Environnement Lançonnais

Quand les OGM nuisent au commerce international

lundi 12 mai 2014 par Alain KALT (retranscription)

Le 14 mars 2014 par Valéry Laramée de Tannenberg

Même si le phénomène semble considérablement sous-estimé, les contaminations par des OGM de cargaisons non OGM se multiplient dans le monde. Ce qui entrave parfois les échanges de denrées alimentaires, s’alarme la FAO qui convoque un sommet international sur le sujet.

L’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) n’est pas contente. Et elle le fait savoir. L’objet de son courroux : les organismes génétiquement modifiés (OGM), coupables aux yeux de l’institution romaine de perturber le commerce international. Dans une étude sans précédent, la FAO a évalué les événements liés à la présence d’OGM dans les échanges internationaux de produits alimentaires.

Ces incidents sont plus fréquents qu’on ne le croit. Entre 2002 et 2012, les douaniers et autres régulateurs des marchés ont découvert 198 contaminations de cargaisons de cultures non OGM par des OGM, dont 138 entre 2009 et 2012. Dans ce cas, la cargaison est retournée à l’envoyeur mais les contrats ont pu être annulés et la suite des échanges suspendue. Ceci se produit en particulier dans les 55 pays ayant mis en place une politique de tolérance zéro pour les OGM sur leur territoire. En mai 2013, le Japon a ainsi refusé de prendre livraison d’un blé américain contaminé et annulé plusieurs contrats, suivi par la Corée du Sud.

Des Etats-Unis, du Canada et de la Chine

Pour en avoir le cœur net, les experts onusiens ont mené l’enquête. Ils ont envoyé un long questionnaire aux autorités de 193 pays. Seules 75 ont répondu. Ce qui est suffisant pour tirer quelques grands enseignements.

Ce sont les cargaisons en provenance des Etats-Unis, du Canada et de la Chine qui sont le plus fréquemment contaminées. Ce n’est pas une surprise. Ces trois pays comptent parmi les plus gros producteurs de végétaux génétiquement modifiés de la planète. A eux trois, ces géants agricoles abritent la moitié des surfaces mondiales dédiées aux cultures génétiquement modifiées (soit 85 millions d’hectares) Et les contaminations de cultures non GM n’y sont pas rares. Mais les arroseurs sont parfois arrosés. L’empire du milieu a récemment refusé à plusieurs reprises des cargaisons de maïs américain contaminées.

Lin, riz et papayes

En majorité, les incidents concernent des cargaisons de graines de lin, de riz, de papayes. Sans oublier les paquets de riz soufflé et de nouilles chinoises. A surveiller aussi : les aliments pour animaux, le soja, le colza et son huile.

Entre 2004 et 2012, les autorités françaises ont recensé 11 incidents[1] qui concernaient des importations de maïs (4), de riz (5) et graines de lin (1) et de papaye (1). Les exportateurs étaient majoritairement américains (6), mais aussi chinois (2), canadien, indien, pakistanais et thaïlandais. Dans la plupart des cas, ces cargaisons ont été bloquées grâce à un signalement donné par le système européen d’alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), mais aussi par les douanes et Greenpeace (dans un cas).

« Le nombre d’incidents est minime par rapport aux millions de tonnes de produits destinés à l’alimentation humaine et animale échangés dans le monde chaque jour », convient Renata Clarke, spécialiste de la sécurité sanitaire des aliments à la FAO et chargée de l’enquête. Cependant, les interruptions des échanges commerciaux peuvent s’avérer extrêmement coûteuses, et face à la hausse de la fréquence de ces épisodes, la FAO a décidé de conduire cette enquête et de convoquer une consultation technique pour entamer un dialogue entre les pays ».

Ce sommet doit se dérouler les 20 et 21 mars prochains. Il n’est pas certain qu’il en sorte grand-chose. Mais la FAO entend bien tirer la sonnette d’alarme, car le phénomène est probablement sous-estimé. « Plus on renforce les tests et la surveillance, plus on recense d’incidents », poursuit Renata Clarke. Et la surveillance fait parfois défaut. Selon l’étude, la moitié des autorités ayant répondu disposent de moyens de détection d’OGM insuffisants, voire inexistants. La plupart des pays n’ont, par ailleurs, aucune législation applicable à la présence d’OGM en faible quantité. Les contaminations peuvent y prospérer.


[1] Dont 3 en 2012.

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