Qui veut des réfugiés climatiques ?
Le 27 novembre 2013 par Valéry Laramée de Tannenberg
Aux Salomon, le niveau de la mer peut monter de 8mm/an.
Alors que la menace climatique se fait sentir dans le Pacifique, les îliens cherchent des refuges pour échapper, notamment, à la montée du niveau de l’océan. La justice néo-zélandaise vient de refuser le statut de réfugié climatique à un immigré des Kiribatis. Et les gouvernements des autres pays de la région ne se bousculent pas pour accueillir leurs voisins.
La menace climatique se précise dans le Pacifique. D’ici 2050, certaines régions pourraient voir la température moyenne progresser de 3°C par rapport à la fin du XXe siècle.
Ce bouleversement devrait sensiblement réduire la productivité des cultures de patates douces, de maïs et de canne à sucre. Selon les variétés et les régions, les prises de thonidés pourraient diminuer de 10% à 30%. Les infrastructures touristiques des îles, souvent paradisiaques, subiront les assauts de la montée du niveau de l’océan : jusqu’à 8 millimètres par an, soit trois fois plus que la moyenne mondiale.
Chute du PIB régional
Toutes ces conséquences du changement climatique se paieront cash. Un rapport, publié en début de semaine par la banque asiatique de développement, estime une chute du PIB régional de 4,6% d’ici la fin du siècle, si rien n’est entrepris pour faciliter l’adaptation des archipels les plus vulnérables.
Mais comment s’adapter quand son île culmine à quelques mètres au dessus de la surface de l’eau ? En 2009, à quelques semaines de l’ouverture de la conférence climatique de Copenhague, le gouvernement des Maldives avait symboliquement organisé un conseil des ministres sous-marin pour rappeler à la communauté internationale l’urgence de la lutte contre la montée des eaux.
Constatant l’inaction internationale, nombre d’îliens sont désormais tentés d’émigrer. Le président des Kiribati a récemment annoncé son intention d’acquérir 3.000 hectares de terres agricoles, dans les îles Fiji. Officiellement pour sécuriser l’approvisionnement en produits frais.
Où partir ?
Comptant près d’un millier d’îles, l’archipel des Salomon est l’un des plus menacés par la montée du niveau de la mer. S’étendant sur 1.400 kilomètres carrés, l’atoll d’Ontong Java abrite un peu plus de 3.000 habitants sur 12 km2 de terres émergées, dont le point culminant est inférieur à 12 mètres.
Comme le révèle un reportage de Catherine Wilson, diffusé par la fondation Thomson Reuters, ces Salomoniens veulent quitter leur îlot pour Malaita. D’une superficie de 4.225 km2, cette grande île n’est que peu densément peuplée : moins de 40 habitants/ km2.
Problème : 87% des terres appartiennent aux clans ou aux familles. Et les ventes sont rarissimes et coûteuses. De plus, les mouvements de population ont laissé de mauvais souvenirs aux Salomoniens. La genèse des « Tensions », qui ont agité l’archipel au début du siècle, est attribuée à l’émigration de Malaitans sur l’île « voisine » de Guadalcanal. Il aura fallu l’intervention d’un contingent multinational pour éviter la guerre civile.
Dans le Pacifique Sud, près de 2 millions d’îliens seraient dans une situation comparable à celle des habitants d’Ontong Java. Et cherchent des points de chute. A l’évidence, ce n’est pas en Nouvelle-Zélande qu’ils les trouveront. Mardi 26 novembre, la Haute Cour d’Auckland a refusé à Ioane Teitiota, un immigrant des Kiribati, le statut de « réfugié climatique ». A l’appui de leur décision, les magistrats expliquent que ce concept n’existe pas dans la Convention relative au statut des réfugiés de 1951.
Sans nier que l’archipel est en train de sombrer, les juges estiment que le prévenu ne subira aucune persécution s’il retourne dans son île. Après six ans de présence en Nouvelle-Zélande (où il est devenu père à trois reprises), Ioane Teitiota devrait prochainement être expulsé.
Alain KALT (retranscription)
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