Environnement Lançonnais

EDF : La petite phrase qui valait 3,8 milliards

mardi 1er juillet 2014 par Alain KALT (retranscription)

Ségolène Royal (CC BY 2.0)C’est un peu comme les jeunes enfants lorsqu’ils éprouvent pour la première fois ce sentiment de toute-puissance en découvrant qu’ils peuvent écraser une fourmi entre leurs doigts. On devine que certains hommes politiques sont grisés lorsqu’ils prennent conscience de la puissance de leur verbe.

A cette aune, Ségolène Royal a dû faire des jaloux. Ses mots peuvent déplacer des milliards d’euros en un rien de temps !

Invitée de BFMTV jeudi 19 juin, la ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a annoncé qu’il n’y aurait pas de hausse des tarifs d’EDF le 1er août. Elle l’a fait à sa manière, royale : « J’efface la hausse de 5 %. »

Il se trouve qu’EDF est coté en Bourse. Ces quelques mots se sont traduits en un effondrement de l’action. Le titre du groupe énergétique a perdu jusqu’à 12 % en milieu de journée. 5,9 milliards d’euros se sont ainsi volatilisés.

En catastrophe, Matignon a fait savoir qu’une hausse modérée des tarifs réglementés de l’électricité interviendrait à l’automne. L’action EDF a terminé en baisse de 7,7 %, à 24,60 euros. La valeur d’EDF a donc perdu « seulement » 3,8 milliards d’euros dans la journée.

Les yo-yo et les zozos

Il ne s’agit pas de pleurer sur une phrase qui serait contraire aux intérêts des actionnaires d’une entreprise. L’Etat, qui détient 84,5 % du capital d’EDF, est libre d’arbitrer entre son intérêt d’actionnaire et ses choix de politique économique, même si, pour cela, il aurait peut-être mieux valu ne pas coter ce quasi-monopole public en Bourse.

Les actionnaires minoritaires d’EDF savent où ils ont mis les pieds. Ils ne s’étaient d’ailleurs pas plaints lorsque le gouvernement Ayrault avait annoncé, le 9 juillet 2013, que pour rattraper leur retard, les tarifs de l’électricité augmenteraient de 5 % le 1er août 2013 et de 5 % le 1er août 2014. L’action EDF s’était alors envolée de 9,3 % en une séance.

Plus que les yo-yo boursiers, ce sont ces yo-yo de la parole gouvernementale qui donnent des airs de zozos aux ministres. Le problème était le même sous le mandat de Nicolas Sarkozy.

Bafouer l’Etat de droit

Les ministres préfèrent toujours s’opposer à une hausse des tarifs du gaz ou de l’électricité proposée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Surtout quand le chômage grimpe.

C’est bien pour éviter ce piège politique qu’une formule de calcul des prix avait été arrêtée et confiée à la CRE. Mme Royal souhaite réformer le mode de calcul. Elle en a le droit, et c’est peut-être même souhaitable.

Mais vouloir changer la calculette à chaque fois qu’elle donne un résultat déplaisant n’est pas sérieux. Surtout lorsque, en attendant de s’entendre sur une nouvelle équation, on s’assied sur les décisions du Conseil d’Etat.

Quitte à bafouer l’Etat de droit, autant en profiter pour renflouer les caisses. Avec quelques ventes à découvert en Bourse, Mme Royal aurait trouvé les milliards nécessaires au financement de la transition énergétique.

Un délit (d’initié), certes, mais pour la bonne cause.

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