Note d’analyse 215 du Centre d’Analyse Stratégique Gouvernemental - Les gaz non conventionnels
Une révolution énergétique nord-américaine non sans conséquences pour l’Europe (mars 2011)
Conclusion de la note :
Les enjeux liés à la nouvelle ressource énergétique que sont les GNC sont importants, pour toutes les régions du globe. Aux États- Unis, le retour en force du gaz, principalement pour la production d’électricité, se fait au détriment du charbon ce qui constitue un gain environnemental en matière de lutte contre les changements climatiques mais également du nucléaire dont la renaissance annoncée dans ce pays se voit ainsi différée, remettant par exemple en cause des projets comme ceux d’EDF outre-Atlantique. Les flux de gaz naturel liquéfié, initialement destinés aux États-Unis, sont redirigés vers l’Europe ou l’Asie, maintenant des prix spots qui vont rester vraisemblablement bas de manière durable. Les conséquences ne sont pas encore visibles, mais engendreront, comme aux États-Unis, une redistribution des cartes du jeu énergétique en diminuant la valeur des actifs nucléaires ou charbonniers et en rendant les énergies renouvelables moins économiquement compétitives. Les conséquences sur les émissions de gaz à effet de serre restent à évaluer : le gaz émet moins de CO2 que les autres combustibles fossiles lors de sa combustion mais, au total, plus d’hydrocarbures se retrouveront sous forme de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Des ressources en GNC existent sur notre continent, dont le potentiel et les conditions économiques et environnementales d’extraction sont encore mal connus. La Chine a annoncé clairement sa volonté d’exploiter les ressources existant dans son sous-sol. Les grands pays producteurs, en particulier la Russie, pourraient voir leur position se fragiliser à long terme ; à plus court terme, l’excès de gaz présent sur les marchés amène à redessiner de nouveaux équilibres contractuels. Mais des facteurs existent qui peuvent hypothéquer le développement des gaz non conventionnels : les grandes quantités d’eau nécessaires à l’extraction de ce gaz, certains produits chimiques injectés dans le sol pouvant potentiellement contaminer les nappes phréatiques et la proximité des puits de forage par rapport aux zones d’habitation, qui rend leur acceptabilité difficile, particulièrement en Europe. L’enjeu majeur pour certains est lié aux nuisances induites par des chantiers un peu plus lourds que dans le cadre d’une exploitation plus classique – sites de forage sur une superficie plus grande (2 à 2,5 hectares au lieu de 1 hectare) et sur une durée plus longue (6 à 18 mois contre 1 à 3 mois). Par ailleurs, l’extraction et la combustion du gaz (qu’il soit conventionnel ou non) engendrent des émissions de gaz à effet de serre qui sont loin d’être négligeables et qui doivent être intégrées aux objectifs fixés par les plans de lutte contre le changement climatique. En France, toutes les analyses et prévisions sont donc suspendues aux conclusions des études en cours et au degré d’acceptabilité des GNC par le public, et seraient bien sûr remises en cause s’il n’était pas possible d’apporter la preuve de l’innocuité vis-à-vis de l’environnement, en particulier des nappes phréatiques, de l’exploitation des GNC. Au plan mondial, si de telles études se révèlent concluantes, et si l’ampleur des ressources exploitables est à la hauteur des prévisions les plus optimistes, il faut s’attendre à ce que le gaz, énergie souple et bien adaptée aux différents usages, redessine en profondeur et pour quelque temps les paysages énergétiques.
Alain KALT (retranscription)
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