PCB : les oiseaux migrateurs perdent la boussole
Le déclin des oiseaux migrateurs s’expliquerait-il en partie par les perturbateurs endocriniens ? Publiée dans la revue Environmental Science & Technology, une étude canadienne suggère que les PCB pourraient altérer leur sens de l’orientation et leur appréciation de la longueur du jour.
En octobre 2014, l’association Bretagne vivante tirait la sonnette d’alarme, disant observer une forte raréfaction des oiseaux nordiques venus hiverner dans la région (voir le JDLE). Possibles causes de cette raréfaction des migrateurs, les changements climatiques, la perte de l’habitat, ou encore la diminution des ressources marines pour celles qui s’en nourrissent.
Dans leur étude menée sur des étourneaux européens (Sturnus vulgaris), l’équipe de Christy Morrissey, de l’université de la Saskatchewan à Saskatoon, évoquent une autre piste, celle des perturbateurs endocriniens. Encore peu compris, le comportement migratoire serait en effet sous contrôle du système hormonal, notamment des hormones thyroïdiennes et sexuelles.
Les chercheurs ont analysé des étourneaux en cage, administrant un mélange de PCB, l’Ariclor 1254, à de jeunes individus pendant leurs 18 premiers jours de vie. Au mois de septembre, ces oiseaux, âgés d’environ 4 mois, étaient exposés à un éclairage artificiel de 13 heures de lumière par jour. Chaque semaine, cette durée était diminuée d’une heure, jusqu’à atteindre 9 heures de lumière par jour pour 15 heures de nuit. A chacune de ces photopériodes, les oiseaux étaient filmés dans des cages circulaires, afin de déterminer la direction de leur envol.
Problèmes d’orientation ou de timing
Signal naturel du départ vers le sud, l’équinoxe d’automne (12 heures de lumière par jour pour 12 heures de nuit) voyait les oiseaux présenter un pic d’activité, qu’ils aient pris ou non des PCB. Mais seuls les oiseaux contrôles, n’ayant pas reçu de PCB, présentaient une orientation d’envol à peu près correcte, vers le sud-sud-est. Ceux ayant reçu une faible dose de PCB préféraient l’est, tandis que le groupe intermédiaire était plutôt tenté par le sud-est.
Quant aux étourneaux ayant reçu la dose la plus élevée de PCB, aucune direction préférentielle ne se dégageait de leurs tentatives d’envol. Ce n’est que lorsque la durée du jour chutait à 10 jours qu’ils montraient une prédilection pour une direction particulière, en l’occurrence erronée : le sud-sud-ouest.
« Quand ils s’écartent de leur route migratoire, de jeunes oiseaux désorientés ne peuvent apporter les corrections nécessaires, ce qui diminue leurs chances de parvenir à leur lieu d’hivernage. Du fait des intenses pressions de sélection que les oiseaux affrontent durant le voyage, toute erreur de navigation peut avoir des conséquences néfastes pour leur survie et leurs chances de reproduction », expliquent les auteurs.
Prochaine étape de leur travail, découvrir, au niveau du cerveau, les mécanismes affectés par les PCB qui expliqueraient ces problèmes d’orientation. Outre les polluants chimiques, d’autres travaux ont suggéré que les ondes radios de type AM pouvaient aussi affecter certaines espèces migratrices
Alain KALT (retranscription)
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