Environnement Lançonnais

Cancérigènes, nos shampoings ?

samedi 14 septembre 2013 par Alain KALT (retranscription)

Le 13 septembre 2013 par Marine Jobert

Son nom fleure bon la noix de coco, mais gare au danger : le cocomide DEA, produit 100% synthétique, est classé cancérigène possible par le Centre international de recherche sur le cancer. Pourtant, on en trouve dans quantité de produits d’hygiène. C’est le cas aux Etats-Unis, où une association vient de porter plainte contre des producteurs de shampoings et autres gels douche et les magasins qui les commercialisent, mais aussi en France.

Un coup d’œil dans la salle de bains s’impose : un cancérogène possible se cache peut-être dans l’un de vos shampoings ou gels douche. Nom de code : cocomide DEA. Propriétés : cet agent émulsifiant « favorise la formation de mélanges intimes entre des liquides non miscibles » (comme l’huile et l’eau) et améliore la qualité de la mousse. Statut toxicologique : il est classé par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) comme un agent cancérogène possible (2b). La monographie que l’organisme basé à Lyon consacre à cette substance -garantie pure chimie de synthèse- détaille l’ampleur de l’utilisation mondiale de la molécule dans des produits de la vie courante. En 1992, une base de données danoise –qui contenait 2.354 produits- a recensé la présence de cet ingrédient dans 36 produits à vaisselle, 11 nettoyants pour sols, 83 nettoyants multi-usages, 127 shampoings, 75 nettoyants pour la peau, sans compter une série d’autres usages plus spécifiques. On en trouve aussi dans les films alimentaires, pour ses propriétés antistatiques.

Entreprises poursuivies

En Californie, la molécule est également classée comme cancérogène depuis juin 2012. C’est dans cet Etat américain que le groupe écologiste « Centre pour la santé environnementale » a mené des campagnes de mesure indépendantes et mis en évidence la présence de la molécule, à des concentrations parfois élevées. L’ONG a alors déposé plainte contre 4 entreprises qui vendent des produits contenant du cocomide DEA. Une centaine de magasins ont reçu un courrier les alertant que les produits qu’elles commercialisent violaient la législation de l’Etat. « La plupart des gens pensent que la sécurité des produits commercialisés dans les magasins est testée, mais les consommateurs doivent savoir qu’ils peuvent s’asperger avec un produit carcinogène chaque fois qu’ils prennent une douche ou se lavent les cheveux, fait valoir Michael Green, le directeur général de CEH. Nous attendons des entreprises qu’elles prennent des mesures pour que cesse cette prise de risque inutile pour la santé de nos enfants et de nos familles. »

Plus de 150 noms

Le produit est autorisé en France : la base de données « Le flacon », qui recense la composition de près de 1.500 produits cosmétiques, estime que 16 produits d’hygiène en contiennent. Parmi eux, sept shampoings, trois gels douche, un gel intime, un gel gommant et une huile de douche. Il existerait une, voire deux usines françaises qui produiraient la molécule. Comment s’y retrouver dans la liste des ingrédients ? La tâche peut s’avérer ingrate, puisque le cocomide DEA peut être désigné sous 150 vocables différents, selon le Circ !

Des perturbateurs endocriniens dans le vernis

Autre écueil chimique dans les salles de bain françaises : 40% des produits d’hygiène-beauté contiennent au moins un perturbateur endocrinien (PE), selon une étude de l’institut Noteo[1], menée sur une base de 15.000 produits. En tête, les vernis à ongles (74% d’entre eux contiennent au moins un PE), suivis des fonds de teint (71%), des Rimmels et autres poudres pour les yeux (51%), des produits démaquillants (43%), des rouges à lèvres (40%), des soins du visage (38%), des déodorants (36%), des dentifrices (30%) et des shampoings (24%).

Les deux principaux PE repérés sont les parabènes (23% des produits) et le cyclopentasiloxane (15%), le triclosan n’étant retrouvé que dans 1,3% des produits. « On trouve souvent plusieurs de ces substances dans un même produit », a déclaré Baptiste Marty, le président fondateur de Noteo, à l’AFP. Il appelle le gouvernement à interdire l’usage de ces substances dans les produits du quotidien. A noter, la bonne tenue des produits certifiés « bio », puisque Noteo n’a décelé de PE que dans 1,3 % d’entre eux[2].


[1] Il s’agit d’une association indépendante, qui réunit des experts en nutrition, environnement, toxicologie, responsabilité sociale. Elle a passé au crible 45.000 produits de consommation courante, selon 4 critères : santé, environnement, social, budget.

[2] A savoir le cinnamal, présent dans certaines huiles essentielles (cannelle, jacinthe, patchouli).

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