Le pétrole a pratiquement disparu de la surface du golfe du Mexique
28 juillet 2010 Le pétrole a pratiquement disparu de la surface du golfe du Mexique Sous la surface, l’impact de la marée noire reste « trouble », selon le New York Times.
Les nappes de pétrole au large de la Louisiane paraissent se dissoudre beaucoup plus vite que prévu. « Une bonne nouvelle qui soulève des questions nouvelles délicates », souligne le New York Times dans une enquête publiée en ‘une’ le 28 juillet.
Les taches de pétrole « qui couvraient des centaines de miles carrés » à la surface du golfe du Mexique « ont largement disparu », ont pu vérifier sur place les reporteurs du quotidien américain de référence.
Une question double demeure : quelle quantité de pétrole reste-t-il sous la surface, et quel sera son impact ? « Le problème devrait occuper les scientifiques pendant des années », se contente de noter prudemment le New York Times.
40 % du brut se serait tout bonnement évaporé, avance un scientifique qui travaille pour une association écologiste, et que cite le journal new-yorkais (on se souvient de cette vidéo montrant vraisemblablement une pluie d’hydrocarbures tombée fin juin sur la côte).
Mais surtout, un « pourcentage inconnu » du pétrole a amélioré grandement l’ordinaire des bactéries qui peuplent les eaux chaudes du golfe du Mexique. En effet, le pétrole est un ‘hydrocarbure’, c’est-à-dire de l’eau et du carbone, comme le nom l’indique. Or le carbone, c’est le nutriment premier de presque toutes les espèces vivantes, et en particulier des micro-organismes marins.
[… c’est une vérité que certains écologistes ont du mal à assumer : bien souvent, les marées noires représentent des pollutions sans impact durable. Mécaniquement, elles engluent et tuent beaucoup d’oiseaux marins pendant quelques semaines. Mais chimiquement, leurs conséquences sont la plupart du temps peu profondes, ou en tout cas passagères, si on les rapporte à l’échelle écologique du temps. Les marées noires agissent même souvent comme un coup d’engrais dont profite toute la chaîne alimentaire : des pêcheurs bretons ont pu témoigner qu’ils n’avaient jamais vu des crustacés aussi beaux qu’après l’Amaco Cadix, la pire marée noire qui ait jamais eu lieu en France. La vraie pollution que génère les hydrocarbures, durable, pernicieuse, étouffante, ce n’est pas celle-là : c’est sont les mégapoles asphyxiées, et c’est le réchauffement probable de l’atmosphère.]
Cela dit, « le poison, c’est la dose ».
L’amiral en retraite américain Thad Allen, responsable de la lutte contre la marée noire du golfe du Mexique, prévient : « Il nous faut tous comprendre que dans l’histoire de ce pays au moins (les Etats-Unis), nous n’avons jamais autant déversé de pétrole dans la mer. Et il faut prendre ça très au sérieux. »
L’impact des dispersants que BP a répandus sur des centaines de kilomètres carrés suscite des craintes.
Ces solvants chimiques ont sans doute joué leur part dans la rapidité surprenante avec laquelle les nappes de brut ont été dispersées. Or les médias présents sur place ignorent encore à quelle quantité de dispersants BP a eu recours.
Le New York Times rapporte que les pêcheurs de Louisiane redoutent les effets des dispersants, « en particulier sur les larves de crevettes et de crabes dont dépend leur prochaine saison de pêche ». Et peut-être qu’on sera aussi fixés un jour sur le sort des espèces marines dépourvues de valeur économique.
[Pendant ce temps, tout se passe comme si la presse découvrait que les marées noires sont presque quotidiennes dans l‘industrie du pétrole.]
Alain KALT (retranscription)
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