Pollution diesel : la fraude de Volkswagen est mondiale
Le 22 septembre 2015 par Stéphanie Senet
Le groupe automobile VW a reconnu que 11 millions de véhicules diesel dans le monde déjouent les contrôles anti-pollution
Le groupe automobile Volkswagen a reconnu ce 22 septembre avoir fraudé aux normes anti-pollution à l’échelle mondiale, en équipant 11 millions de voitures diesel d’un logiciel déjouant les contrôles. Ce « dieselgate » pourrait toucher d’autres constructeurs.
L’affaire Volkswagen a brusquement changé d’échelle. Ce ne sont pas 482.000 véhicules outre-Atlantique, mais 11 millions de voitures diesel dans le monde qui ont été équipées du logiciel permettant de truquer leur niveau d’émissions de polluants lors des tests, a reconnu Volkswagen ce mardi 22 septembre dans un communiqué. Point commun entre tous ces véhicules : ils disposent d’un moteur diesel de type EA 189 à bord, dont les émissions réelles d’oxydes d’azote ont donc été truquées en toute illégalité. Cela concerne des modèles de la marque Volkswagen mais aussi Audi, Porsche, Seat ou Skoda.
Le géant automobile, qui avait présenté ses excuses dimanche après la révélation de sa fraude aux Etats-Unis par l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA), a ajouté qu’il allait passer une provision de 6,5 milliards d’euros dans ses comptes du troisième trimestre pour faire face au scandale. Après une première chute de près de 20% à la bourse de Francfort hier, le titre a accusé un nouveau plongeon de 20% aujourd’hui pour atteindre 106 € en début d’après-midi. En deux jours, il a perdu plus du tiers de sa valeur.
Une partie de l’iceberg
Si cette fraude généralisée a de quoi susciter la colère avec les nombreuses morts prématurées engendrées par de fortes émissions d’oxydes d’azote, elle ne surprend qu’à moitié l’association européenne Transport & Environement, qui avait publié la semaine dernière une étude montrant que dans l’Union européenne, seulement 1 voiture diesel sur 10 respectait effectivement la norme Euro 6 en vigueur (étude basée sur 23 véhicules neufs issus de 6 fabricants).
En Europe aussi
« La fraude de Volkswagen ne représente que la partie émergée de l’iceberg », résume au JDLE Nico Muzi, de l’association. « On suspecte quasiment tous les constructeurs parce que la différence entre les émissions contrôlées et les émissions réelles sont trop importantes. Cet écart ne peut provenir des seules insuffisances du dispositif de contrôle », poursuit-il. « On pense que les véhicules européens sont équipés d’un dispositif similaire, permettant de déjouer les contrôles. Concrètement, le véhicule enregistre que le GPS n’est pas actionné -puisqu’il se trouve en laboratoire- et enclenche alors un logiciel permettant de piéger les émissions d’oxydes d’azote. Mais il nous manque encore des preuves », admet-il. D’où la nécessité d’une expertise indépendante. Aux Etats-Unis, l’EPA a enquêté après l’alerte donnée par l’ONG américaine International council on clean transportation (ICCT).
7,5 millions de véhicules diesel vendus en 2014
Pour rappel, le système diffère en Europe, les contrôles étant réalisés en laboratoire avant la mise sur le marché des véhicules. Mais les dispositifs de contrôle sont fortement critiqués pour leur manque de fiabilité. Aussi la Commission européenne a-t-elle proposé leur remplacement par des dispositifs de contrôle en conditions réelles, comme aux Etats-Unis, à partir de septembre 2017. En attendant, c’est une remise à plat complète des performances des tests qui s’impose. Une réforme d’autant plus importante que le marché européen du diesel est le plus important au monde. Il a compté l’an dernier 7,5 millions de véhicules diesel neufs sur les 10 millions vendus dans le monde. Les constructeurs français ont de bonnes raisons de s’inquiéter. « Compte tenu de l’importance du parc de véhicules diesel en France, je ne serais pas surpris de découvrir qu’une partie d’entre eux ne respectent pas les normes Euro 6 », estime Nico Muzi.
Réactions en chaîne
La chancelière allemande Angela Merkel a réclamé une transparence totale à Volkswagen. Dans l’Hexagone, le ministre français des finances Michel Sapin a déclaré qu’une enquête était « nécessaire au niveau européen ». Une enquête qui pourrait également viser les constructeurs français. Pour sa part, la ministre de l’écologie a saisi l’EPA pour apprécier "la nature de la fraude et les moyens pour la déctecter". Des propositions ont aussi été demandées à l’Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle (UTAC) qui réalise les essais d’homologation. Des procédures d’enquête sont enfin lancées en Allemagne, en Corée du Sud, en Italie et en Suisse.
Une nouvelle autorité de contrôle
La solution pourrait résider, selon Transport & Environment, dans la création d’une autorité européenne de contrôle indépendante. Son financement pourrait être assuré par un prélèvement à hauteur de 20 € par véhicule vendu. Une proposition qui trouve encore peu d’écho auprès des institutions. Pour la Commission européenne, des mesures de surveillance immédiates sont prématurées, même si elle veut aller « au fond des choses » pour que le secteur automobile respecte les normes d’émission des polluants. « Ceci est un problème mondial qui exige une réponse mondiale adaptée », estime pour sa part Drew Kodjak, directeur de l’ICCT.
Alain KALT (retranscription)
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