Environnement Lançonnais

La Commission européenne propose une interdiction totale des trois néonicotinoïdes

mercredi 28 juin 2017 par Alain KALT (retranscription)

La Commission européenne propose une interdiction totale des trois néonicotinoïdes sous moratoire depuis 2013, sauf pour une utilisation sous serre. Un succès pour plusieurs associations, qui demandent que l’ensemble des pesticides fassent l’objet d’un examen aussi critique.

C’est peut-être le début de la fin pour ces insecticides les plus utilisés au monde, accusés de précipiter le déclin des pollinisateurs. Depuis fin 2013, trois d’entre eux parmi les cinq actuellement autorisés dans l’UE, à savoir l’imidaclopride (Gaucho) et la clothianidine (Cheyenne) de Bayer, le thiamétoxame (Cruiser) de BASF, font l’objet d’un moratoire partiel.

Parmi les usages interdits par ce moratoire, initialement de deux ans, le traitement des semences et des sols pour les cultures attractives pour les abeilles (sauf cultures sous serre et céréales d’hiver), le traitement foliaire de ces cultures (hormis culture sous serre ou après floraison).

Dans le cadre de ce moratoire, Bruxelles a demandé aux fabricants d’adresser de nouvelles données à l’autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Ces études n’ont pas convaincu l’agence parmesane, qui, lors d’avis publiés en 2016, a estimé que des risques élevés ne pouvaient être écartés pour les pollinisateurs.

Un projet d’interdiction voté en mai

C’est sur la base de ces travaux que la Commission, dans des projets de règlement émis jeudi 23 mars, propose l’interdiction pure et simple de ces trois produits, à l’exception de l’utilisation sous serre. Ces textes seront soumis au vote des représentants des Etats membres de l’UE, probablement en mai. Pour qu’ils soient adoptés, la Commission doit obtenir une majorité qualifiée, à savoir au moins 55% des Etats-membres représentant au moins 65% de la population de l’UE. Les chiffres de mortalité des abeilles livrés par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) sont-ils biaisés ? Selon elle, les pesticides ne seraient liés qu’à 6,6% des cas de mortalité, chiffre relayé par les partisans de ces produits pour en relativiser l’impact. Or ce chiffre constituerait une très grossière sous-estimation, a estimé jeudi 23 mars l’Union nationale de l’apiculture française (Unaf). En cause, de nombreux biais de déclaration, certaines régions très apicoles ne livrant pas de résultats de mortalité, et la rareté des analyses toxicologiques suite aux épisodes de mortalité.

Pour Martin Dermine, coordinateur du projet pollinisateurs au Pesticide Action Network (PAN Europe), « cette proposition de la Commission est une première étape vers la reconnaissance du combat mené par les écologistes et les apiculteurs. Les éléments scientifiques prouvant la toxicité de ces substances sont si nombreux qu’il n’y a aucune raison qu’elles demeurent sur le marché ».

Même écho chez Greenpeace Europe, dont la chargée du dossier alimentation, Franziska Achterberg, estime que « c’est une grande nouvelle pour les abeilles et l’environnement ». « Les gouvernements doivent désormais mettre fin à cette exception pour les serres et éliminer ces produits chimiques une fois pour toutes, ajoute-t-elle. Malheureusement d’autres produits similaires continueront à être autorisés. L’UE doit appliquer des procédures aussi strictes pour tous les pesticides et soutenir la transition vers des méthodes écologiques de contrôle des ravageurs ».

Le moratoire sans effet sur les ventes

Effet collatéral du moratoire de 2013, l’utilisation des néonicotinoïdes n’a pas diminué en France : elle a même augmenté de 31% en 2014 (première année du moratoire), les agriculteurs se reportant sur le thiaclopride et l’acétamipride, non concernés par cette mesure. Ceux-ci demeurent d’ailleurs, pour l’instant, non visés par le projet européen d’interdiction totale.

En France, la loi biodiversité promulguée en août 2016 prévoit l’interdiction des néonicotinoïdes dès le 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu’au 1er juillet 2020 en l’absence d’alternatives aussi efficaces. Chargée d’évaluer ces méthodes, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a rendu le premier volet de ce travail mercredi 22 mars, exposant sa méthode de comparaison.

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