Gaz de schiste : l’OPECST rallume la flamme
L’Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST) a annoncé jeudi dernier l’adoption de l’étude de faisabilité d’un rapport consacré aux techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels. Autrement dit, les membres de l’OPECST ont décidé à l’unanimité de mener une étude qui vise à évaluer les alternatives potentielles à la fracturation hydraulique pour l’exploitation des gaz de schiste.
Le travail préliminaire a été réalisé par le député M. Christian Bataille, (Nord, SRC), et le sénateur M. Jean-Claude Lenoir, (Orne, UMP), confirmant ainsi l’intérêt de la saisine de la commission des affaires économiques du Sénat.
"La fracturation hydraulique, interdite par la loi du 13 juillet 2011 pour l’exploration et l’exploitation des mines d’hydrocarbures, est une technique ancienne qui évolue aujourd’hui rapidement sous l’effet de considérations environnementales de plus en plus partagées" a indiqué l’OPECST dans un communiqué.
Et d’ajouter : "Des voies d’amélioration de cette technique existent, dans le sens d’une moindre consommation d’eau et d’une moindre utilisation de produits chimiques (...) Parmi les autres techniques susceptibles d’être employées, la stimulation au propane, déjà pratiquée en Amérique du Nord, mérite l’examen. D’autres technologies sont envisagées en recherche et susceptibles d’aboutir à des applications d’ici à une dizaine d’années."
Les rapporteurs, qui souhaitent explorer l’ensemble de ces pistes, ainsi que leurs implications économiques, proposent d’inscrire leur étude dans un calendrier qui lui permettrait d’apporter une contribution au débat national sur la transition énergétique. Un rapport d’étape est envisagé au printemps prochain, puis un rapport final à l’automne.
Calendrier proposé pour l’étude :
Février-Mai 2013 : réalisation d’auditions par les rapporteurs (pouvoirs publics, entreprises, associations environnementales), consultation des partenaires sociaux
Avril 2013 : audition ouverte à la presse en salle Lamartine (Assemblée nationale)
Printemps 2013 : examen par l’Office d’un rapport d’étape
Juin à septembre 2013 : déplacements à l’étranger
Automne 2013 : examen par l’Office du rapport final.
Colère de Jean-François Placé
Dans une interview au Figaro, le sénateur vert - président du groupe Europe Écologie Les Verts (EELV) - a rappelé que l’interdiction de toute exploitation des gaz de schiste était à la base de l’alliance politique des Verts avec la Majorité. A la question de savoir si la présence des ministres EELV pourrait être en jeu, il a affirmé que "l’exploitation des gaz de schistes est une ligne rouge. Si elle était franchie, notre participation au gouvernement serait remise en cause."
Grogne des associations
France Nature Environnement (FNE) a tenu à rappeler que, "quelque soit la technique, il s’agit de rendre poreux un milieu, la roche mère, qui ne l’est pas, ce qui présente des risques avéré de pollution des milieux et des nappes phréatiques et de l’atmosphère. Par ailleurs, au-delà du débat sur la technique d’extraction, il s’agit encore d’extraire des énergies fossiles qui contribueraient au réchauffement climatique déjà hors de controle."
"Récupérons déjà les gaz gaspillés par torchage, méthanisons nos eaux usées, mettons en place une vraie sobriété de notre société etréservons ce pétrole immature aux générations suivantes" a dit Benoit Hartmann porte parole de FNE.
Même son de cloche chez Greenpeace
"Quelle que soit la technique utilisée, il est aberrant de se lancer aujourd’hui dans l’exploitation d’une nouvelle ressource fossile", a commenté Anne Valette, chargée de campagne Climat pour Greenpeace France. "La réduction des émissions de gaz à effet de serre est bien le défi principal que le monde doit relever. Le dérèglement climatique a déjà des conséquences visibles et désastreuses, se lancer dans l’exploitation des gaz de schistes aujourd’hui revient à faire un bras d’honneur à tous les processus de lutte contre le dérèglement climatique dans laquelle la France est engagée."
"Il ne faut pas se leurrer, le lobby industriel est en train de gagner la bataille", a ajouté Anne Valette. "Aujourd’hui l’idée que la France est assise sur une mine d’or a été bien répandue et dans le contexte de crise actuel tout le monde a envie d’y croire. Malheureusement personne ne se préoccupe des conséquences catastrophiques de l’exploitation des énergies fossiles. A-t-on déjà mis en balance les gains associés aux gaz de schistes et les coûts des changements climatiques ? Le gouvernement compte des ministres écologistes, il faut absolument qu’ils se fassent entendre là-dessus !"
L’échec des actions contre les changements climatiques coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1.200 milliards de dollars par an et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années, selon un rapport révélé 25 septembre aux États-Unis, par le DARA and Climate Vulnerable Forum.
Alain KALT (retranscription)
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