Des escargots cyborgs sous tension !
L’escargot a rejoint le rang des animaux (cafards, rats, lapins, etc.) sur lesquels les chercheurs tentent d’implanter durablement des micropiles qui produisent de l’électricité à partir du glucose et de l’oxygène présents dans leur organisme.
Les scientifiques ont décrit précisément dans le Journal de l’American Chemical Society, la façon dont leur nouvelle pile à biocombustible a fonctionné pendant des mois à l’intérieur même d’un escargot vivant.
La douzaine d’escargots du Pr. Katz a généré jusqu’à 7,45 microwatts. Mais après 45 minutes seulement, l’énergie électrique avait chuté de 80 %. Pour obtenir une alimentation à courant continu, l’équipe de chercheurs a dû diminuer la puissance à 0,16 microwatts.
Dans ce rapport, Evgeny Katz et ses collègues de l’université de Clarkson, à Potsdam (New-York) ont souligné que de nombreuses études antérieures portaient sur le "potentiel" des piles à biocombustible "implantables". Jusqu’à présent, aucune équipe n’avait réussi à créer une biopile implantée dans un petit animal vivant capable de produire de l’électricité pendant une période de temps prolongée sans lui être préjudiciable.
En effet, "l’escargot munit de la biopile est capable de fonctionner dans un environnement naturel, produisant de l’énergie électrique nécessaire à l’activation de différents dispositifs bioélectroniques," ont indiqué les auteurs de cette étude.
Pour "transformer" un escargot vivant en "batterie", les chercheurs ont réalisé 2 petits trous dans sa coquille et lui ont inséré des électrodes miniaturisées à base de nanotubes de carbone comprimé. Ils ont ensuite enduit le matériau hautement conducteur avec des enzymes qui favorisent les réactions chimiques dans l’organisme. En utilisant une enzyme différente sur chaque électrode, - l’un attirant les électrons grâce au glucose et l’autre utilisant les électrons pour extraire les molécules d’oxygène de l’eau - , celles-ci induisent un courant électrique. Les enzymes peuvent produire de l’électricité pendant plusieurs mois, à condition toutefois d’avoir nourri et fait reposer convenablement l’animal.
"La partie vraiment impressionnante de son travail [pr. Katz], c’est que l’implant est en mesure de fournir un potentiel énergétique stable pour une période de temps aussi longue", a indiqué Shelley Minteer, une chercheuse travaillant elle aussi sur les piles à biocarburant à l’Université de l’Utah (Salt Lake City).
Tous ces efforts visent à créer des insectes (ou escargots) cyborgs, un concept qui semble déjà avoir séduit le ministère américain de la Défense. Durant au moins une décennie, les chercheurs ont inventé des microcircuits de capteurs et d’antennes radios avant de les implanter dans divers insectes et bestioles de sorte qu’ils puissent recueillir des informations sur leur environnement.
D’autres laboratoires sont sur les rangs comme celui du professeur Philippe Cinquin, à l’université Joseph-Fourier de Grenoble. En implantant des piles à glucose sur des rats, le français espère implanter des piles à biocombustibles sur l’être humain. L’objectif avoué serait alors de faire fonctionner des appareils médicaux tels qu’un pacemaker.
Le Pr. Katz a indiqué qu’il pensait maintenant à "utiliser" des animaux plus grands que les escargots, dont le métabolisme pourrait délivrer plus de puissance. La prochaine étape pour lui est assez évidente : "un homard cyborg".
Alain KALT (retranscription)
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