Environnement Lançonnais

Les Etats généraux de l’alimentation se concluent sur une note amère

dimanche 28 janvier 2018 par Alain KALT (retranscription)

Le 21 décembre 2017 par Stéphanie Senet

A l’issue de 5 mois de travaux, les Etats généraux de l’alimentation ont officiellement été clôturés, ce 21 décembre, par quelques annonces timides en faveur d’une transition écologique de l’agriculture.

L’absence de Nicolas Hulot a sérieusement assombri le grand raout organisé par le gouvernement à Bercy. Justifiée par « un problème d’agenda », elle pourrait aussi exprimer la colère des défenseurs de l’environnement face aux annonces davantage tournées vers les prix que vers la qualité des produits.

Revente et promotions limitées

Première d’entre elles, le gouvernement va imposer aux distributeurs un seuil de revente à perte de 10%. Autrement dit, toute denrée alimentaire devra être vendue au moins au prix où elle a été achetée, majoré de 10%. Cette mesure ouvrira le projet de loi sur l’alimentation que l’exécutif entend faire adopter au premier semestre 2018 par voie d’ordonnances.

Autre mesure visant à limiter la guerre des bas prix : les grandes surfaces ne pourront pas réaliser des promotions supérieures à 34% du prix normal ni au-delà de 25% du volume annuel vendu. Ces deux dispositions ne seront pas imposées tout de suite. Elles seront d’abord expérimentées pendant deux ans pour s’assurer que la valeur dégagée soit effectivement reversée aux producteurs.

La bio aux calendes grecques

Sur le plan environnemental, le gouvernement s’est contenté de sortir de vieilles recettes –qui ont déjà prouvé leur inefficacité. A commencer par un nouveau plan Ambition Bio, présenté au premier trimestre 2018, avec un énième objectif visant 15% de la surface agricole utile (SAU) en 2022 et 30% en 2030.

Dernier en date, le plan Ambition Bio 2017 de l’ancien ministre de l’agriculture Stéphane Le Foll visait à doubler les surfaces cultivées en bio en 5 ans, pour passer de 4% à 8% de la SAU fin 2017. Résultat : celle-ci dépasse à peine 5% fin 2016 selon le bilan publié en mai par l’Agence bio. Une stratégie doit s’accompagner de moyens. Et le gouvernement Philippe a annoncé en septembre la suppression des aides au maintien à la bio versées par l’Etat. "Des solutions de fincancements devront être trouvés", ont réagi les professionels de la bio, regroupés au sein de la FNAB, du Synabio ou de l’Agence Bio.

Restent les engagements volontaires que prendront les différentes filières en faveur de la bio et un objectif de 50% de produits bio, locaux ou de qualité dans les cantines publiques en 2022.

Phyto for ever ?

Pour réduire l’usage des pesticides, un nouveau plan Ecophyto (le troisième !) sera publié. Loin d’avoir réussi à infléchir la courbe de 50%, le premier plan s’était, pour mémoire, conclu fin 2014 par une hausse moyenne de 5% par an en nombre de doses unité (Nodu). « Il faut une obligation de résultats sur le plan de réduction des phytosanitaires, c’est-à-dire que les porteurs de projets soient redevables de leurs résultats. Il faut aussi des actions et des moyens pour les mettre en œuvre », met en garde Arnaud Gauffier, responsable Agriculture au WWF.

Le projet de loi comportera aussi un article instituant une séparation entre le conseil et la vente de pesticides dans les coopératives, et renforcera les sanctions lors d’infractions au bien-être animal.

Un nouveau plan Nutrition-Santé est également annoncé pour lutter contre le surpoids qui affecte la moitié des adultes du pays.

Autant de gaspillage

Pour lutter contre le gaspillage alimentaire, le gouvernement s’est contenté d’annoncer que les dons alimentaires devront être inclus dans la politique RSE des entreprises. Alors qu’elle avait été plébiscitée lors de l’atelier, l’extension de l’obligation de signer une convention de dons (prévue par la loi Garot pour la grande distribution) à la restauration collective et à l’industrie agro-alimentaire n’a finalement pas été retenue. Même flop pour le doggy bag obligatoire. "Le débat doit se poursuivre. Il ne sera pas tranché aujourd’hui", a conclu Edouard Philippe.

Last but not least, il faudra attendre encore un peu pour connaître les financements réellement alloués à cette réforme. Une enveloppe de 5 milliards d’euros avait été annoncée, mais les arbitrages ne seront pas rendus avant 2018, « après avoir analysé la trentaine de plans-filières qui ont été remis au gouvernement ». Autant d’annonces qui laissent les ONG sur leur faim.

"Annonces de forme"

France Nature Environnement refuse que la clôture des Etats généraux "s’arrête à de simples annonces de forme". "Le projet de loi est déconnecté par rapport à la seconde phase des Etats généraux, qui portaient sur des attentes sociétales et environnementales, car il n’intègre pas ses recommandations. L’eau, le changement climatique et le foncier sont de grands oubliés", déplore de son côté le WWF.

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