Environnement Lançonnais

Air intérieur : mieux vaut être vieux retraité que jeune écolier

lundi 27 juillet 2015 par Alain KALT (retranscription)

Le 12 mars 2015 par Romain Loury

En matière de qualité de l’air, les écoliers de l’Union européenne (UE) sont bien mal lotis, révèlent de premiers résultats du projet Sinphonie rendus publics mercredi 11 mars. Nombre d’entre eux sont exposés à plusieurs polluants bien au-delà des normes, au risque d’engendrer des problèmes respiratoires, voire des troubles de la concentration.

Si l’école est avant tout un lieu où l’on apprend, il est accessoirement celui où les poumons en prennent un sacré coup. C’est ce que révèle le projet Sinphonie, financé par la Commission européenne, et dont les premiers résultats, pour l’instant assez bruts, ont été publiés mercredi 11 mars. Ils n’ont pas moins inquiétants.

Prenons le cas des particules fines (PM2,5). Parmi les 114 écoles évaluées, réparties entre 23 pays européens, la valeur médiane, au-dessus de laquelle se situent 50% des établissements, est de 37 µg/m3 d’air. Bilan : 85% des 5.175 écoliers respirent un air dont la teneur en PM2,5 dépasse le seuil de 10 µg/m3, fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’exposition à long terme, et 65% celui de 25 µg/m3 -pour l’exposition à court terme.

Tout aussi préoccupant, environ 50% des enfants sont au-dessus du seuil de 100 Becquerel/m3 pour le radon, presque 25% dépassent celui de 5 µg/m3 pour le benzène, et plus de 60% celui de 10 µg/m3 pour le formaldéhyde. Le taux médian de CO2 est de 1.257 ppm, alors que l’OMS conseille de ne pas dépasser la valeur de 1.000 ppm.

Ventilation insuffisante pour 86% des enfants

Pour 86% des enfants, le taux de ventilation est inférieur à la valeur recommandée de 4 litres/seconde, phénomène aggravé par un fréquent manque de place. Quant aux retombées sanitaires, les chercheurs évoquent des crises d’asthme (3,6% des enfants en ont déjà subi une à l’école), ainsi que des irritations nasales et cutanées, des maux de tête, d’autant plus fréquents dans les écoles les plus polluées.

Interrogée par le JDLE, l’une des coordinatrices de Sinphonie, Isabella Annesi-Maesano, de l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (UMR-S 1136, Inserm/université Pierre-et-Marie-Curie, Paris), indique que ces résultats sont en cours d’analyse, notamment afin de mieux connaître les liens entre qualité de l’air intérieur d’une part, problèmes sanitaires et troubles de l’apprentissage d’autre part. Pour ce dernier aspect, « plusieurs études ont mis en évidence un lien dans ce sens », explique-t-elle.

Si les documents publiés par la Commission européenne ne livrent pas de détails pays par pays, Isabella Annesi-Maesano indique que c’est en Suède, et dans les pays nordiques en général, que l’on trouve les meilleurs résultats, tandis que l’Europe centrale et de l’est, ainsi que celle du sud, obtiennent les plus mauvais. La France ? « Elle se situe au milieu », constate la chercheuse.

Les personnes âgées plus vulnérables

Hasard du calendrier, une autre étude européenne, dénommée Gerie, a livré ses premiers résultats ce jeudi 12 mars, cette fois-ci sur la qualité de l’air dans les maisons de retraite de 7 pays européens. Publiée dans le l’European Respiratory Journal, elle révèle, contrairement à Sinphonie, que ces établissements, du moins en moyenne, respectent les normes de qualité de l’air, à l’exception des PM10 -29,8 µg/m3, au lieu de 25 µg/m3.

Là aussi, c’est la Suède qui s’en sort le mieux, tandis que la France se situe, une fois encore, au milieu du peloton, explique Isabella Annesi-Maesano, là aussi co-auteure de l’étude. Pourtant, les chercheurs observent plusieurs effets sanitaires -essoufflement, toux, sifflements dans la poitrine, bronchopneumopathie chronique obstructive- dès que la qualité de l’air diminue, même lorsque les normes sont respectées. Un effet qui était encore plus marqué après 80 ans, et dans les foyers les moins ventilés.

« Les personnes âgées constituent une population plus susceptibles, pour des raisons biologiques, dont le vieillissement, qu’il soit normal ou pathologique », explique la chercheure. Cette situation les rend encore plus sensible à la qualité de l’air, du fait qu’ils sont souvent confinés à l’intérieur, parfois au lit.

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