Les algues rouges aux premières loges du réchauffement en Bretagne
Le 18 septembre 2014 par Romain Loury
Les algues rouges...
La température de surface de la mer a augmenté de 0,7°C ces deux dernières décennies en Bretagne, soit trois fois plus vite que la moyenne mondiale ! Les écosystèmes n’en sortiront pas indemnes. Objet d’une étude publiée dans le Journal of Biogeography, les algues rouges en témoignent déjà.
Depuis 50 ans, mers et océans se sont réchauffés en moyenne de 0,13°C par décennie au niveau mondial. La Bretagne a pris les devants : ces 20 dernières années, la température marine s’y est élevée de 0,35°C par décennie ! Et l’effet est encore plus marqué sur sa partie nord-est et du côté de la Normandie, avec une hausse de 0,4°C par décennie.
A un tel rythme, « le réchauffement va poser problème » pour les écosystèmes marins, constate Eric Feunteun, professeur d’écologie marine à la station marine de Dinard [1]. Avec son équipe, le chercheur en apporte d’ores et déjà la preuve pour plusieurs espèces d’algues rouges. Menés aussi bien par observation lors de plongées que par modélisation, ses travaux montrent leur profonde réorganisation géographique le long de la côte bretonne.
Sur chacune des zones analysées de 1992 à 2012, « certaines espèces courantes sont parties, d’autres sont allées vers le nord de la Bretagne ». Sans surprise, les espèces préférant les eaux froides sont les plus touchées : certaines ont migré vers le nord-ouest et la mer d’Iroise, aux eaux plus fraîches, tandis que celles qui étaient déjà en mer d’Iroise s’y sont « resserrées », abandonnant d’autres zones qu’elles occupaient.
Le golfe normand-breton déserté par les algues rouges
A l’inverse de ces « refuges » pour algues rouges, le golfe normand-breton présente la plus forte perte en espèces. Et pour cause : non seulement cette zone s’est plus réchauffée que d’autres, mais les écarts entre hiver et été s’y sont creusés, passant en 20 ans de « 10°C à 12°C, voire 13°C », explique Eric Feunteun. Or les algues rouges supportent mal les fortes amplitudes thermiques. Quel effet cette nouvelle répartition des algues rouges aura-t-elle sur le milieu marin, en particulier sur les espèces qui s’en nourrissent ? Difficile de le dire pour l’instant. « Tout dépend de la résilience des écosystèmes, de leur capacité à résister au changement », indique Eric Feunteun. Car rien ne dit qu’une espèce d’algue rouge puisse entièrement se substituer à une autre, un sujet sur lequel le chercheur travaille actuellement.
Indépendamment ou non des algues rouges, les écosystèmes marins bretons sont en plein bouleversement. « On observe de plus en plus d’espèces originaires du golfe de Gascogne », indique Eric Feunteun. Sars, dorades royales, balistes, voire espadons que l’« on peut désormais pêcher à Cherbourg ».
[1] UMR 7208 Biologie des organismes et écosystèmes aquatiques (Muséum national d’histoire naturelle, Centre national de la recherche scientifique, université Pierre et Marie Curie, Institut de recherche pour le développement).
Alain KALT (retranscription)
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