Environnement Lançonnais

Les saumons d’élevage, gavés aux pesticides ?

dimanche 5 mai 2013 par Alain KALT (retranscription)

Sites à consulter...

http://www.bastamag.net/article2026.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Saumon

Vidéo à consulter...

http://mouvementvegan.wordpress.com...

Après le foie gras, le caviar et les chapons, Talis souhaite faire voler en éclats un douteux symbole : faux luxe mais vraie cruauté, le saumon est aussi synonyme de désastre écologique.Passé quasi révolu, on ne mange plus de saumons sauvages pêchés de façon artisanale ou bien a des prix très élevés mais des saumons d’élevage.La France en est un gros consommateur et importateur : 103 000 tonnes par an, surtout congelés et venant pour la plupart de Norvège et d’Écosse.

Fermes marines : cages "en batterie" Les fermes marines parquent les poissons les uns sur les autres,donnant une impression de boîte à sardines vivantes.Au lieu de pouvoir librement faire l’aller et retour jusqu’au Groenland,le saumon va grandir captif, parmi des centaines, des milliers d’autres, d’abord dans une cuve d’alevinage puis dans une cage de grillage.Mais avec bien peu de mètres cubes pour nageotter si l’on songe à la vastitude de l’océan, proche mais inaccessible. Le stress est toujours au rendez-vous, dû à la frustration des besoins naturels,à la promiscuité, à une morne vie artificielle où il suffit d’attendre les granulés et de grossir… Les maladies sont là aussi dans ces conditions d’entassement favorisant les transferts de bactéries et de parasites, qui s’en étonnerait ? Et les fermes aquacoles ne sont pas toujours implantées loin les unes des autres, d’où des risques de contamination accrus.

Une véritable menace écologique

En matière de parasites,le sea lice est un des pires, se fixant sur la peau et provoquant des lésions mortelles.On a donc mis au point un pesticide aquatique pour le combattre : l’Ivermectin.Mais il semble trop efficace car il détruit aussi une partie de l’environnement marin, notamment le phytoplancton et le zooplancton.Un peu comme le mercure, il contamine toute la chaîne alimentaire : on le retrouve même chez les cétacés – et l’être humain ! De plus, les saumons reçoivent d’autres produits chimiques dont des antibiotiques et des activateurs de croissance, qui se retrouvent aussi dans la mer et pas seulement en traces dans leur chair avec les déjections. Celles-ci sont parfois en telle densité que la mer est saturée de déchets organiques : au moins localement dans des baies, il y a dégradation du milieu marin.Cela pose des problèmes dits "trophiques",c’est-à-dire d’alimentation pour tous les autres animaux marins de la zone ainsi polluée,comparables à ceux dus aux déversements abusifs de lisier porcin, comme en baie de Saint-Brieuc par exemple. En moyenne, 100 tonnes de nourriture pour saumons se transforment en 10 tonnes de déchets solides (recouvrant les fonds proches et détruisant toute vie) et 5 tonnes de déchets azotés solubles pour la mer-poubelle. Résidus médicamenteux plus déjections : c’est donc là un premier ensemble de menaces sur l’environnement, capable de bouleverser des écosystèmes côtiers, mais ce dossier est encore trop mal étudié. D’autres animaux touchés Au passage, autre fait non négligeable, les poissons captifs intéressent leurs prédateurs : ceux qui cherchent aussi à les manger à l’état sauvage.Et les humains n’aiment pas la concurrence, donc ils l’éloignent, voire l’éliminent. De nombreuses loutres ont été tuées, des filets sont mis au-dessus des cages pour éviter les oiseaux de mer, d’autres autour pour empêcher l’approche des animaux marins (qui s’y empêtrent souvent et se noient), on utilise même parfois des sonars électroniques pour perturber les phoques du voisinage ! Quand on ne les tire pas aussi : de vieux chiffres (1987) sur les 157 sites écossais (environ 300 en 1991) indiquent la mort de 1050 phoques, 200 hérons et 2000 cormorans, et ils sont sans doute inférieurs à la réalité car donnés par les industriels eux-mêmes !

Une nourriture à faire frémir La deuxième grande menace sur l’environnement est liée à un phénomène mieux connu mais trop ignoré du grand public : la surpêche. Des personnes sincères mais naïves pensent que l’aquaculture est la solution à l’exploitation massive des océans : on ne vide plus la mer puisqu’on fait de l’élevage. Hélas, c’est oublier un peu vite que les saumons – et poissons d’autres espèces – sont nourris de déchets, mais surtout avec des poissons, et pas seulement des restes inconsommables. Il s’agit essentiellement des petits poissons provenant de la pêche dite minotière. De même qu’une minoterie transforme des céréales en farine, cette activité mal connue consiste essentiellement à fabriquer de la farine de poisson à partir d’espèces de petite taille ou qui ne sont pas directement consommables pour les humains. Mais cela bouleverse les écosystèmes marins : ceux qui s’en nourrissent ne trouvent plus leurs proies habituelles et peuvent même dépérir ! Pour engraisser vite, un saumon d’élevage est bourré de granulés (médicamenteux qui plus est, pour contrer les carences) où l’on trouve surtout ses cousins les autres poissons – mais aussi des plumes broyées provenant de volailles industrielles (des lysats), des farines de viande et d’os et du sang d’abattoir pour servir de liant. Miam ! Tiens, ça vous rappelle une histoire de vache folle, non ? D’ailleurs, on doit redire que la menace de prions transmissibles aux humains n’est pas totalement écartée chez les poissons… Signalons au passage une ironique "transmission croisée" : les excédents de farine de poisson sont vendus aux industries porcines et volaillères. Bon appétit, tout le monde. Le calcul est simple : pour obtenir un kilo de saumon consommable, il faut cinq kilos de farine séchée de poisson – dont chaque kilo a nécessité la transformation de cinq kilos de poissons frais. Donc, quand vous mangez un kilo de saumon d’élevage, songez qu’il a fallu tuer environ 25 kilos de petits poissons pour cela ! Sans surprise, les industriels faussent les chiffres en comparant astucieusement du granulé sec avec du poisson frais (et non vidé !), donc plein d’eau. Ramenée à tous les océans du monde, la farine de poisson représente des milliards de vies sacrifiées… La pêche minotière est bien un fléau écologique, mais peu connu du public.

Prison et bains chimiques

"Aller en mer", c’est la très mauvaise expression utilisée pour indiquer que les saumons sont mis dans les cages, mais avant, c’est pire ! Ils sont en effet enfermés pour grandir (sur terre) dans des bassins ronds de très petite taille depuis leur naissance. Pour le marché français ou allemand, un responsable écossais nous a affirmé que le poisson passe généralement plus d’un an en citerne, puis six mois en cage marine. Mais certains veulent des poissons plus gros : jusqu’à deux ans de citerne puis un an de cage. Tous les poissons d’élevage souffrent de ces conditions "contre nature", mais le saumon plus que les autres car ce très grand migrateur passe son temps à parcourir les océans à l’état sauvage, ne revenant dans sa rivière de naissance que pour donner la vie à son tour. Son instinct très fort est complètement frustré par les parois des citernes puis des cages. Il passe toute sa vie en prison, mais qui s’en préoccupe ? Ce n’est qu’un poisson… Les saumons disposent de l’équivalent d’une cuvette pour un poisson d’environ 60 cm ! Cela donne donc à peu près 4725 poissons les uns sur les autres dans chaque cage… Et il y a souvent plusieurs cages arrimées ensemble, jusqu’à 45. Ce surentassement favorise les attaques sur les plus petits ou plus faibles. Des études ont démontré le cercle vicieux stress-agressivité-davantage de stress, qui, lié à l’entassement, facilite encore la survenue des maladies qu’il faut traiter. Mais il y a pire : les produits chimiques médicamenteux polluant le milieu marin sont aussi des irritants pour les saumons. Ainsi le Dichlorvos, utilisé en bains forcés pour combattre les parasites quasi inévitables, amène les saumons à se débattre de douleur et à sauter anormalement haut – des précautions étant parfois prises pour les empêcher de se blesser ! Et ce produit est aussi dangereux pour les yeux : des études ont montré qu’il provoque en nombre croissant (jusqu’à 55 % !) des cataractes pouvant aller jusqu’à la cécité… même pour les saumons sauvages qui vivent à l’extérieur ! Une mort peu enviable Par maladies, blessures et parasites, les pertes sont parfois considérables, et se débarrasser des cadavres pose des problèmes ! "Tant pis, si cela demeure rentable…" pensent classiquement les éleveurs industriels. Pour être tués, les poissons sont parfois étourdis ou électrocutés. Les équipes accomplissent leur besogne sur les pontons de cages flottantes, tuant au moins 2 à 3000 saumons dans la journée. Un camion les emmènera vers l’usine de traitement. Les saumons sont privés de nourriture un ou deux jours avant l’abattage, voire plus. Il en est de même avant des transports ou transferts de citernes et de cages. Ceci les stresse davantage. Saumon à la Frankenstein Il existe des projets, hélas bien avancés, de saumons transgéniques, par exemple manipulés pour grossir plus vite ou recevant un "gène antigel" afin de s’adapter aux eaux plus froides. Il en est déjà résulté des monstres déformés, et des douleurs supplémentaires… On envisage aussi des vaccins modifiés génétiquement, autre risque pour le bien-être : s’il y a moins de dangers de maladies, il sera possible de les entasser encore : on ne les voit guère et ils ne viendront pas se plaindre.

Conclusion : le saumon, c’est non !

Et le consommateur dans tout ça ? Comme d’habitude,il ne sait rien ou ne veut rien savoir sur les conditions de vie antinaturelles de l’animal qu’il désire manger. Naïf et plein d’idées préconçues, il ignore même que la fameuse couleur "saumon" de la chair n’a rien de caractéristique, elle est artificielle du moins en élevage. La vraie est pâle et nacrée. Faire souffrir des saumons en contribuant à vider et polluer l’océan, voilà le triste résultat d’un engouement commercial récent. La qualité du produit final est dissimulée sous le goût de fumé – lui aussi artificiel la plupart du temps, comme en charcuterie. Avec Talis, et pas seulement pour les fêtes,abstenez-vous ,c’est bien et faites passer le mot ! Stéphane Charpentier (Talis)


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