Environnement Lançonnais

Agriculture africaine : l’europarlement tance la NASAN

mercredi 22 juin 2016 par Alain KALT (retranscription)

Le 07 juin 2016 par Romain Loury

Lancée en 2012 par les pays du G8, la Nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique (NASAN) favorise-t-elle l’industrie agroindustrielle au détriment du modèle africain des petites exploitations familiales ? Après les associations, c’est au tour des eurodéputés de hausser le ton, dans une résolution très critique adoptée mardi 7 juin.

Partenariat public privé, la NASAN a été lancée afin « d’améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition en aidant quelque 50 millions de personnes en Afrique subsaharienne à sortir de la pauvreté d’ici 2022 ». Noble objectif, mais dont de nombreuses associations, dont Oxfam, Action contre la faim et CCFD-Terre Solidaire pour la France, craignent qu’il cache des buts moins avouables.

Dans un rapport publié en septembre 2014, « La faim, un business comme un autre », les trois associations françaises suscitées dénonçaient notamment, en Côte d’Ivoire (l’un des dix pays africains membres de la NASAN[i]), l’existence de « paysans liés contractuellement à des multinationales, dans l’obligation de leur payer des services, même en l’absence de récolte ».

Ou encore, au Burkina Faso, des terres irrigables attribuées de manière préférentielle, via des appels d’offre, à de grandes entreprises, au détriment d’agriculteurs familiaux se partageant les miettes. D’autres pays, comme le Nigeria, ont été sommés de modifier leurs cadres juridiques pour autoriser les semences OGM, accusait le rapport.

Pas de « révolution verte » bis

Les eurodéputés leur ont largement fait écho mardi 7 juin, dans une résolution adoptée à 577 voix contre 24 voix -et 69 abstentions. Dans un rapport très sévère, l’eurodéputée allemande Maria Heubuch (Verts) « met en garde contre le risque qu’il y aurait à reproduire en Afrique le modèle asiatique de ‘révolution verte’ des années 1960 en ignorant ses répercussions sociales et environnementales ». En bref, une agriculture faisant la part belle aux géants de l’agrobusiness, favorisant l’accaparement des terres, l’excès de pesticides et l’irrigation extensive.

Pour Maria Heubuch, « le soutien aux exploitations familiales et aux petits producteurs est le meilleur moyen de combattre la faim dans de nombreuses régions d’Afrique. Cependant, la maigre aide au développement de l’UE va à la NASAN, qui sape la production alimentaire durable, locale et à taille humaine. De récentes études ont révélé des cas d’accaparement des terres par des compagnies privées, cofinancées indirectement par l’UE. Si la NASAN ne remédie pas aux problèmes graves que nous observons, l’UE devra retirer son soutien à cette initiative ».

[i] Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Malawi, Mozambique, Nigéria, Sénégal, Tanzanie

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