Environnement Lançonnais

PPA, DEP : les porcs européens assiégés

samedi 16 août 2014 par Alain KALT (retranscription)

Le 28 juillet 2014 par Romain Loury

Les porcs européens sont désormais cernés : à l’est par la peste porcine africaine (PPA), à l’ouest par la diarrhée épidémique porcine (DEP). Apparue en avril 2013 aux Etats-Unis, cette dernière maladie entraîne une mortalité proche de 100% chez le porcelet.

Liée à un virus du genre Alphacoronavirus, la diarrhée épidémique porcine (DEP), non transmissible à l’homme, se transmet principalement par voie orofécale. Apparue au Royaume-Uni au début des années 1970, elle s’est ensuite étendue à l’Europe, avant de s’éteindre au cours des années 1990. A l’exception d’une épidémie survenue en Italie en 2005-2006, la DEP semblait avoir quitté le sol européen pour de bon.

Or elle pourrait fort bien y revenir, et en force : fin avril 2013, de premiers cas ont été observés dans des élevages des Etats-Unis, pays jusqu’alors épargné. Probablement d’origine chinoise selon les analyses génétiques, cette souche est plus virulente que celles observées jusqu’alors : chez le porcelet, le taux de mortalité est quasiment de 100%. Avec près de 7.500 élevages touchés fin juin aux Etats-Unis, la maladie, qui s’est depuis étendue au Canada et au Mexique, y fait des ravages.

Quid de la France ? Le risque d’introduction de la DEP à partir d’un pays infecté y est « avéré », estime l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) dans un avis publié jeudi 24 juillet. Parmi les différents types de produits porcins importés en France, c’est tout simplement les porcs vivants qui constituent le risque le plus fort : sur une échelle de 0 à 9, il est jugé « assez élevé » (niveau 7) pour les porcelets issus de pays tiers, « peu élevé » (niveau 6) pour les porcs charcutiers et reproducteurs.

Selon l’Anses, les importations de porcs vivants originaires des pays touchés sont faibles : entre janvier et mai, seuls 8 américains et 2 canadiens ont été recensés, généralement des animaux adultes moins sensibles à l’infection.

Viennent ensuite les produits sanguins d’origine porcine (plasma, globules rouges) destinés à l’alimentation animale (niveau 6), puis les embryons et les semences, classés au niveau 5 (« faible »). Quant à la viande de porc pour l’alimentation humaine, le risque est jugé « quasi-nul » (niveau 1).

L’UE reprend la main

Fruit d’une saisine de la direction générale de l’alimentation (DGAL), l’avis de l’Anses a trait à un projet d’arrêté visant à interdire l’importation sur le sol français de divers produits porcins. Parmi ces derniers, animaux vivants, semences, produits destinés à l’alimentation animale (produits sanguins, protéines hydrolysées, graisses), lisier de porc, et même articles à mâcher pour animaux domestiques, du type oreilles de porc.

Quatre pays étaient concernés par ce projet d’arrêté, à savoir les Etats-Unis, le Canada, le Mexique et le Japon -également touché par la DEP depuis octobre 2013. Toutefois, le texte n’a toujours pas été publié. Contactée par le JDLE, l’Interprofession nationale porcine (Inaporc) estime que « la France ne pouvait pas faire cela [interdire toute importation] toute seule », sans le reste de l’UE.

A ce jour, le seul texte publié au Journal officiel, signé le 12 mai, est un arrêté classant la DEP parmi les dangers sanitaires de première catégorie pour les espèces animales. Ceux dont les mesures de prévention, de surveillance et de lutte relèvent directement de l’Etat, dans un but d’intérêt général.

L’UE n’a quant à elle pas été jusqu’à l’interdiction totale : après un premier règlement, daté du 8 mai, exigeant un traitement thermique de tout produit sanguin porcin importé destiné à l’alimentation animale, un autre, du 10 juillet, vient renforcer le certificat sanitaire pour les porcs vivants importés.

Du côté d’Inaporc, on préfère ne pas se prononcer sur cette reprise en main du dossier par l’UE, indiquant que les importations françaises de porcs vivants et de produits sanguins des pays touchés sont très faibles. Affirmant que les éleveurs français sont « prêts » face à cette nouvelle menace, le syndicat reconnaît toutefois craindre beaucoup plus la DEP que la peste porcine africaine (PPA), en raison de sa très faible dose infectante.

Dernier épisode en date, la PPA a été détectée en mai chez des sangliers à l’est de la Pologne, à la frontière avec la Biélorussie, mais n’a pour l’instant touché aucun élevage de porcs (voir le JDLE).

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