Environnement Lançonnais

Connaissez-vous l’asticothérapie ?

samedi 17 décembre 2011 par Alain KALT (retranscription)

Il s’agit d’une méthode de désinfection des plaies, qui consiste à mettre des larves de mouche verte (lucilia sericata) dans les blessures.

Ces asticots ont l’étonnante propriété de ne manger que les tissus nécrosés (cellules mortes) tout en stimulant la production de tissus cicatriciels. C’est donc un moyen efficace de désinfecter les plaies sans utiliser d’antibiotiques, en particulier pour les souches bactériennes, de plus en plus nombreuses, qui résistent à nos plus puissants antibiotiques.

L’histoire de l’asticothérapie est passionnante, et elle est excessivement bien racontée sur Wikipédia (version française). C’est pourquoi je me permets aujourd’hui, exceptionnellement, de reprendre cet article quasiment in extenso, avec quelques modifications de forme pour en faciliter la lecture. [1]

On imagine souvent que l’asticothérapie n’est pratiquée que par des sorciers dans la jungle. En fait, s’il est vrai que les Indiens mayas et les aborigènes d’Australie connaissaient cette technique, elle était surtout utilisée en Europe depuis l’Antiquité, et jusqu’à la Renaissance.

Le père de la chirurgie moderne utilisait des asticots

En 1557, le célèbre médecin Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne, y avait encore recours lors du siège de Saint Quentin. Elle tomba ensuite en désuétude, mais des médecins l’ont redécouverte au 19e siècle, à l’occasion des guerres dans les climats tropicaux. Ainsi, le chirurgien général de Napoléon, Dominique Larrey, constate lors de la campagne d’Egypte, que des soldats retrouvés au bout de plusieurs jours sur les champs de bataille, avaient leurs blessures grouillant d’asticots. Des mouches vertes étaient venues y pondre, et les œufs avaient eu le temps d’éclore. Etonnamment, ces blessés guérissaient mieux ou plus rapidement que les autres !

« Détruisent les tissus morts, épargnent les parties saines »

Le docteur Joseph Jones, médecin en chef de l’armée confédérée (les « Sudistes ») lors de la guerre civile américaine, fit la même constatation : il affirme avoir « fréquemment vu les blessures négligées… grouillantes de larves (…) ces vers ne détruisent que les tissus morts, et épargnent les parties saines. »

J.F. Zacharias, autre officier médecin confédéré, serait le premier à avoir redéveloppé cette technique de soins, estimant lors de la guerre civile américaine que, ces « larves… en un seul jour nettoient une blessure bien mieux que tous les agents que nous avions à notre disposition. »

« Je suis sûr d’avoir sauvé beaucoup de vies par leur utilisation. » déclara-t-il plus tard. Ses patients traités avec des larves auraient effectivement bénéficié d’un taux élevé de survie. Il fallut cependant attendre la Première Guerre Mondiale pour que « l’asticothérapie » soit redécouverte sur le sol européen :

Le docteur William Baer, chirurgien orthopédique américain, rapporte le cas d’un soldat ayant passé plusieurs jours sur le champ de bataille sans soins, sans nourriture ni eau, exposé aux éléments, avec des fractures multiples ouvertes du fémur et de grandes blessures à l’abdomen et au scrotum. Quand il arriva à l’hôpital, il ne présentait pourtant aucun signe de fièvre malgré la nature sérieuse de ses blessures. Une fois ses vêtements enlevés, il s’est avéré que des « milliers et des milliers de larves avaient colonisé la totalité des parties blessées ». À la surprise du médecin, après que ces larves aient été enlevées « il n’y avait pratiquement aucun os visible, et la structure interne de l’os blessé comme les parties environnantes avaient pour la plupart été entièrement couvertes du plus beau tissu rose qu’on pouvait imaginer ».

L’âge d’or de l’asticothérapie

En 1929, à l’Université Johns-Hopkins, ce même docteur Baer pose des asticots dans les lésions ouvertes de 21 patients victimes d’ostéomyélite chronique, incurable par les moyens de l’époque. Il observe le nettoyage rapide des plaies, une réduction du nombre d’organismes pathogènes, une diminution de l’odeur des plaies, l’alcalinisation des plaies, et la guérison de la totalité des lésions des 21 patients qui sortent de l’hôpital après deux mois de cette thérapie. [2]

Après la publication en 1931 des résultats du docteur Baer, l’asticothérapie se répand aux États-Unis. La compagnie pharmaceutique Lederle produit et vend de grandes quantités de « larves chirurgicales », celles de la mouche verte.

De 1930 à 1940, plus de cent articles médicaux sont publiés sur l’asticothérapie, avec de nombreuses descriptions d’utilisation réussie, y compris pour des lésions chroniques ou gravement infectées (ostéomyélite, abcès, brûlures et mastoïdite subaiguë), encourageant plus de 300 hôpitaux américains à utiliser cette thérapie, jusqu’à ce que la découverte de la pénicilline, puis d’autres antibiotiques, ne fasse juger périmée cette technique.

Les asticots de Diên Biên Phu

En 1954, lors de la bataille de Diên Biên Phu, les services sanitaires français se retrouvent débordés par l’afflux de blessés qu’il est impossible d’évacuer du camp retranché assiégé. Une asticothérapie spontanée se mettra en place, venant pallier le manque de médicaments et soulageant les chirurgiens et les infirmiers d’une partie de leur tâche, ainsi que le rapporte le médecin-commandant Paul-Henri Grauwin dans son livre-témoignage J’étais médecin à Diên Biên Phu.

Le retour en grâce aujourd’hui

L’utilisation généralisée des antibiotiques a, en quelques décennies, provoqué l’apparition de souches bactériennes et fongiques nosocomiales (résistantes puis multi-résistantes aux antibiotiques).

En 1989, le Dr. Ronald Sherman, médecin de l’Université de Californie à Irvine, crée un service spécialisé dans le traitement par les asticots au Veterans Affairs Medical Center de Long Beach (Californie). Il y réalise la première épreuve clinique contrôlée utilisant des asticots pour soigner des ulcères de la colonne vertébrale chez des vétérans. Le succès de cette épreuve clinique chez des patients dont les traitements précédents avaient échoué a relancé l’intérêt de la communauté médicale pour cette thérapie. [3]

En quatre ans, plus de cinquante articles scientifiques ont décrit l’utilisation médicale d’asticots, portant sur 400 patients ayant fait l’objet d’études cliniques, parmi six mille traités et répertoriés (pour un éventuel suivi à long terme). Selon cette littérature médicale, 40% à 50% des membres ainsi traités ont été sauvés.

Plus de 3 000 médecins (de cliniques et d’hôpitaux) dans plus de 20 pays utilisent aujourd’hui cette technique, qui pourrait utilement se développer dans les pays où l’accès aux antibiotiques est difficile et/ou là où les souches de pathogènes nosocomiaux se développent. En 2003, environ 3 000 traitements ont été administrés à 6 000 à 10 000 patients.

Reconnaissance en France

L’asticot a été reconnu en France comme médicament en 2004. Une étude « en double aveugle » a été conduite en 2008 par le Docteur Anne Dompmartin à l’hôpital CHU de Caen où des asticots sont utilisés, enfermés dans un pansement spécial à humidifier 2 fois par jour (80 à 120 € l’unité, fourni par le laboratoire allemand BioMonde). Il n’est utilisé que pour les plaies infectées ou fibreuses, chez des patients volontaires. Ces asticots sont issus d’œufs désinfectés. 90 patients ont été traités au 4 avril 2008, sur 120 patients prévus dans le cadre de cette étude.

En résumé, les larves nécrophages, selon la littérature médicale :

- désinfectent la blessure en y tuant des bactéries

- stimulent la production de tissus cicatriciels

- nettoient les plaies d’une manière optimale (mieux que le chirurgien qui abîme des cellules vivantes, en curetant les plaies qu’il est obligé d’agrandir et de faire saigner). L’asticot peut travailler plusieurs dizaines d’heures, là où le chirurgien ne disposait que du temps que dure l’anesthésie, et dont l’œil, même expert, ne pouvait distinguer les cellules vivantes de celles fraîchement mortes. Les asticots sont précis et ne mangent que le tissu nécrosé et/ou infecté évitant ainsi le risque de gangrène (cause d’amputations) et de septicémies graves souvent mortelles.

Bien entendu, n’attendez pas que les médecins vous proposent spontanément cette thérapie la prochaine fois que vous ou quelqu’un de proche êtes hospitalisé pour une blessure qui s’est infectée. Mais il m’a semblé intéressant de rappeler que cette alternative existe. Car l’avantage décisif des asticots est qu’ils désinfectent les plaies et blessures même s’il s’agit de bactéries résistantes aux antibiotiques.

Vidéo en prime...

Je vous ai trouvé une épouvantable VIDEO d’asticothérapie : attention, ces images peuvent choquer les personnes sensibles et celles qui vont passer à table !! Suite à une infection du pied gauche causée par le diabète, Linda Frank s’est vu dire par plusieurs médecins en 2006 qu’il fallait lui amputer le pied. Effrayée a l’idée d’être amputée, elle a fait des recherches sur internet sur la thérapie par les asticots et a contacté le Dr Louis Bonavita du "CNY Family Care in East Syracuse" pour qu’il lui vienne en aide. L’Asticothérapie consiste en l’application d’asticots sur les plaies durant 1 à 2 jours. Durant ce temps, les larves de la mouche verte mangent les tissus nécrosés et laisse les tissus sain cicatriser sans utilisation d’antibiotiques. Après 20 séances d’asticothérapie, le pied de Linda était sauvé.

La vidéo se trouve ici : http://www.youtube.com/watch?v=1hTv...

Elle est en anglais mais les images sont très parlantes.

A votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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Sources :

[1] Si vous souhaitez lire l’article original, vous pouvez vous rendre sur :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Astico...

[2] Baer, W. S. (1931) : The treatment of chronic osteomyelitis with the maggot (larvae of the blowfly). Journal of Bone and Joint Surgery 13 : 438-475.

[3] Sherman, R.A. & Pechter, E.A. (1988) : Maggot Therapy : A review of the therapeutic applications of fly larvae in human medicine, especially for treating osteomyelitis. Medical and Veterinary Entomology 2(3) : 225-230.

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