Trump aura du mal à stopper la décarbonation US
Trump aura du mal à stopper la décarbonation US
Le 09 décembre 2016 par Valéry Laramée de Tannenberg
Malgré ses rodomontades et la nomination d’un climato-sceptique à la tête de l’EPA, le président-élu des Etats-Unis peinera à mettre à bas la politique énergétique américaine.
« Nous allons mettre fin à l’intrusion de l’EPA dans vos vies », a tonné Donald Trump, jeudi 8 décembre, lors d’un de ses meetings de remerciement. Un peu plus d’un mois avant sa prise de fonction, le futur 45e président des Etats-Unis a de nouveau promis un air et de l’eau propres et une législation environnementale plus light. « Les réglementations seront réduites à une fraction de ce qu’elles sont aujourd’hui, et l’environnement sera mieux protégé », a lancé le milliardaire new-yorkais.
C’est désormais officiel : l’un des chevaux de bataille de la prochaine administration sera bien de détricoter le corpus juridique environnemental tissé, 8 années durant, par Barack Obama. La première cible de Scott Pruitt, futur patron de l’agence fédérale de protection de l’environnement (EPA), sera sans nul doute le Clean Power Plan, projet de législation fédérale qui prévoit, à terme, d’interdire les centrales électriques au charbon, sources de pollutions locales (mercure, poussières) et globales (climat).
Plus de charbon
Durant sa campagne, Donald Trump n’a cessé d’aller chercher les voix des mineurs de charbon. Avec le slogan « je veux beaucoup plus de charbon », le trublion du parti républicain a conquis la majorité des suffrages dans 4 des 5 principaux Etats charbonniers. Pour autant, l’administration Trump aura-t-elle vraiment la possibilité de relancer la production américaine de houille et d’anthracite ? On peut en douter.
Gueules noires en disparition
D’une part, les principaux producteurs sont en faillite ou ne valent guère mieux. Estimé à 66.000 en 2015, jamais le nombre de gueules noires n’a été aussi faible en 125 ans. De plus, les clients commencent à manquer. La quasi-totalité du charbon US est consommé par les chaudières de centrales thermiques à flamme. Or les électriciens ont perdu leur appétit. En 2005, le tiers de l’électricité américaine était produite pas des centrales au charbon, qui consommaient près d’un milliard de tonnes de minerai.
Anticipation d’une régulation
L’an passé, le parc au charbon a injecté le quart du courant consommé outre-Atlantique et n’a plus englouti ‘que’ 740 millions de tonnes de poussières noires : un tiers de moins qu’en 2005. La faute au boom du gaz (initié et alimenté par l’exploitation des gaz non conventionnels) mais aussi à l’anticipation des grands patrons du secteur. « Clean Power Plan ou pas, il y aura forcément un texte qui régulera les émissions carbonées », affirmait Nicholas Akins, patron de l’électricien AEP, il y a quelques jours au New York Times.
Boom des énergies renouvelables
Raison pour laquelle, en plus des centrales à gaz, les énergéticiens de l’Oncle Sam ont massivement investi dans les énergies renouvelables. En 2015, on comptait plus de 72 gigawatts (GW) éoliens installés et 13,6 GW solaires : une multiplication par 9 de la puissance éolienne en 10 ans et par 25 des capacités solaires (photovoltaïque et thermodynamique). Aujourd’hui, les énergies décarbonées produisent 28% du courant : 7 points de mieux qu’en 2005.
Les consommateurs ont aussi changé leur point de vue. Hier, les industriels ne juraient que par le mégawattheure (MWh) le moins cher. Lors de la COP 22, des dizaines de multinationales américaines ou massivement implantées aux Etats-Unis ont indiqué ne plus vouloir consommer autre chose que du courant vert dans les prochaines années.
Réunis par l’association RE 100, 83 groupes industriels, parmi lesquelles Ikea, Apple, BMW, Coca-Cola, Crédit Agricole, General Motors ou La Poste, se sont ainsi engagés. De quoi doper la demande d’électrons verts de plus de 100 térawattheures (TWh) par an : le quart de la consommation française annuelle ! Pas plus ces poids lourds que Google, dont 94% de l’électricité consommée est d’origine éolienne, ne reviendront en arrière. Trump ou pas Trump.
Alain KALT (retranscription)
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