-01-2011

Célèbre édulcorant artificiel intense, l’aspartame (APM) est présent dans plus de 6 000 produits, les enfants et les femmes comptant parmi les principaux utilisateurs. Selon Réseau Environnement Santé (RES), cette substance est régulièrement utilisée par 200 millions de personnes de par le monde. En Europe, l’APM est autorisé depuis 1994, après une évaluation par le Comité scientifique de l’alimentation humaine de la Commission européenne (CSAH) en 1985. Ce même comité est à l’origine de l’actuelle dose journalière admissible (DJA) valable pour l’aspartame, fixée à 40 mg/kg poids corporel. Le CSAH a réévalué l’aspartame successivement en 1989, 1997 et 2002. En 1995, une étude évoqua une possible relation entre l’augmentation de la fréquence de tumeurs du cerveau et la consommation d’aspartame. Mais, selon l’Anses (1), « cette étude a été critiquée par de nombreux scientifiques sur le plan méthodologique ». Se prononçant une première fois en 1997, le CSAH a conclu en 2002 que les données scientifiques de l’étude de 1995 n’apportaient pas de preuve d’un lien entre aspartame et tumeurs du cerveau. Au regard de quoi, la dose journalière admissible de l’aspartame fut maintenue.

En 2005 et 2006, le Centre de Recherche sur le Cancer Ramazzini de Bologne publia les résultats d’une étude chez le rat, dont les résultats mettaient en évidence une augmentation de l’incidence des lymphomes, leucémies et autres types de cancer chez les animaux exposés à l’aspartame. Saisie par la Commission européenne, l’EFSA a alors étudié ces nouvelles données, concluant à l’absence d’élément justifiant de mettre en cause les évaluations précédemment réalisées, ni la DJA de l’aspartame de 40 mg/kg poids corporel. En 2007, le scénario se reproduit suite à une nouvelle publication de l’Institut B Ramazzini, démontrant une fois encore l’augmentation de l’incidence de leucémies, lymphomes et de cancers des glandes mammaires chez les rats après l’exposition à l’aspartame in utero. En février 2009, l’EFSA rend son avis sur cette nouvelle publication et conclue que les données obtenues n’indiquent pas un potentiel génotoxique ou cancérigène de l’aspartame après une exposition in utero.

Mais le débat sur l’aspartame, et les édulcorants en général, est loin d’être clos. En effet, de nouvelles études scientifiques, fraîchement publiées, se sont à nouveau penchées sur les éventuels effets d’édulcorants alimentaires sur la santé. Ainsi, en décembre 2010, le Dr Morando Soffritti et l’équipe du Centre de Recherche sur le Cancer Ramazzini de Bologne ont publié dans la revue American Journal of Industrial une troisième publication démontrant un effet cancérogène. Celle-ci a révélé que l’administration d’aspartame ajouté à la nourriture, depuis la période prénatale jusqu’à la fin de la vie, provoque le cancer du foie et du poumon chez la souris Swiss mâle. Parallèlement, une étude prospective menée chez près de 60 000 femmes danoises enceintes est parvenue à la conclusion que la consommation quotidienne de boissons gazeuses ou non gazeuses sucrées artificiellement durant la grossesse pourrait augmenter le risque d’accouchement prématuré. Il est toutefois spécifié que des études ultérieures seront nécessaires pour confirmer ou informer cette dernière étude.

A la lumière de ces nouvelles données, RES demande à l’Anses de réévaluer l’ensemble des édulcorants, et tout particulièrement l’aspartame. Se revendiquant en « veille permanente », l’Anses a déjà fait savoir qu’elle allait « examiner sans délai ces nouvelles études en vue d’éventuelles recommandations aux autorités françaises ».

Cécile Cassier 1- Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

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