Pourquoi les femmes enceintes ne doivent plus bricoler
Le 23 mai 2014 par Romain Loury
Une activité à éviter pendant la grossesse DR
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié jeudi 22 mai de premiers rapports sur les substances à évaluer en priorité, travail dont elle a été saisie en juin 2009 par le ministère de la santé. Conclusion : prudence chez les femmes enceintes, qui doivent éviter d’utiliser certains produits de bricolage, d’entretien et répulsifs.
Parmi ces cinq substances, figurent trois reprotoxiques de catégorie 2 : le n-hexane et le toluène, solvants dans des peintures et des colles, ainsi que le cis-CTAC, utilisé comme conservateur dans des produits répulsifs. Les deux autres sont des perturbateurs endocriniens : l’o-phénylphénol (OPP), que l’on retrouve dans des nettoyants désinfectants et des désodorisants, et le méthyl tert-butyl éther (MTBE), additif de l’essence.
Très fourni, ce travail d’évaluation des risques sanitaires (ERS) n’a trait qu’à leur présence dans les produits de consommation courante, et non dans les aliments, les médicaments ou les cosmétiques. L’Anses en a évalué les dangers, l’exposition de la population, et au final les risques sanitaires.
Il en ressort plusieurs recommandations, en particulier celle faite aux femmes enceintes « d’éviter l’utilisation de produits de bricolage, de produits d’entretien et de produits répulsifs (…) contenant du toluène, n-hexane et cis-CTAC », qui engendrent des « situations d’exposition potentiellement à risque pour le développement fœto-embryonnaire ». En outre, le MTBE pourrait poser un risque pour la reproduction, tandis que le n-hexane et le toluène constitueraient un danger pour le système nerveux.
La substitution recommandée
De manière générale, l’Anses conseille aux fabricants de substituer ces produits ou, au moins pour le toluène et le n-hexane, d’en abaisser la teneur à 0,1% du volume massique du produit. Pour l’OPP, elle appelle à évaluer la toxicité des substituts possibles ; quant au MTBE, le risque se pose particulièrement en cas d’exposition professionnelle (que l’Anses propose de réduire), à savoir chez les personnes travaillant dans des stations essence.
Si ces 5 agents ont été jugés prioritaires, c’est au total une trentaine de produits, reprotoxiques de catégorie 2 ou potentiellement perturbateurs endocriniens, qui doivent faire l’objet du même travail, rappelle l’Anses. Et ce en plus d’une autre évaluation, celle de 5 perturbateurs endocriniens, prévue pour cette année dans le cadre de la stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens (SNPE) présentée fin avril.
Le travail s’annonce long, et n’est pas sans écueil : évoquant « la difficulté à recueillir des informations représentatives du marché français concernant les produits de consommation et les données de composition associées », l’Anses explique que parmi les 37.000 industriels français contactés lors de l’enquête, concernés ou non par l’utilisation de ces substances, seuls 10% ont répondu ! Un manque d’entrain dommageable : selon l’Anses, les incertitudes restent « fortes » en termes d’exposition de la population, et donc d’évaluation des risques.
Alain KALT (retranscription)
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